Et au Ghana, comment ça va ?

C'est souvent ainsi que des ami(e)s et hôtes nous interrogent sur la situation géo-polito-économique du pays (mais pas que...).
Pas trop mal et chez vous Madame Michu ?Ou dans une version plus ghanéenne : Pas trop mal et chez vous Mâme Boateng?
C'est que Mâme Boateng, elle a plein plein de truc à raconter.
Qu'elle en a ras-le-pagne qu'on prenne l'Afrique pour un pays et non un continent, qu'on mélange (faussement) allégrement-médiatiquement et surtout spectaculairement (allez ! Tous rendez vous au JT de 20 h!) des pays distants de plus de 1500 km et culturellement encore plus...
Car après tout, très chère Madame Michu, l'appartenance à un même continent suffit elle à créer (comm)union et unité  ? Et vous et votre Europe, comment ça va ? Je veux dire l'Europe interculturelle (?), des croyances ? Car l'Europe économique et ses récents avatars semble en marche...
Elle en plein les tongs Mâme Boateng qu'on se « confuse » avec tant de compl-aisance (qu'elle a d'abord pris de la naïveté...)...
D'entendre des informations erronées (au mieux, mais dans quels buts au fait ? Pourquoi et avec quelles intentions manipuler l'information, en la rendant ainsi parcellaire, réduite en confettis jetés aux vents des actualités et des modes) ?
De réduire cet immense continent africain a ses problèmes, sans quasi jamais mentionner les réussites, l'immense créativité qui existe (lien art contemporain)... A-t-on idée de réduire les USA à Guantanamo et à l'usine à mort (discriminante) qu'est le Texas ?
L'est un brin agacée Mâme Boateng quand elle surprend certains regards, conversations, faits lourds (mais très lourds), des non-dits (en série) aussi, stéréotypes et simplifications hâtives, hâves aussi...

La si parlante carte de Kai Krause, que j'avais évoqué dans cet article : la vraie taille de l'Afrique et son importance

Savez vous que la distance entre Takoradi (la grande ville la plus proche d'Ezile Bay et Busua Inn) et Kidal au Mali est de 1500 km...
Et que l'écart en Paris et Belgrade est de... 1447 km... Mais où veut en venir Mâme Boateng ?
Et bien, quand ce fut la guerre en Tchétchénie ou bien ex-Yougoslavie (malheureusement ces dernières années l'Europe, en temps que continent, fut grande pourvoyeuse de conflits aux conséquences humaines désastreuses, mais comme à chaque fois (et partout) en cas de conflit armé me direz vous ?) qui a essayé de devenir réfugié en ...Suisse (c'est un exemple) ?
Petit conseil et astuce de Mâme Boateng : (si d'aventure cela vous intéresse, il semblerait, selon des sources bien informées-z-et-indigène - à chacun les siens, à propos, quels sont les vôtres ?- que le côté italien soit plus funky que la version romande qui se rapprocherait assez, d'une (in)certaine façon soit plutôt wasp préférant découvrir le monde via national géographic vu d'un salon confortable, qu'en s'immergeant dans une réalité presque palpable, en tous cas tangible :
Des moustiques ! Une humidité ! Et la poussière qui rentrait partout. On a du utiliser la clim' tout le temps, c'était impossible de faire autrement. On n'avait pas le choix que voulez vous... Soupir puis reprenant (courageux verbal et éphémère) Vous savez nous, on adooooore l'Afrique, les enfants sont tellement mignons... Alors, on va venir, lever des fonds pour... pour... construire une école ! I
ll semblerait que chez ces gens là Mâme Michu, on ne connaisse pas la pyramide de Maslow ou alors qu'on se dise que la pyramide des besoins n'est pas la même en Afrique...).
En vouala une (apparente) belle idée (puis si vous saviez comme c'est vendeur, non, vraiment, on est content on fait de belles saisons, le compte paypal est bien bedonnant...)
Il faudrait que je vous entretienne ultérieurement du très cynique-lucratif charity bisness et même volontaires-bisness très en vogue par ici, car on n'est pas sans se revoir ? Heing ? Mâme Michu, vous êtes toujours avec moi ?
Oui, Mâme Boateng digresse, c'est sur, pour une fois qu'on lui laisse la parole, elle arrive plus à arrêter le flux... Un peu comme une bouteille de champagne secouée, secouée et qui tout à coup est débouchée... Vous voyez ?
Un ptit clic pour sauver l'Afrique (l'Afric?) pendant la page de pub... ou comment s'enrichir (très très cyniquement le capitalisme agit (au moins ) à visage découvert non sous couvert de sentiments aussi caoutchouteux, plastiques et abusant de deux corollaires, les inséparables naïveté-méconnaissance ou bien encore toute puissance-méconnaissance (il en est moultes autres que vous saurez (re)trouver).
Ô ! J'oubliais une des pires visions (senti-ment?) la pitié ma-petite-dame Michu....et le placide visage de Mâme Boateng se fend d'un large sourire....
Et voilà que Mâme Boateng est re-prise en flagrant délire de digressions, il faut l'en excuser, elle a tant de chose à dire et si peu l'occasion de le faire...Tant la parole est souvent confisquée par les ceux-qui-sont-supposés-savoir-mieux... Le règne des « experts ».Tant il est habituel de parler sur et non pas avec...
Faudrait pas croire que Mâme Boateng accuse, c'est juste que Mâme Boateng déborde...
Elle voulait simplement établir des parallèles (le 42ème de Dos Passos est sublime dit elle en clignant de l'oeil) peut être plus parlant car un tantinet plus proche géographiquement, culturellement ou …


