Magazine Séries

[Pilot] Rectify : Un savoureux mélange entre douceur et intensité

Publié le 09 juin 2013 par Laserietheque @laserietheque

rectify opening

[Attention : spoilers, description de passages et autres pseudos analyses de mon appréhension de l'épisode pilot]

Sundance Channel a décidé de se lancer dans la création originale et elle a eu raison. La première saison de Rectify, qui compte 6 épisodes, a été diffusée dernièrement (entre le 22 avril et le 20 mai) et démontre -encore une fois- que les petites chaînes du câble américain n’ont rien à envier aux mastodontes que sont les 5 networks principaux (ABC, CBS, NBC, The CW et FOX). Une seconde saison de 10 épisodes a d’ores et déjà été commandée, et honnêtement 2014 semble si loin.

Rectify is from somewhere else. Cette review pourrait s’arrêter là. Même le titre de l’article aurait pu s’arrêter là. Mais il y a tant de choses à dire sur ce premier épisode. Je vais essayer de coucher sur page blanche ce que j’ai ressenti, ce que j’ai compris, ce qu’entre les lignes Ray McKinnon, le créateur auparavant acteur dans Sons of Anarchy ou Deadwood, a essayé de nous raconter à travers la vie de Daniel Holden, emprisonné lorsqu’il avait 18 ans pour le viol et le meurtre de sa petite amie Hannah Abigail Dean. A la suite d’un nouveau test ADN, Daniel est finalement disculpé et arraché au couloir de la mort, une mort qu’il attendait et qu’il était sûr de rejoindre. Le pilot débute sur la sortie de prison  très médiatique de Daniel (interprété magistralement par l’australien Aden Young). Le meurtre d’Hannah a en effet bouleversé l’opinion publique, la presse, et avec elle les partisans de la peine de mort, qui, à l’affût encore aujourd’hui, attendent avec impatience les premiers mots du désormais ex-prisonnier mais vraisemblablement toujours désigné coupable. L’univers carcéral, de notoriété publique, est un univers où les prisonniers perdent leur statut d’Homme et devienne des numéros dans des cellules. Lorsque le garde lui tend ses vêtements puis se retourne pour lui laisser son intimité et fini par lui proposer quelque chose à boire, on sent la surprise et la renaissance d’un côté et le respect de l’autre pour ce presque-mais-pas-tout-à-fait ex-détenu. Comme si, à cet instant, il avait retrouvé un statut qui lui conférait une visibilité perdue depuis bien longtemps, une liberté toute aussi perdue et retrouvée brutalement. Cette scène amorce l’idée que Daniel devra petit à petit se reconstruire, à l’extérieur des quatre murs de sa cellule.

L’atmosphère particulière de Rectify se ressent instantanément, dès les premières secondes. A la fois douce, lente, et troublante, le générique allie musique reposante (qui n’est pas sans rappeler la musique doucereuse de la canadienne Tu M’aimes-tu?), images et vidéos des personnages, pour certaines datant de l’époque du meurtre. Passé l’opening credits, et la présentation brève de la famille en route vers la prison et sa propre libération, bien qu’elle soit fatalement d’une nature différente, on passe l’épisode aux côtés de Daniel, on l’accompagne et on éprouverait presque les mêmes sensations que lui tant la réalisation (et la musique) nous confine dans une ambiance intimiste. La scène des retrouvailles est particulièrement bien écrite et réalisée. Devant un Daniel sonné, stoïque, on assiste à la dévotion totale d’une mère et d’une sœur dont  l’engagement et l’amour pour son frère sont restés entiers. De façon générale, cet épisode inaugural de Rectify joue merveilleusement bien avec les sentiments des personnages, de cette famille recomposée dont Daniel ignore encore tout, spécialement Jared, le petit frère qu’il n’a jamais rencontré et avec qui, on le verra dès la fin de ce pilot, il tissera des liens simples autour des films qu’il a raté ces vingt dernières années. Vingt années au cours desquelles sa mère s’est remariée, a eu un enfant donc, et a élevé en parti le fils de son second mari.

Alors que Daniel redécouvre la  vie en dehors de sa prison, des flashbacks alimentent le pilot afin de mieux appréhender sa vie passée à être enfermé. On comprend très vite qu’il a construit des interactions familiales similaires à celles perdues lorsqu’il était encore adolescent. On l’aperçoit souriant, faisant de l’humour et amical avec le détenu de l’autre côté du mur, alors qu’a l’aube de ses 40 ans, de retour dans sa famille et libre, il apparaît distant, perdu, et discernant à peine l’humour d’une sœur qui a bien du mal à contenir son stress et son manque de confiance. Ce contraste est d’autant plus intéressant qu’il est justifiable et totalement compréhensible. Alors qu’il était sur le chemin de la mort, on le somme de revenir à la vie. Il y a difficilement plus choquant comme événement dans la vie d’un Homme.

Sur fonds de malveillance palpable de la part des habitants de Paulie, face au retour de Daniel, et d’enquête policière toute aussi hostile, on assiste à un pilot puissant dotée d’une superbe photographie du sud des Etats-Unis dédié à la reconstruction d’un condamné à mort innocent et dont le casting solide appuie la réalisation quasi parfaite de cet épisode. La conclusion glaciale amène un intérêt grandissant et incitera certainement de nombreux sériephiles à poursuivre le visionnage de cette première saison.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Laserietheque 6 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine