Harry Salem,
connu sous le nom d’Henri Alleg, vient de mourir ce 17 juillet à Paris trois
jours avant son quatre-vingt-douzième anniversaire.
Dans son livre « La
question » il a dénoncé la pratique de la torture lors des « évènements
d’Algérie », entorse à la dignité humaine dont il connut aussi la terreur.
Henri Alleg, né à Londres de parents juifs, s’installe à Alger en 1939. Il s’engage auprès du Parti
communiste algérien. Il devra le payer chèrement, par la suite…
En 1951, il devient directeur du quotidien Alger républicain
et a comme collaborateur un certain...Albert Camus.
Après le
déclenchement de la lutte armée, le 1er novembre 1954, Henri Alleg entre dans
la clandestinité ! Son journal est interdit par un colonialisme français
très ombrageux à l’égard d’un communisme soupçonné, parfois à juste titre, de
faire le jeu du FLN.
Bientôt Alger
sera sous l’emprise du Général Massu. Alleg est arrêté le 12 juin
1957 chez son ami Maurice Audin, un mathématicien alors âgé de
25 ans, qui, lui-même capturé la veille, mourra sous la torture.
François
Hollande a d’ailleurs rendu hommage à Maurice Audin lors de sa visite
officielle en Algérie l’an dernier.
Le journaliste est torturé à plusieurs reprises au cours de sa
détention, et ce sont les séances de « gégène » qui constituent le
point de départ du livre « La Question »
Henri Alleg aura
indubitablement joué un rôle majeur dans
la prise de conscience, lente et fastidieuse, de l’opinion française face aux
exactions commises au nom de la République !
Ce qui n’empêche
pas Madame Torture d’exercer ses talents dans de multiples régions de notre
planète !
Les petites âmes
d’Amnesty International ne sont pas prêtes à pointer à Pôle Emploi.
Bien d’autres
livres de bien d’autres Henri Alleg feront tôt ou tard les rayons des
librairies. C’est juste une question de temps, de levée de secret, d’explosion
de tabous, d’acceptation des limites de notre humanité.
Si seulement les
leçons du passé pouvaient nourrir notre avenir…La question comme un fonds Vertigineux d’errance Un trait de trahison A notre intelligence Une plaie suintante Dans l’Histoire héritée Un cancer d’épouvante Qui s’est fossilisé.
La question lancinante Dans les mémoires d’Alger Nauséeuse, écœurante Si longtemps éludée. Des relents de brûlures De décharges zébrées L’orageuse torture Dans la torpeur d’été…
La question sans réponse Si ce n’est l’abjection D’une guerre qui annonce Ses envies d’oppression. L’intense pourriture Gangrénant les galons Multiplie les ratures D’une armée sous tension.
La question systémique En réponse aux affronts Des fléaux islamiques Noirs de libération. Du talion dans les veines La peur à fleur de peau En réfèrent aux gégènes Planquées sous le boisseau.
La question dans les mots Qu’Alleg allégua tant Pour dénoncer les maux De piteux combattants D’une cause perdue Mais dont l’inanité S’est nourrie de chairs crues
Et de destins broyés.