Donc le Ghana pour l'instant (rien n'est jamais acquis, prenez l'exemple de la Côte d'Ivoire qui fut pendant des années citée comme un modèle (Mâme Boateng se demande bien, modèle de quoi ? Modèle en quoi?)...Tout va bien, jusqu'ici tout va bien...  Et qu'en est-il aujourd'hui?), c'est un peu la Suisse de la micro région, le pétrole et le gaz, l'or et le diamant (dans le sous sol et non dans les banques) et les cocotiers en plus...dans une version tropicale.
Petite blague pour détendre l’atmosphère : Connaissez vous le pays d'Afrique recevant le plus d'aide des bailleurs de fonds internationaux 
La Suisse !(pour toutes les aides détournées et conservées dans le très feutré-caché secret bancaire suisse...).
C'est qu'elle sait (pour)rire Mâme Boateng !
Une des preuves de la paisibilité du Ghana sont les dernières élections présidentielles de décembre 2012. Un président élu en un tour. Un opposant déçu car pour la deuxième fois renvoyé dans ses foyers, faisant un peu de bruit, une commission électorale, chargée du contrôle de l'ensemble du processus, faisant son travail et sans observateurs internationaux (extrêmement rare en cas d'élections en Afrique, habituellement pléthore de représentants de l'union européenne, l'onu etc).Car au banquet des élections africaines, souvent les bailleurs de fond s'invitent...
Avec un groupe de jeunes blogueur, actifs sur les réseaux sociaux créant le groupe Ghanadecides qui se lancent pour inciter en photo et joyeusement à s'inscrire sur les listes électorales. Regardez un peu la grande diversité des affiches placardées dans tout le pays pour cet événement. 

Le Ghana est souvent cité comme un modèle démocratique. Une des traductions pourrait être : c'est le seul pays (vitrine?) où la démocratie importée (plaquée?) de la vieille Europe et/ou de la jeune Amérique fonctionne. C'est une vraie république et même pas bananière...
Bon, la Côte d'Ivoire ne peut -plus – prétendre au titre de République, indéfendable au vu de la situation actuelle. Je veux évoquer par là les conflits sporadiques en filigranes existant depuis des années à la frontière du Liberia et l'ouest de la Côte d'Ivoire. Et si nous remontons le passé, même récent, il est facile de voir comment un président (Gbagbo) a pu rester (confisquer) au pouvoir sans élection (on s'embête même plus à faire semblant!). Que faisaient les bailleurs de fond à ce moment là ?
Le Togo ? Mais vous n'y pensez pas ! On y est élu Président de manière héréditaire un drôle de croisement entre un plaquage démocratique qui masque une dynastie royale « élue « ! Du côté des opposants, c'est également de père en fils... Décidément le Togo a quelques fois des allures de tragédie grecque !
Et le Burkina Faso, patrie des hommes intègres (dans sa traduction littérale) me direz vous ?
Hommes intègres peut être pour ceux de la rue mais quand même que dire d'un président « je peux pas dire qu'il est intègre, je peux pas dire qu'il ne l'est pas » m'a dit un jour un burkinabé ce qui en dit,justement, beaucoup et long et tout ce que vous voulez sur la marge de liberté d'expression laissée aux citoyens de la République du Burkina Faso. Le président est installé sur le trône royal depuis plus de 25 ans. Place acquise après la mort – l’assassinat conviendrait davantage - du président panafricain et réformateur Thomas Sankara.
Cette parole très (très-trop) encadrée fait que, malheureusement, nombre de burkinabés éduqués choisissent l'exil (quand sera donc chiffrée la perte, fuite des cerveaux en tant que manque à gagner en développement - et pas seulement - pour tous ces états?).
Cette émigration est même organisée, j'ai rencontré il y a quelques temps de cela, un jeune prof étatsuniens venu en Afrique sous couvert de développement mais dont le vrai boulot était de repérer les cerveaux les « mieux faits » et les plus aptes à se remplir (je cite) afin de leur proposer une émigration au bénéfice du pays accueillant...
Le libéralisme cynique-sauvage (tautologie?) ne s'arrête pas à la porte des banques et bourses, elle s'assoit aussi sur les bancs des écoles et universités.
Voilà pour les pays voisins les plus proches du Ghana...
Alors, en reprenant et (é)tirant la carte de l'Afrique de l'Ouest, nous nous retrouvons nez à nez avec le Niger, pas très très fréquentable ces temps derniers et par le Mali, très très fréquenté lui, mais par l'armée française ...car quand même ces extrémistes musulmans qui interdisaient l'école aux filles, imposaient le voile aux femmes, interdisaient de jouer de la musique et...
Qui interdisaient de ...Rire... ? Comment empêcher un africain de rire ???
Vous imaginez à quel point un pouvoir exercé est tyrannique qu'il en arrive au point d'interdire de rire et tremble sur son assise ? Pensez donc qu'elle est solide, la preuve c'est qu'elle se sente mise en danger par... le rire?
Alors que l'armée française (et fi de l’ingérence ! Tiens, ingérence contre tolérance pourrait faire un bon titre mais qui recouvre une réalité qui ne l'est pas. Car, au final qu'est ce que la tolérance sinon l'expression d'une certaine forme de toute puissance ? Ou bien ? ) vienne mettre son nez est d'une certaine façon rétablir un brin d'honneur de la patrie des droits de l'homme (quelques fois oubliés même sur son propre sol), ce n'est qu'infime partie de la dette de la nation française à sa si chère (à propos a-t-elle coûté plus qu'elle a rapporté, le solde est à combien?) françafric, qui est en train de se solder (trop) lentement.
Sans vouloir offenser personne, car là n'est pas le propos de Mâme Boateng, elle ne reviendra pas sur la fameuse dette d'Haïti ...Mais faudrait quand même un jour penser à aborder ce sujet et le traiter avec tous les égards nécessaires. .
En triturant à nouveau la carte et tirant sur la droite, on se retrouve au Nigéria (j'ai arrêté depuis la mort de Fela Kuti, sa république insolente pour le pouvoir en place était un des seuls endroits fréquentable de cet immense pays d'Afrique (+ de 170 millions d'habitants en 2012, 923 682 km2). Des heurs et combats dans le centre du pays, les enlévements des pétroliers sur la côte atlantique.
A gauche, le Libéria que j'ai évoqué avant...
Voilà pour les grandes lignes... Ceci étant écrit, un foyer d'activiste brûlant ne fait pas pour autant un pays dangereux (ne pas réduire le tout à une des partie...). Savez vous que lorsque la France, connue des émeutes dans certains quartiers, les médias nous présentaient toute la France à feu et à sang. J'avais l'impression que votre pays était au bord de la guerre civile, Mâme Michu.
Alors, c'est tout à fait gentil à vous de vous inquiéter de la « santé » du pays, pour l'instant tout va (à peu près) bien...
Au Ghana. Où les ressources naturelles sont nombreuses et abondantes (et toutes bien côtées en bourse, l'or, le diamant, la bauxite, le pétrole, le cacao, pour n'en citer que certaines), la question du partage et du retour des revenus des ressources du pays, vers les ghanéens se pose.
Un silence comme un soupir et Mâme Boateng reprend : bien sur, électrifier le pays est une priorité, améliorer le système de santé mais aussi construire le secteur secondaire de transformation et porteurs de plus value des ressources naturelles seraient nécessaires. Car pour l'instant, toutes nos ressources naturelles sont extraites (souvent par des compagnies étrangères) et exportées. Nous n'avons pas encore de système de transformation. 



Améliorer le système scolaire et sa qualité, surtout dans les campagnes. (un jour il faudrait que je vous entretienne sur l'état de l'école publique primaire à Akwidaa...qui tiens plus de la ferme à enfants qu'à un lieu d'apprentissage des savoirs). Amplifier la lutte contre la corruption qui touche tous les échelons, statuts et fonctions et pervetis et empoisonne le quotidien des ghanéens, même si le processus est en route.


Alors oui, il reste du chemin à parcourir mais nous sommes sur le chemin...



Nous accompagnerez vous ?
A tout bientôt Mâme Michu !
Keep in touch !


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