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[Défis du sériephile] : La vie de couple et les séries

Publié le 18 juin 2013 par Laserietheque @laserietheque

Si jamais un jour vous passez sous mes fenêtres vous entendrez probablement des phrases comme « Bon. Pour cet été, qu’est ce que je peux regarder sans toi ? » ou plus généralement « On s’installe comment ? On fait spoony ? » et encore « On regarde un truc en mangeant ? ». Cette dernière est, par ailleurs, la plus récurrente avec ces derniers temps « On peut regarder Rectify, diiiiiiiiis ? ». Je le demande à chaque fois, avec un espoir fou de la voir me répondre enfin « Oui, je le veux ! » (pun intended).

Netflix Adultery

Une récente étude américaine menée par Harris Interactive pour le compte du célèbre site Netflix a révélé que 12 % des américains avaient déjà « trompé » leur partenaire en regardant l’épisode suivant de leur série fétiche… en cachette. Peut-on vraiment leur en vouloir alors que tout épisode est à portée de clic ? Et peut-on vraiment en vouloir au trompé de ressentir comme une sorte de trahison aussi ridicule semble-t-elle ?

Commencer une série à deux est un engagement tacite entre les partenaires. Un peu comme les vœux que l’on prononcent à la Mairie le jour du mariage, le projet de regarder une série dans son entièreté ou pour une simple saison sous-entend qu’ils continueront, à deux, de le faire jusqu’à la fin… et fidèlement.

«Je te prends pour sériephile adoré et te promets sur la sainte télécommande de regarder avec toi, et uniquement avec toi, la fin de The West Wing jusqu’à ce qu’Aaron Sorkin nous sépare».

Apparemment, la comparaison avec le mariage ne s’arrête pas là. Le divorce se consomme aussi vite que ce dernier, jusqu’à mettre en danger une vie de couple, nous dit-on (mais pas de panique, jamais aussi vite que ceux de Ross !). Balivernes, que nenni, et autres interjections du XVème siècle. Je n’y crois point, ma mie. Dans tout contrat, il y a les petites clauses tout en bas là, cachées, oui là, celles que tu discernes à peine tant tu es porté par l’euphorie dudit contrat. Mais ne t’y méprends pas, car conciliant tu deviendras. Reste à savoir si c’est un pêché de regarder une série en avance sur l’autre. A mon sens, non. Mais, mentir ? Pourquoi mentir ? Pourquoi se sentir en faute absolument ? Est-ce que regarder, c’est tromper ?

Un plaisir partagé

Evidemment que non, ça ne détruira pas une vie de couple (voyez comme j’ai éludé la question précédente…). Pardon pour les spoilers, hein, mais je ne peux pas rester plus longtemps sans évoquer le fond de ma pensée. En couple depuis bientôt deux ans, les séries nous ont rapproché dès notre rencontre et ont fait partie intégrante de notre quotidien, même quand nous ne vivions pas encore ensemble. Rapidement, beaucoup de séries communes ont été la cible d’une attente interminable avant le visionnage d’un prochain épisode ensemble mais dans le même temps un réel plaisir, un instant de partage que l’on ne ressent nul part ailleurs, dans presque aucune autre situation. La distance n’aidant pas (nous étudiions dans deux villes différentes à l’époque), toutes les deux ou trois semaines il s’agissait de rattraper à tout prix le retard accumulé et après coup d’en discuter, de partager, et puis, finalement de passer à autre chose, un nouvel épisode, une nouvelle discussion, un nouveau week-end avant de réitérer l’expérience parce qu’elle est, au final, enrichissante. La véritable difficulté ici, comme je l’annonçais à la fin du premier défi, est de ne pas ressentir de frustration. Soyons on ne peut plus clairs, être frustrée est une chose importante, et pour tout un tas de choses, ça nous apprend à mieux profiter lorsque l’on obtient -enfin- ce que l’on veut, si on l’obtient évidemment, le cas échéant je ne donne pas cher de votre peau (ni de personne d’ailleurs) quand je suis à la fois frustrée et déçue. Mais pour rien au monde, je ne changerai notre fonctionnement. Avoir nos séries communes et nos séries personnelles nous empêchent peut-être d’être à jour avec la diffusion US (qui l’est de toute façon ?) mais ça me permet, moi, de binge-watcher Arrow, Parks and Recreation ou Miranda et de prendre du plaisir.

L’art du compromis

En fait, certaines choses relèvent de l’ordre du compromis dans une vie de couple (voir les petites clauses du contrat). Que cela soit pour les séries, ou non d’ailleurs. En tout cas, c’est comme ça que l’on fonctionne officieusement, Lodie et moi. Exemple : je lui propose de regarder Gilmore Girls pour la première fois alors que j’ai vu l’intégrale deux fois. Compromis ? Quand elle préfère regarder cette série à une autre, je dis oui, et avec grand plaisir. Autre exemple : Lodie sait que j’adore tout autant qu’elle The Newsroom qui débute en juillet prochain mais elle ne sera pas là pour voir les premiers épisodes avec moi. Compromis ? Elle rattrapera son retard. J’appelle ça « la garde alternée ». Après une conversation forte intéressante avec Pierre Morin, je me suis rendue compte qu’effectivement c’était une question de compromis. « Si elle regarde ça seule, alors moi aussi j’ai le droit après tout ». En réalité, il y a quelques semaines, je n’aurais évidemment pas pu empêcher Lodie de regarder Once Upon a Time entre midi et deux si elle en avait envie, sachant pertinemment que si j’ai deux épisodes de retard, moi, ça ne me dérange pas. Mais alors pas du tout. Je crois qu’à la fin c’était même une corvée pour elle de me voir regarder un épisode tant je levais les yeux au ciel et critiquais toutes les scènes (un compromis pour la S03 est à venir à mon avis…).

A l’inverse, certaines séries que nous regardons ensemble sont intouchables. Je n’ai par exemple pas le droit de visionner plus de la saison 1 de Stargate SG-1 cet été parce qu’elle préfère être là lorsque l’on débutera la S02 (et parce qu’il y a des épisodes qu’elle adore dans cette saison). Tout comme, si jamais elle regardait Gilmore Girls, en cachette, sans moi (il y a une certaine idée de la masturbation télévisuelle là-dedans), je le prendrais relativement mal. Je me sentirais un peu trahie : « Comment as-tu osé ? Sans moi ? Il était BON l’épisode au moins ? Tu en as profité j’espère parce que c’était la dernière fois ! ». Ça serait vraiment WTF comme conversation. M’enfin nous n’en sommes pas là, à ma connaissance, aucune de nous n’a « trompé » l’autre. Pas encore. Pas comme Maureen O’Connor.


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