Dernière remarque sur la huitième et dernière préface de PGEN, dont nous avons parlé la dernière fois. Au début, Aron cite Rousseau qui cite lui-même l'abbé de Saint-Pierre.
Celui-ci est l'auteur d'un "projet de traité de paix perpétuelle" qui eut un grand succès au XVIII° siècle, à cause d'ailleurs de ce qu'en dit Rousseau. Ces textes popularisèrent une idée, celle d'une société internationale pacifiée. On en voit aujourd'hui les lointaines ramifications : système onusien, droit des conflits armés, etc.
Il y a une certaine mise en abîme de ces auteurs.... Mais ce n'est pas ce qui m'intéresse ici.
En effet, il y a toujours cette question du rapport entre la force et la loi. Pour Rousseau, la loi domine la force à l'intérieur (c'est le droit des gens) mais pas à l'extérieur.
Aron admet cette idée classique: le droit entre États diffère de celui régnant à l'intérieur des États. Et il précise qu'écrivant "entre les Nations" il pensait "entre les États" (p. ii).
Enfin, il donne une définition de la guerre, "choc armé entre les États, ou épreuve de force entre les troupes plus ou moins organisées des États. Ni les assassinats, ni le terrorisme, ni la compétition économique ne constituent une guerre, au sens que je donne à ce concept". (p. iii)
Pour décrire le système économique, il utilise la formule du centre et de la périphérie (p. iv) qui suggère bien l'environnement marxisant de l'époque. Mais il dénonce cette approche : Iran et Irak se font une guerre sans motifs économiques (Lacoste dirait, à la même époque, pour des motifs géopolitiques). Bref, le système économique n'est pas une objection à la primauté donnée par Aron au fait étatique.
O. Kempf