Magazine Société

Bernadette lafont a rejoint pauline

Publié le 01 août 2013 par Fabianus
BERNADETTE LAFONT A REJOINT PAULINE Une grande actrice nous a quittés ce jeudi 25 juillet. A l’âge de 74 ans s’est éteinte Bernadette Lafont et, avec elle, une partie de ce cinéma de la nouvelle vague. Bernadette Lafont c’était une lueur dans le regard, une malice contagieuse, une spontanéité débordante, un remède à la déprime. Personnellement elle fait partie des grandes comédiennes qui jouent à l’instinct et s’enrichissent d’une personnalité hors du commun. J’ai aimé Romy Schneider, Annie Girardot, Marie France Pisier et j’ai aimé Bernadette Lafont  parce qu’elles incarnent au mieux la vie sur cette fine bandelette de pellicule qu’on appelle un film et qui reste l’émouvant témoignage d’un cinéma des années 60 se débarrassant de carcans académiques et poussiéreux. Comme Annie, Bernadette avait de la gouaille, de la fraîcheur. On avait envie d’être son ami, de l’accompagner dans ses ballades cévenoles. Remarquée par Truffaut elle jouera son premier film Les Mistons en 1957. Puis un autre père de la nouvelle vague, un certain Chabrol, lui prolonge l’étrier. Et ce sera Le beau Serge aux côtés de Jean Claude Brialy (1958).  Après un passage à vide elle repart de plus belle avec La fiancée du pirate (1969) où elle incarne une femme mutine et nourrie des mouvements libertaires de 1968. On la remarquera aussi dans La maman et la putain (1976,film de Jean Eustache) et dans Une belle fille comme moi (1972 et encore Truffaut). Mais bientôt le cinéma se détourne de ses vraies capacités et la sous emploie dans des rôles secondaires pour le compte de comédies farfelues et sans grande envergure. Mais en 1985 elle devient la confidente d’une future étoile du cinéma, la jeune Charlotte Gainsbourg ! Le film s’appelle l’effrontée et Bernadette décrochera le césar du meilleur second rôle ! Chabrol saura la redécouvrir avec l’Inspecteur Lavardin (1986) Enfin Mocky lui fera confiance et lui assurera de son amitié. Avec lui elle tournera 4 films dont le Pactole (1985) et Les saisons du plaisir (1988).  C’est d’ailleurs Mocky, le franc-tireur du cinéma français, qui sera l’un des rares de la profession cinématographique à se rendre aux obsèques de la grande dame, à Saint André de Valborgne (Gard) Et le bougre s’en indignera : -   Si peu de monde pour son enterrement, c'est dégueulasse. Même si Bernadette était quelqu'un de solitaire et indépendant, le cinéma devait être là !
Mais toi, Bernadette, dans ton paradis des étoiles disparues, tu t’en balances ainsi que le chantait Barbara dans le film de Nelly Kaplan où tu incarnais Marie, la fiancée du pirate (1969) Oui tu t’en balances car des gens de ton village continuent à t’aimer en silence ! Et puis tu as enfin retrouvé Pauline, ton enfant chérie, ta petite fée trop vite disparue en 1988 ! Dans son souvenir tu t’es battue pour ne pas sombrer et ce deuil magnifique aura nourri les planches des théâtres et la magie télévisuelle…
Comment pourrait-on t’oublier ? Pas beaucoup de tes pairs pour ton dernier voyage Saint André de Valborgne au plein cœur de l’été A réuni ses âmes pour cet ultime hommage Quand la nouvelle vague d’un reflux s’étiolait.
Et pourtant quel regard aux lueurs de malice Pour inspirer le cœur de Chabrol ou Truffaut Une belle fille comme toi pour ce dernier office Eût mérité le chœur des illustres sanglots.
De maman à putain s’emploie ta profession A nourrir de son sein tes premiers jeux d’écran Pour préférer bientôt d’autres fruits de passion Quand ton âge écrira la mémoire de Kaplan.
L’été en pente douce décrochera l’hiver Et ce froid dans ton cœur en brisures d’absence Le parfum de Pauline sur les embruns amers Et des planches posées en tremplins d’espérance.
Au-delà de ce deuil, au-dessus de l’abime Une force joviale, un appétit d’aimer Cigale cévenole dans l’été qui s’abime Tu brillas tant de fois pour nous émerveiller
Et qu’importent les grands issus de ton sérail Qui jouèrent l’absence lors de tes funérailles Les vrais gens étaient là, ces cœurs qui te ressemblent Emouvants et fragiles comme un souffle qui tremble…

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Fabianus 1077 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine