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En France, ce n’est pas comme en Italie. On ne peut pas être sénateur à vie. C’est dommage car j’en connais qui apprécieraient ce détail de la loi italienne. Ainsi, les élections sénatoriales françaises pointent le bout de leur nez. Elles auront lieu en 2014 après les élections municipales, lesquelles devraient nous valoir quelques surprises. Pourquoi des surprises ? Parce que les élections locales sont avant tout des élections liées à l’action et à la personnalité des candidats. On juge les sortants sur leur bilan et les candidats nouveaux sur leurs projets et les différences qu’ils mettent en avant avec les tenants des positions. Mais comme les électeurs ont souvent la mémoire courte, ils sautent sur l’immédiat et leur vote se fait sous l’influence de l’actualité. D’où les surprises et aussi certaines injustices. Il arrive que le bilan se traduise en bilans. Ce sera le cas à Louviers puisque Franck Martin aura accompli trois mandats consécutifs de six ans soit dix-huit années de pouvoir municipal sans compter sa présence à la tête de l’agglomération Seine-Eure, au conseil général de l’Eure ou au conseil régional. Il a tâté de tout. On ne sait ce qu’il apprécie le plus. On ne le saura pas d’autant plus que la presse régionale nous apprend que le sieur Martin est, quoiqu’il arrive, comme dirait François Fillon, candidat à un mandat de sénateur. Il ne manquait plus que ça. Sénateur rimerait avec radical de gauche qui rimerait avec 3e République…Pour justifier sa candidature, il explique que ce serait le moyen de ramener la paix dans l’agglomération où l’élection de Patrice Yung a contribué à faire baisser la pression. En cas d’élection au Sénat, l’actuel maire de Louviers serait atteint par le cumul des mandats (1) et devrait renoncer à un mandat exécutif local, celui de maire par exemple. Franck Martin a quelque chose de bien : il fait les questions et les réponses à l’aune de ses intérêts personnels. Il appartient aux autres de se déterminer par rapport à ce qu’il propose. La faiblesse des radicaux devient alors une force pas tout à fait tranquille. Et comme les dirigeants socialistes ne sont pas toujours exigeants… L’Eure a aujourd’hui trois sénateurs de droite. Comme les départements dotés de trois postes de sénateurs vont les élire à la proportionnelle (le gouvernement prépare un projet de loi) la gauche a des chances d’avoir au moins un élu. Évidemment, cela se bouscule au portillon. Le PS peut compter sur de nombreuses candidatures à la candidature, le vote des militants servant à désigner les candidats. Alfred Recours, ancien député, se verrait bien au Palais du Luxembourg. Bruno Questel connaît la maison pour y avoir travaillé au service d’un parlementaire. Jean-Louis Destans considère (on appréciera la formule positive) « qu’il n’est pas absurde d’imaginer » une candidature de Marc-Antoine Jamet, premier secrétaire fédéral du PS. Franck Martin — plus culotté que lui tu meurs — a officiellement revendiqué la première place sur l’éventuelle liste d’union PS-PRG restant fidèle à sa stratégie. Elle consiste à mettre les enchères très haut pour obtenir un peu. Et généralement, il parvient à se glisser entre les gouttes. En annonçant qu’il ferait une liste, même si le PS fait la sienne, il considère qu’il pourrait bénéficier d’un éventuel phénomène de rejet des socialistes. Car sa stratégie est constante : quand les socialistes ont le vent en poupe, ils sont fréquentables, quand c’est le reflux de la marée rose, partons en solo pour éviter le naufrage. Mais avant les sénatoriales auront lieu les municipales. Ne grillons donc pas les étapes. Au lendemain du second tour, les ordinateurs de Solférino, siège du PS, tourneront à plein pour estimer la composition du futur Sénat. Il sera alors temps d’éplucher sérieusement les candidatures. Et les accords avec les autres partis de gauche ou estimés comme tels. (1) Les radicaux de gauche demeurent favorables au cumul des mandats et des indemnités.