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326ème semaine politique: les vacances pour tous, sauf pour Hollande

Publié le 03 août 2013 par Juan
326ème semaine politique: les vacances pour tous, sauf pour Hollande
François Hollande n'est pas parti en vacances, pas encore. Son ancien rival pédale sans doute quelque part près du Chateau du Cap Nègre où il prend encore ses quartiers d'été. A moins qu'il ne soit à Miami où son épouse de chanteuse a été aperçue avec leur fille Giulia.
Le président a demandé à ses ministres de ne pas prendre plus de 15 jours de congés. Il faut se montrer. Les vacances d'un gouvernement sont toujours l'un des sketches les plus futiles de l'actualité estivale. Il est devenu impossible, dans cette démocratie « hystérisée », d'accepter qu'un ministre s'absente pour quelques jours de repos. Il suffit d'imaginer les commentaires en boucle et les boucles de critiques en cas de pépin. A défaut de réponse, la démocratie infantile attend de la présence. François Hollande a évidemment demandé à ses ministres de rester à portée de micro. Ses vacances trop normales en août 2012 lui ont trop coûté. Nicolas Sarkozy prenait des vacances et weekends prolongés à répétition sans que la presse n'y trouve à redire.
La France est à ce point« sarkoïsée ».
Pourquoi Hollande s'ajuste-t-il à la médiocrité ambiante ? Il est certain, prouvé, connu qu'un gouvernement en vacances appelle des commentaires abrutissants de la part de quelques éditocrates sur la prétendue vacances du pouvoir. Ajouter une catastrophe par ci, une urgence par là, et voici que l'opposition s'en régale.  Vendredi 2 août, il y a même eut un conseil des ministres. A quand remonte la dernière réunion en conseil des ministre du gouvernement de la France ? Le projet de loi de programmation militaire a été adopté. Quelque 32 milliards d'euros annuels pour sentir qu'on est une grande nation, avec chars modernes et autres gadgets tueurs. L'auteur de ces lignes est trop pacifiste pour s'intéresser aux polémiques sur le sort de modernité de nos armées.
Cette semaine, François Hollande n'a pas chômé. Ou plutôt, il s'est montré, puisque c'est devenu la règle. Il a même rencontré Corine Lepage, qui vient de créer un nouveau micro-parti, et Frédérique Bredin, nouvelle président du CNC.
Mardi, il faut faire le point. Un drone américain a tué trois membres "présumés" d'Al Qaïda. Au Mali, où il s'agissait de déloger en janvier dernier quelques succursales de la multinationale terroriste, l'élection présidentielle a tenu son premier tour. Un ancien premier ministre aussi vieux que Michel Denisot a est arrivé largement tête. Malgré quelques critiques sur des listes marginalement mais réellement incomplètes, les observateurs de l'Union européenne se sont félicités de la bonne tenue du scrutin. Hollande a vite salué "le bon déroulement du scrutin présidentiel malien, marqué par une mobilisation importante et une absence d’incident majeur, selon les premières observations de la mission de l’Union Européenne." L'Afrique est un sujet sensible. Il s'agissait de tourner la page du coup d'Etat (en 2012) puis de la guerre éclair (début 2013). La participation est même jugée "sans précédent", "une chance et un symbole" commente Hollande. L'ex-premier ministre, Ibrahim Boubacar Keïta, 69 ans, serait le gagnant.
Hollande ne part donc pas en vacances, même pas en weekend prolongé. Mercredi, il visite Clichy-sous-Bois, banlieue considérée comme « chaude » même en plein hiver. Sa visite de quelques heures est une opération médiatique, évidemment. Sarkozy avait latrouille de se rendre en banlieue. Hollande s'en amuse encore. Nous aussi. Ce jour-là, le déplacement permet à quelques journalistes et analystes de découvrir un dispositif voté l'an dernier mais complètement oublié, les « emplois francs ». L'appellation est curieuse. Il s'agit d'emplois subventionnés à hauteur de 5.000 euros, réservés à l'embauche en CDI d'un moins de 30 ans en recherche d'emplois depuis au moins 12 mois et résidant dans une Zone Urbaine Sensible. 
Hollande inaugure aussi une agence locale de Pôle Emploi, curieux symbole.
Quelques militants UMPistes déboussolés croient saisir la bonne affaire médiatique en moquant les vacances pourtant soldées et payées sur ses deniers personnels, de Valérie Trierweiler en Grèce. Elle, au moins, voyage à ses frais. Ces perdus de droite ont l'indignation partielle. A Paris, l'avocat de Carla Bruni a quelque difficulté pour expliquer comment sa cliente a pu claquer 410.000 euros d'argent élyséen pour son propre site internet.
Sarkozy est en vacances au Canada, peut-être le même chalet qu'en 2012, prêté par le milliardaire Paul Desmarais. Puis, ce 30 juillet, il est à Miami. Son épouse Carla y a été photographiée avec leur petite Giulia.
Jean-Luc Mélenchon est en vacances. Il se désespère, sur son blog, que les médias ne s'intéressent pas davantage à ses congés très politiques en Amérique du Sud, en Bolivie. Car le leader du parti de Gauche fait dans le tourisme politique ! Il voudrait prolonger le match, cette fameuse histoire du vol présidentiel bolivien bloqué par la France et quelques autres quand on le soupçonnait d'abriter le jeune espion Edward Snowden. Le dit Snowden vient d'obtenir l'asile politique en Russie. Vladimir Poutine, qui fait peu de cas de ses propres opposants, a une sensibilité très variable aux droits de l'homme. La Sarkofrance aurait extradé l'espion américain. La France de Hollande a eu la trouille atlantiste suffisante pour préférer ne pas l'accueillir.
