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Tour de France : la consécration méritée de Christopher Froome

Publié le 22 juillet 2013 par Jeanpaulbrouchon

ATT00131Notre chroniqueur, Bertrand Duboux fait la synthèse du Tour du centenaire : victoire de Froome, faillite des prétendants, effacement des Français et, bien sûr, l'éternelle question autour du dopage.

J’avoue que j’ai été ému en voyant Christopher Froome sur le podium du Tour, à Paris, au cœur d’une super-mise en scène inoubliable.Tant de simplicité, d’humilité, de respect et d’éducation. Il y avait quelque chose de touchant dans son attitude, quelque chose de sincère que l’on espère ne pas devoir regretter dans quelque temps ! On était loin de l’arrogante supériorité affichée par Armstrong l’imposteur tout au long de son interminable règne.
Peut-on être rassuré pour autant ? Tant que les dirigeants de Sky ne publieront pas la VO2max et la puissance maximum (watts) du vainqueur de cette 100ème édition, le doute subsistera sur ses exploits surréalistes et ce ne sont pas les propos rassurants de son manager David Brailsford qui nous feront changer d’avis.


Froome, s’il n’a rien à se reprocher, méritait-il toutefois le traitement que lui ont réservé les médias ? Questions insidieuses, scepticisme, insinuations. Il n’y a que le cyclisme qui pousse à s’interroger aussi loin. Il n’y a que dans le vélo qu’on ose ainsi s’acharner sur un athlète prié de se justifier et d’avouer en dehors de tout tribunal et devant une corporation qui se plait à jouer au procureur. Regrettable, déplorable mais compréhensible. Et l’avenir dira qui a raison.
Ainsi est le sport cycliste aujourd’hui après toutes les affaires qui l’ont pourri depuis près de deux décennies et qui remettent en cause désormais toutes les performances, tous les exploits réalisés sur le terrain : les envolées de Froome sur les pentes d’Ax-3 Domaines et du Mont Ventoux ; les deux raids solitaires du Portugais Rui Costa vers Gap et Le Grand Bornand ; l’attaque du jeune Quintana dans la montée de Semnoz où l’Espagnol Rodriguez a sacrifié la victoire d’étape pour assurer sa troisième place sur le podium final.
Un Tour 2013 soumis à la supériorité de Froome, comme prévu et, dans une moindre mesure, de ses équipiers qui ont connu des fortunes diverses (Kiryenka hors délais, Boasson-Hagen abandon sur chute) mais aussi des hauts et des bas au point de laisser le nouveau maillot jaune totalement isolé vers Bagnères-de-Bigorre au milieu d’une opposition (Contador/Kreuziger/Rogers, Valverde/Quintana/Rui Costa, Rodriguez, Mollema/Ten Dam) qui a raté ce jour-là la révolution qui eût pu tout remettre en question !
L’édition 2013 restera-t-elle celle du désarmement face à l’intensification des contrôles par l’AFLD et l’UCI ? Sinon comment expliquer, au lendemain de son coup de force vers Ax-3 Domaines, cet abandon collectif de la Sky, surprenant et inattendu, qui aurait pu faire perdre le Tour à son leader ? Beaucoup d’équipes et leurs chefs de file, d’ailleurs, n’ont pas eu leur rendement habituel, certain(es) se complaisant même dans un anonymat inquiétant.
On retiendra de cette 100ème édition qu’elle a aussi été celle de l’innovation et du grandiose (départ de Corse, final en nocturne sur les Champs Elysées) ; celle de la réussite d’un cyclisme de plus en plus international et anglo-saxon qui a rejeté les Français aux oubliettes ou les a relégués au rôle secondaire d’animateurs pour les millions de spectateurs massés sur les bords des routes, à l’exception du magnifique Christophe Riblon, promu sauveur de la nation !
Que penser aussi de la faillite de ceux qui auraient dû être les prétendants au trône, les Contador, Evans, Andy Schleck, Van Garderen, Talansky et compagnie ? Que cache le fiasco retentissant de l’équipe américano-suisse BMC de Jim Ochowicz et Andy Rihs ? Vingt millions de budget pour un résultat aussi minable ! Jamais, depuis le titre mondial de Philippe Gilbert en septembre 2012, ses leaders désignés n’ont été à la hauteur de l’investissement consenti et la rivalité de ses directeurs sportifs John Lelangue (viré à l'arrivée du tour)-Yvon Ledanois cache un malaise qui n’est sans doute pas étranger à ce couac retentissant…
Pour le reste, Chris Froome a bien mérité sa victoire. Il a largement payé de sa personne, plus que son prédécesseur Wiggins un an auparavant, mais force est de reconnaître qu’il doit aussi une fière chandelle à son compère Richie Porte qui a joué les bons samaritains et l’a sauvé en plusieurs occasions, notamment lorsqu’un début de fringale, à 5 kilomètres de l’arrivée à l’Alpe d’Huez, a failli tout anéantir. Il eût été dommage et impardonnable pour les techniciens et les dirigeants de la Sky, qui règlent tout au millimètre et dans les moindres détails, que cette nouvelle consécration leur échappât à deux jours de la fin pour quelques plaquettes de glucose !

Bertrand Duboux


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