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Skylon : l'avion spatial hybride

Publié le 22 juillet 2013 par Toulouseweb
Il est des projets fous qui gagnent en crédibilité d’année en année…
C’est le cas de Skylon, un projet d’avion spatial sans pilote, ŕ propulsion révolutionnaire, dont le premier vol serait programmé d’ici 2016. Explications…

Lancé dans les années 1990 par la firme britannique Reaction Engines, spécialisée dans le domaine de la propulsion spatiale, le programme Skylon développe un appareil aux capacités et aux dimensions superlatives : d’une longueur de 84 mčtres pour 25 mčtres de largeur et initialement conçu pour emmener jusqu’ŕ 15 tonnes de fret vers les stations spatiales, il aurait pour deuxičme vocation d’offrir ŕ une trentaine de passagers, la possibilité de rejoindre n’importe quel point du globe, en moins de quatre heures.

L’avantage de Skylon tient ŕ ses coűts d’exploitation relativement bas pour un avion spatial. En effet, avec ses formes aérodynamiques, notamment inspirées du SR-71 Blackbird de Lockheed, cet appareil réutilisable décollera comme un aéronef conventionnel, atteindra 26 000 mčtres et la vitesse de mach 5 (5 500 km/h). Jusqu’ici, hormis la vitesse, rien de bien spectaculaire.
Mais la véritable révolution de cet aéronef réside dans ses moteurs Ť SABRE ť (pour Synergic Air Breathing Engine), un moteur hybride, ŕ la fois aérobie et moteur fusée… Ainsi, jusqu’ŕ 26 000 mčtres ce moteur tirera son oxygčne de l’atmosphčre, comme n’importe quel réacteur conventionnel, puis au-delŕ, le SABRE se mutera en moteur-fusée ŕ haute impulsion, utilisant l’hydrogčne liquide embarqué avec son carburant. Ainsi, il propulsera l’appareil jusqu’ŕ une altitude de 300 000 mčtres pour lui faire atteindre la vitesse de mach 25, soit prčs de 30 000 km/h.
Plus encore, ce moteur révolutionnaire fonctionnera sur un principe de récupération d’air ŕ trčs haute altitude, directement réinjecté dans le moteur ŕ hydrogčne.
Toutefois, la chaleur générée par les frottements aérodynamiques interdit d’envoyer dans le moteur, un air dont la température peut avoisiner les 1 000°C. C’est pourquoi, Reaction Engines a imaginé un systčme de refroidissement qui, placé en amont du réacteur, permet d’abaisser la température de l’air ŕ -185°C et ce, en… 1/100e de seconde !
Et c’est justement ce défi qui vient d’ętre relevé : les tests validant les capacités de ce pré-refroidisseur ont été menés avec succčs, confirmant le potentiel du réacteur hybride ; une étape capitale puisque la pérennité du programme Skylon dépendait en partie de cet exploit technologique. En effet, dčs le 17 juillet dernier, le Gouvernement Britannique saluait cette performance et annonçait un investissement de 60 millions de livres sterling dans le programme.

Grâce ŕ cette subvention tant espérée, Reaction Engines va pouvoir passer ŕ la phase suivante du développement de Skylon : une infrastructure plus importante pour continuer de développer et tester le moteur SABRE. Et bien que quelques milliards d’euros soient encore nécessaires pour construire un véhicule prototype, les agences spatiales britanniques et européennes ont réaffirmé Ť pleinement ť leur Ť confiance en ce projet ť.
De son côté, Reaction Engines a révélé ses vastes et ambitieuses prévisions : selon la firme britannique, un prototype fonctionnel devrait effectuer son premier vol d’ici 2016. Qui plus est, Reaction Engines souhaite voir les premičres livraisons de fret vers les stations spatiales effectuées d’ici 2022.
Ajoutons qu’un Skylon de plus grandes capacités, destiné aux vols commerciaux et pouvant emporter jusqu’ŕ 300 passagers, est d’ores et déjŕ envisagé…

Trois cents passagers dans l’espace !? Si le projet initial est réaliste et sérieux, attention ŕ ne pas aller trop vite en besogne et, comme nous l’a enseigné le mythe d’Icare… ŕ ne pas se brűler les ailes !
Bastien Otelli – AeroMorning

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