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les enfants et la lumière

Publié le 05 août 2013 par Triton95

Je regarde stupéfait les jeunes passer leur temps devant la télé, le téléphone portable, l’ordinateur, la tablette, etc, ne plus jamais quitter l’écran des yeux, et y vivre tous leurs loisirs, toutes leurs relations. Il semble que le monde du dehors, celui du foot, de la pêche à la ligne dans les endroits perdus, ait disparu de leur horizon. Je me souviens que je vivais mal l’enfermement urbain, la ville était une douleur pour moi, et je ne rêvais que de la fuir, vivre en Auvergne, au bord de l’océan, loin dans le grand vert.

J’ai aimé Paris pourtant, où les hasards du travail m’ont amené. je relisais Sacha Guitry qui écrivait «Être parisien, ce n’est pas être né à Paris, c’est y renaître. C’est un peu vrai, Paris était une ville extraordinaire, dont Guy Debord disait que l’on préférait vivre pauvre à Paris que riche n’importe où ailleurs. Aujourd’hui, je m’interroge, la ville où j’habite, ne me vaut plus tellement de visites, comme lorsque j’habitais entre les murs. On n’y vient pas volontiers, et je reçois des réflexions "on y vit ici comme trois mille ans avant JC" "il faut te barrer d’ici vite ". Il est vrai que, pour moi qui ai vécu dans les années 70, j’ai l’impression à une immense régression, comme si la population locale avait décidé de bâtir son propre apartheid, de vivre une vie inactuelle. Je ne voyais pas l’avenir ainsi, c’est comme si l’avenir rationnel, futuriste de mon enfance, était devenu un âge obscur. Je ne pensais pas vivre, non un retour vers un passé que la France n’a jamais connu, mais l’invention d’un passé qui serait présenté comme un avenir.

Parfois je repense à ces espaces de nature, comme à un retour vers un pays éternel, où rien ne voilait autant l’avenir. L’âge venant, je rêve d’un endroit plus harmonieux, où je me sentirai moins en désaccord avec mon temps. Pourtant la ville s’embellit, et elle n’est pas pleine de violence comme on voudrait la dépeindre. On essaie de restituer les architectures du moyen-âge, ce qui paradoxalement, est comme une sorte de retour à des racines, des fondements, que l’on redoute de perdre.

Le temps a passé pour moi, Maxime Le Forestier disait que l’on est vieux quand on n’a plus rien à dire, mais aussi, quand il n’est plus personne pour nous écouter. Peut-être est-ce le cas, mes références ne disent plus rien à personne, et mon monde appartient tout autant aux morts qu’aux vivants. Je me sens tellement plus vieux que mon âge, mais ce n’est pas une illusion.



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