Lettre ouverte à mon banquier

Monsieur,

Cela fait maintenant 6 mois que vous m’avez confisqué ma carte bleue en échange d’une espèce de bout de plastique d’un bleu turquoise dégueulasse destiné aux moins de 18 ans qui n’autorise pas le découvert et qui ne passe pas dans tous les lecteurs.

6 mois depuis ce sombre jour, où vous avez ôté la vie de ma meilleure amie, celle qui m’accompagne tous les jours depuis ma majorité, celle qui m’accompagne pour faire mes courses, et qui est présente quand je déjeune le midi.

Sachez qu’en prenant ma carte bleue, vous avez emporté un bout de ma dignité et de mon estime personnelle. Je me suis sentie comme une enfant punie, presque comme une criminelle, quand je vous ai vu me la prendre et la couper en deux sous mes yeux.

Je dis criminelle, mais comment appelez-vous quelqu’un qui use d’une telle violence avec sa paire de ciseaux, coupant la chair en deux d’une pauvre carte bleue sans défense, sous un regard brillant de sournoiserie… Ce jour-là, j’ai été témoin d’une scène qui restera gravée dans ma mémoire jusqu’à la fin de mes jours.

Je sais que pour votre conscience vous préférez dire que c’est votre travail, cela doit vous permettre de dormir la nuit sans trop voir ces images d’horreur, mais sachez que votre geste est capable de traumatiser les plus braves d’entre nous, nous qui ne sommes que de pauvres entrepreneurs dans une France qui va mal, nous nous retrouvons amputés de notre bras droit.

Certes dépourvue de salaire fixe, sachez monsieur le banquier, que je suis une grande travailleuse et aujourd’hui, malgré ce handicap désolant, je continue mon chemin, tant bien que mal, affrontant les périples de la vie et encaissant les coups durs.
Je suis persuadée qu’un jour nos chemins se croiseront à nouveau, et je vous saluerais probablement car malgré votre cruauté sans nom, je suis une personne polie et respectueuse des autres.

Je vous prie d’agréer mes salutations les plus sincères.