Royal Luxembourg est une soparfi qui était demeurée très discrète jusqu'ici. Elle fait, d'un coup, beaucoup parler d'elle. Son directeur général, un homme d'affaires d'origine italienne, Salvatore Cugliari, annonce des centaines de millions d'euros d'investissements dans des avoirs tunisiens. En 2011, la soparfi, avait complètement renouvelé ses administrateurs, parmi lesquels de nombreux résidents luxembourgeois.
On sait que Royal Luxembourg a officialisé l'acquisition de 13,1 % de Banque de Tunisie. Elle a remporté l'appel d'offres relatif à la cession de ces parts de capital, jadis aux mains des familles (Ben Ali, Trabelsi...) liées au pouvoir, et qui avaient confisqué par l'État tunisien après la "Révolution du jasmin ". Royal Luxembourg a fait une offre à quelque 107 millions d'euros. Dans une interview sur Express FM, radio tunisienne à vocation économique, le dirigeant présumé de Royal Luxembourg a confirmé d'autres intentions d'investissement de la société de participations en Tunisie, pour une enveloppe globale estimée à 550 millions d'euros.
Entreprises européennes délocalisées
La holding est notamment sur les rangs pour 25 % des actions de l'opérateur privé de télécommunications Tunisiana (des actions aussi confisquées par l'État et remises dans le circuit). L'offre, à 305 millions d'euros, pourrait être revue à la hausse.
Le pipe-line tunisien de Royal Luxembourg ne manque manifestement pas de jus. La soparfi se dit intéressée par Carthage Cement, ainsi que par une compagnie aérienne. Dans son interview, M.Cugliari dit encore vouloir investir, en Tunisie, dans des secteurs variés. " La société projette d'y installer quatre à cinq entreprises opérant dans l'assemblage de bus, de composants automobiles et de recyclage des déchets ", a-t-il confié. Ces sociétés pourraient être, selon lui, des entreprises européennes en difficulté, délocalisées vers ce pays du Maghreb.
Spécialisée dans les prises de participations et dans l'acquisition de sociétés, Royal Luxembourg entend acheter des entreprises européennes, confrontées à un coût élevé de la main-d'œuvre, et les délocaliser sur des sites où les facteurs de production sont plus compétitifs.
" Loin d'être un paradis fiscal "
L'homme d'affaires italien, en défendant la crédibilité de sa société, suspectée par certains d'être opaque, a aussi relevé que le Luxembourg " a beaucoup changé et est loin d'être un paradis fiscal ". La transparence des publications permet de dire Royal Luxembourg Soparfi S.A., après des tribulations et déménagements multiples depuis sa constitution en 1997 déjà (sous le nom de Olumpios, modifié en 2009), est aujourd'hui domiciliée rue Schiller, dans un cabinet d'avocats.
Ses administrateurs principaux sont, selon les dernières modifications statutaires, un avocat, un directeur de banque allemande et un conseiller financier indépendant, tous résidents luxembourgeois. Mais, curieusement, Salvatore Cugliari n'apparaît pas.
| 26.11.2012 à 18h27 * Mis à jour le 27.11.2012 à 08h42
Catherine Ashton et Kamel Amr, ministre des affaires étrangères égyptien , le 14 novembre au Caire. | AFP/KHALED DESOUKI
L'Union européenne a annoncé, lundi 26 novembre, qu'elle allait restituer aux autorités du Caire et de Tunis "les fonds détournés" par les anciens dirigeants égyptien et tunisien, fonds qu'elle avait gelés au moment du "printemps arabe".
Le Conseil [des ministres de l'UE] "a pris des mesures en vue de faciliter la restitution aux autorités égyptiennes et tunisiennes de fonds détournés", a annoncé le Conseil dans un communiqué. Les ministres ont approuvé un nouveau cadre législatif autorisant les Etats de l'UE à débloquer des avoirs gelés.
"Lorsque les mesures judiciaires qui s'imposent auront été prises, cela devrait permettre le déblocage et la restitution aux autorités égyptiennes et tunisiennes de fonds gelés dans le cadre de sanctions de l'UE à l'encontre des anciens régimes de MM. (Hosni) Moubarak et (Zine El Abidine) Ben Ali", a indiqué l'UE dans son communiqué. Aucune indication n'a été fournie sur les montants gelés.
"La restitution des fonds détournés par les anciens régimes en Tunisie et en Egypte est une priorité pour nous. L'UE ne ménagera aucun effort pour aider à restituer ces fonds aux peuples égyptien et tunisien", a affirmé la représentante de l'UE pour les affaires étrangères, Catherine Ashton.
Depuis janvier 2011, les fonds et avoirs de quarante-huit personnes responsables du détournement de fonds publics tunisiens, y compris l'ancien président Ben Ali, ont été gelés dans l'UE. Dix-neuf personnes responsables du détournement de fonds publics égyptiens, y compris l'ancien président Moubarak, ont vu leurs avoirs gelés dans l'UE depuis mars 2011.
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