En ce début d'août, Manuel Valls (Intérieur) a encore fort à faire au point d'agacer jusqu'à Hollande lui-même. Il ne commente pourtant pas ces expulsions de clandestins, même les plus scandaleuses. Sa cote de popularité chute un peu et enfin.
Aurélie Filippetti (Culture) subit pétitions et tribunes en cascade parce qu'elle a imprudemment manié le chantage aux subventions pour dégager quelques patrons de théâtres provinciaux. Le microcosme cinématographique se déchire encore sur une convention collective qui s'appliquera dès octobre. On découvre que l'exception culturelle est finalement défendue par une multitude de petits patrons.
Marisol Touraine (Santé), l'une des nouvelles têtes de turcs d'une "gauche de gauche" qui cherche à renouveler son discours, surveille les dégâts de la canicule. Elle se livre aussi sur la réforme des retraites qui n'aura lieu qu'à l'automne. Rien de surprenant pour qui sait attendre: oui, l'allongement de la durée de cotisations est sur la table; oui, il faut que la pénibilité – la vraie – soit prise en compte; non,
Michel Sapin bafouille lundi sur lesderniers (mauvais) chiffres du chômage. La reprise est fragile, même si elle est là. Pour la première fois en 17 mois, la production manufacturière est en hausse. Les entreprises ont fini d'écouler leur stock. La même semaine, le patron de PSA promet un gel des salaires car "les restructurations commencent à porter leurs fruits". Des fruits pourris ? Air France annonce la suppression de 2.500 postes.
Commenter les vacances des ministres est aussi facile que de prolonger l'autre feuilleton estival que sont les Roms. Certes, Manuel Valls n'en rajoute pas. Point de discours officiel ni même d'intervention publique. Mais il se trouve toujours une commune pour dégager un campement sauvage, quelques journalistes pour relayer, quelques citoyens pour s'indigner.
Il fait chaud, très chaud. Les orages se succèdent à la canicule.
On nous vante le modèle énergétique américain. Car les Etats-Unis, voyez-vous, ont autorisé l'exploration puis l'exploitation du gaz de schiste. Et ce fut un miracle ! Nicolas Baverez, l'un des porte-voix médiatiques du néo-libéralisme inconséquent, a ainsi fustigé « l'apocalypse écologiste » que nous réserverait l'alliance écolo-socialiste au pouvoir. L'apprenti candidat François Fillon, dans l'une de ses 35 propositions de campagne pour 2017, regrette également l'interdiction d'exploration des ressources « non conventionnelles ».
Henri Proglio, le patron d'EDF, chiraquien-sarkozyste (sic!) qui a sauvé son mandat d'une chasse aux sorcières qui n'est jamais venue, explique dans le Monde, ce 31 juillet, que les tarifs de l'électricité française (prononcez "fraaaaaaançaise") resteront "les moins élevés d'Europe". Le même Proglio intéresse le fisc. Sa jeune épouse, une humoriste dénommée Rachida Khalil, aurait reçu de généreuses donations de la part de sponsors par ailleurs fournisseurs … d'EDF. N'y voyez aucune malice, juste une coïncidence. 
Aux Etats-Unis, le modèle énergétique est sacrément menacé par le changement climatique. Ce n'est pas Nicolas Baverez qui vous l'expliquera. D'après un rapport fédéral publié un mois après l'annonce d'un plan Climat par Barack Obama, la catastrophe est déjà là: le déficit en eau frappe près des deux tiers du pays chaque été, et notamment quelque 350 centrales thermiques; on a du mal à refroidir les réacteurs nucléaires; l'extraction du gaz de schiste, très gourmande en eau, estrégulièrement suspendue.
Fillon écrit, il fallait lire ses propositions. Elles sont horribles. Un concentré cauchemardesque de libéralisme assumé (suppression du CDI et de la durée légale du travail; extension de la retraite par capitalisation; augmentation de la TVA; réduction des effectifs de la fonction public) et de nationalisme conservateur (suppression des allocations aux immigrés récents; suppression du droit du sol; quotas d'immigrés votés au Parlement). Où est passé la droite républicaine ?
Le Sarkothon a obtenu un sursis. Il manque encore un peu moins de 3 millions d'euros à l'UMP pour rembourser aux banques les 11 millions de dépenses de campagne que la République laisse à charge de l'imprudent candidat.
La générosité de Nicolas Sarkozy, le principal intéressé, est modeste, 7.500 euros. C'est la somme qu'il a personnellement donnée à l'UMP, pas un euro de plus. Une trentaine de députés UMP ont refusé de contribuer. L'imprudence de l'ancien monarque n'agace plus, elle enrage même à l'UMP.
Vendredi, le Conseil d'Etat interdit la suspension d'exploitation du maïs transgénique produit par la multinationale MONSANTO, le fameux MON810. Les ministres Martin (Ecologie) et Le Foll (Agriculture) promettent une nouvelle interdiction avant la nouvelle saison des semis.
Bienvenue en août.
Il faut chaud, la France médiatique commente la chaleur et les vacances.
Ami sarkozyste, prépare-toi.
Ami gauchiste, ne désespère pas.


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