Magazine

Home, sweet home

Publié le 15 juillet 2013 par Pomdepin @pom2pin

Vous avez brillamment traversé la Manche et vous decidez de vous installer: vous allez donc chercher à vous loger. Quand on débarque, on commence généralement par louer. Les locations se multiplient depuis la crise, mais elles ne concernent que 36% des logements contre 42% en France. Vous ne pourrez pas décorer à votre goût, ni signer un baiĺ de plusieurs années. La moyenne d’un contrat est de 18 mois. Attention, généralement les locations, même les maisons de grande taille sont meublées. Si vous ne voulez pas vivre au milieu des meubles de la grand tante de votre propriétaire, avec l’armoire en Formica qui ne ferme plus, associée au fauteuil ikea jaune pétant et à une table bancale (un meuble d’époque!…. d’accord, mais laquelle?), précisez bien que vous recherchez un logement « unfurnished ».

Les anglais se passionnent pour tout ce qui a trait à leur logement. Les émissions de décoration se sont multipliées sur les chaînes anglaises dans les années 90. Il y a eu depuis une foule de programmes, tel que l’emblématique changing room, avec le mémorable Lawrence Llewelyn Bowen ( c’est un nom gallois. Les gallois méprisent les voyelles, à part le y. Pour un Gallois indépendantiste , les voyelles sont une invention machiavélique de l’envahisseur anglais). Il était aisément reconnaissable grâce à ses audaces capillaires, ses chemises à jabot pailleté, et ses décolletés à faire pâlir d’envie BHL. La crise étant passée par là, même si aujourd’hui le marché de l’immobilier est reparti la hausse, les émissions sont plus austères. On ne rigole plus à coup de papier peint mordoré ou de fausse cheminée en plastique. On apprend comme vendre sa maison au prix fort, malgré la crise, acheter au meilleur prix, grâce à la crise ou réparer sa robinetterie soi même, ce qui a évité une crise aux les plombiers qui sont débordés de travail pour réparer tout ça.

Lorsque vous décidez de vous établir de manière permanente, vous allez sûrement vouloir devenir propriétaire. Et comme beaucoup, vous devrez passer par une agence immobilière, ou estate agent. Ils ont très mauvaise réputation, alors que pourtant certains savent lire et s’expriment même correctement. Il faut savoir qu’il ne vous feront visiter que des logements dont le prix de vente dépassera largement le maximum que vous leur aurez indiqué. Ils comptent probablement sur leurs talents oratoires et commerciaux pour inexplicablement doubler votre compte en banque.

Vous voilà parti pour votre première visite: comme dans Astérix chez les bretons, la description de la maison ne suffit pas toujours pour la trouver. Il y a en effet des lotissements entiers, les estates, où toutes les maisons sont les mêmes ou presque. Ce n’est pas nouveau, le phénomène date de la révolution industrielle, quand les villes se sont agrandies à vue d’œil et qu’il a fallut construire de nouvelles habitations très rapidement. Il y a aussi beaucoup de maisons mitoyennes, « semi detached », plus pour limiter le coût de construction que par manque de place: il n’est pas rare, en rase campagne, sans aucune autre habitation à des miles à la ronde de trouver 2 maisons semi detached, blotties l’une contre l’autre.

Vous serez aussi frappés par l’exiguïté des surfaces habitables. En Angleterre, les logements sont en moyenne 15% plus petits qu’en Europe continentale. Vous ferez la connaissance émerveillée de la box room, littéralement la pièce boîte, qui porte bien son nom. La box room est audacieusement décrite comme une chambre sur toutes les brochures, au prétexte fallacieux qu’il y a une fenêtre. On peut à peine y caser un petit bureau, ou à la limite un berceau. Par contre, la chambre principale, ou master bedroom, pour les parents est souvent bien plus grande que toutes les autres et s’accompagne d’une en-suite. Le nom peut prêter à confusion, il s’agit tout simplement d’une salle de bains attenante. Il n’est pas rare que les enfants partagent une chambre, mais disposent d’une salle de jeux séparée, généralement prêt de la cuisine, pour les surveiller. A propos de cuisine, vous risquez parfois de tomber sur une galley kitchen. Ce n’est pas tant que cette sorte de cuisine soit petite, elle peut même être très longue, c’est qu’elle est étroite, extrêmement étroite…après tout qui a besoin de tendre les 2 bras à l’horizontale dans sa cuisine? Et l’installer dans un couloir, ça fait gagner de la place!

Finalement, vous avez trouvé la maison anglaise de vos rêves, vous faites une offre. La premiere surprise, c’est que l’achat d’un logement est un des rares cas ou l’administration anglaise bat largement en extravagance sa consœur française. Quand vous faites une offre, vous n’avez aucune idée de quand la vente se fera vraiment, ni même si elle se fera. Il vous faudra aussi un notaire, le vendeur ayant le sien. S’en suit une correspondance effrénée entre les deux, à coup d’expertises diverses, des économies d’énergie, au survivances obscures de lois médiévales qui même en pleine ville peuvent garantir le passage de troupeaux depuis longtemps disparus au milieu de votre salon.

Et soudain, c’est le grand jour, avec un peu de chance, beaucoup de patience, vous voila les heureux propriétaires de votre home, sweet home.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Pomdepin 10255 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte