C’est la vue du sang qui a poussé Véronique à mettre un terme à cet amour destructeur. A faire une croix sur trois années mêlées de passion et d’amertume. « Je lui avais pourtant dit de ne jamais me frapper sur le visage », raconte-t-elle. Comme si les autres coups étaient pardonnés, à partir du moment où elle pouvait les cacher. Ne pas les exhiber face à un monde extérieur qui – sans détour – l’observerait et la mettrait face à la réalité qu’elle s’efforce d’ignorer. Non pas par lâcheté, mais par amour. Une passion qu’elle voue à un homme qui avant d’être son agresseur était son Sébastien, son « amoureux ».
Tout accepter
La violence conjugale ne touche pas que les femmes « faibles ». Lorsqu’elle a rencontré Sébastien, Véronique inspirait la joie de vivre. Dynamique et foncièrement optimiste, cette jeune trentenaire était très entourée de ses amis, sa famille, ses proches. Elle enchaînait les emplois et se sentait plutôt bien dans sa peau.
Peu à peu, cette femme forte a disparu au profit d’une autre Véronique. Reproches après reproches, coups après coups, doutes après doutes… Elle a perdu confiance en elle. Au point de tout accepter. « Je me suis isolée de mes amis. Même si je savais me défendre lors de nos disputes avec Sébastien, je culpabilisais constamment. Comme si tout ce qui arrivait était de ma faute. Jamais de la sienne. » se rappelle la jeune femme.
Retrouver l’amour
Aujourd’hui, Véronique a décidé d’écrire un livre (*). Sans prétentions, sans donner de leçon, ni généraliser, elle voudrait à travers ses écrits, raconter son expérience et dénoncer cette violence dite « conjugale » que des milliers de femmes et d’hommes subissent quotidiennement, sans être aidés. Dans cet ouvrage paru ce mois-ci, elle raconte avec pudeur et sans hypocrisie son histoire d’amour, « qui commence comme un rêve et qui tourne très vite au cauchemar. » Gifles, coups de poing, coups de pied, Véronique a tout encaissé et a toujours pardonné. « A chaque fois, il frappait plus fort et finissait toujours par s’excuser. Il pleurait… Je me taisais. C’était l’enfer. »
Deux ans après les coups, la jeune femme n’a rencontré personne. « Je ne suis pas prête », lâche-t-elle. Aujourd’hui, elle est sereine et soulagée. Elle voit régulièrement une psychologue et est plus que jamais déterminée à se reconstruire, à vivre pour elle. Et de conclure : « Pour l’avenir ? J’ai envie d’aimer et d’être aimée. Connaître un amour pur et partager des sentiments sincères. »
(*) Après coups, seule face à la violence conjugale, éd. Michel Lafon, 264 p., 18 €, paru le 10 avril.
FRANCE SOIR (Edition France Soir du lundi 21 avril 2008 n°19777 page 10)