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Ode

Par Vertuchou

Pour une voile que la brume
Efface au tableau de l’azur,
Pour un nuage au firmament
Dont se décolore la mer,
Pour une côte où brille un phare,
Pourquoi la plainte nostalgique,
Puisqu’à l’horizon le silence
A plus de poids que l’espace ?
Si le reflux de la marée
Oublie des voiles dans un port,
Pourquoi le grand désir du large
Et pleurer l’impossible essor ?
Tes yeux garderont du départ
Une inconsolable vision,
Mais à la poupe s’agrandit
Le désespoir et la distance.
La nuit que ton âme revêt
S’achemine vers le couchant
Voir à l’horizon s’effondrer
Ce que peut le jour d’illusion,
Et c’est bien en vain, que tu greffes
Sur la marche irrémédiable
De la nuit vers le crépuscule,
Le renoncement de tes gestes.
La mer bruit au bout du jardin
Comme l’orée d’une forêt,
Et le vieux port allume, au loin,
L’alignement de ses lumières.
Qui vient de dire ce que vaut,
À l’horizon, le jour enfoui,
Comme un bivouac sans relève,
Et le rêve qu’édifie l’ombre.
Et si la lampe qu’on éteint
Fait retomber sur tes yeux clos
Une plus obscure paupière,
Si l’ombre fait surgir en toi,
Comme le feu d’un projecteur,
Une connaissance plus grande
Encore de la solitude,
Que peux-tu espérer de l’aube ?
Et les matins garderont-ils,
Dans l’espace où le phare a tourné,
Une trace de ses rayons
Inscrite à jamais dans l’azur ?
Pour tes longues veillées stériles
Voudrais-tu l’aube moins pénible :
Glorieuse issue dans la lumière
De ce que la nuit vient de clore.
Jean Aubert Loranger


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