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Pourquoi avons-nous besoin d’une Ecole politique au Parti Socialiste ?

Publié le 06 août 2013 par Letombe
Pourquoi avons-nous besoin d’une  Ecole politique au Parti Socialiste ?

Pourquoi avons-nous besoin d’une Ecole politique au Parti Socialiste ? Comment réaliser la formation tout au long de la vie des adhérents et la promotion sociale des militants issus des classes populaires, de la classe ouvrière et des travailleurs ?

Cette dernière question trouve tout son sens alors que vient de disparaître une figure du socialisme, Pierre Mauroy, qui avait en son temps rappeler une évidence que nous détaillerons dans notre texte, à savoir qu’ « Il faut utiliser les mots de travailleurs, d’ouvriers ou d’employés : ce ne sont pas des gros mots ! La classe ouvrière existe toujours. Pour le premier tour, et le second, il faut donc des gestes à l’égard du mouvement populaire. (Pierre MAUROY dans une interview accordée au « Parisien » - « Aujourd’hui en France », le 5 avril 2002) ». C’est donc à partir des devoirs qui s’imposent au Parti Socialiste que nous aborderons les deux questions, puis que nous proposerons un chemin pour retrouver le lien avec les Français, et peut-être la méthode pour leur faire retrouver le chemin des urnes.

Nous avons un devoir d’ouvrir le débat et de l’éclairer !
Notre époque, plus qu’une autre, nous interpelle sur l’absence de confiance dans l’avenir et dans la gestion collective de nos destinées. Le « moi » a définitivement pris le dessus sur le « nous », au risque de fragiliser des revendications légitimes de Liberté, d’Egalité et de Solidarité. Ces trois piliers garantissent, au plus grand nombre et sans exclusive sociale, la justice sociale, la dignité, le civisme. Conscient de la désaffection croissante pour l’engagement classique en politique, qui passe par l’adhésion à un parti politique, il faut s’interroger sur l’accueil et sur le discours des partis politiques en direction des citoyens et des citoyennes. La construction d’une culture démocratique du débat pourrait être la construction collective de clefs de lecture de l’actualité pour favoriser des lieux d’échanges de l’opinion politique et permettre au plus grand nombre d’exposer son regard sur la réalité. Le débat participatif est devenu une mode qui est le signe d’une volonté politique de retrouver la parole perdue, celle de ceux et de celles qui sont des « experts du quotidien » et que l’on ne sollicite jamais assez. Il ne faut pas avoir peur de l’opinion, il faut l’écouter, dialoguer avec elle et exposer tous les éléments pour neutraliser les idées préconçues. Il est en effet difficile d’opposer démocratie directe et démocratie représentative. Il est plus sage et plus fécond d’associer les deux, sans oublier que la représentativité doit aussi être sociale, au risque d’alimenter une coupure du politique avec la réalité. La « politique hors sol » n’est plus une vue de l’esprit critique, elle se traduit par un décalage entre les choix et les besoins. Un des éléments qui permet de mesurer cette crise de la représentation est la défection de l'électorat au cours des consultations, même les plus importantes. Le taux d'abstention élevé révèle une défiance d'une partie importante des citoyens à l'égard des élus. Restaurer la confiance suppose de s’interroger sur les partis politiques qui sont des « fabriques de la représentation nationale ». Il s'agit donc de faire participer plus de citoyens au débat public et politique. Nombreux et majoritaires sont les citoyens qui n’appartiennent pas aux canaux habituels de mobilisation que sont par exemple les partis politiques ou les associations. Là se trouve l’enjeu pour retrouver un espace de restauration du lien de confiance, à travers l’écoute réciproque et la bonne information. En effet, il ne faut pas sous estimer l’intérêt de partager toutes les informations pour éclairer la prise de décision collective. La politique ne peut être un exercice solitaire ou de synthèse. La politique est une œuvre collective, portée et défendue par des hommes et des femmes garant d’un intérêt collectif et d’une vision partagée et discutée. C’est un pari fantastique pour la démocratie représentative. Une hypothèse de travail sur ce sujet est de repenser la promotion et donc la formation des sympathisants et des adhérents. Rendre la parole aux sympathisants est un présupposé qui nécessite dans le même temps de s’interroger sur l’accompagnement des militants. Le militantisme doit retrouver une base plus large au niveau des catégories sociales, et d’abord auprès de ceux et de celles qui participent à la diversité socio-culturelle de la France qui peine. Nous pensons aux allocataires de minima sociaux, retraités, salariés (du cadre à l’ouvrier en passant par l’employé, l’agent de maîtrise, le technicien), paysans, artisans et chefs de très petites et moyennes entreprises. Il ne s’agit pas d’opposer des catégories, mais de rendre à la démocratie un peu de vigueur et de diversité sociale. Aucun parti n’a le monopole de telle ou telle catégorie, mais la Gauche a des devoirs moraux et politiques envers ceux et celles qui n’ont que leurs bras et leurs compétences pour obtenir une assistance, un salaire, une activité de production de biens ou de services. Nous n’avons pas d’ennemi, nous avons des aspirations pour les forces vives qui ne demandent qu’à participer à l’effort national. En contrepartie, nous leur devons une place dans l’écriture et la conduite du projet national. Au Parti Socialiste, en 1999, Yves Attou et Henri Weber ont l’idée d’une Université permanente. A titre d’exemple, le Premier secrétaire fédéral de l’Île de la Réunion qui fait cette U.P essaime, mais il reste un cas d’école. Et pourtant, comme le souligne l’un des pères fondateurs de cette U.P, la formation c’est 5 points de gagner aux élections ou l’inverse si il n’y a pas de formation. D’où l’intérêt de retravailler le sujet avec une base sociale élargie. C’est une façon de poursuivre l’œuvre féconde de l’école républicaine pour acquérir de nouvelles connaissances : « l'instruction ne devait pas abandonner les individus au moment où ils sortent des écoles : qu'elle devait embrasser tous les âges, qu'il n'y en avait aucun où il ne fut utile d'apprendre, (car) l'instruction doit assurer aux hommes, dans tout les âges de la vie, la facilité de conserver les connaissances ou d'en acquérir de nouvelles (Avril 1792, Marie-Jean-Antoine Caritat, marquis de Condorcet, faisait naître devant la Convention le concept prometteur de l'éducation permanente) ».

Une école de formation des militants.
La création d’une école de formation, dans chaque département, avec pour objectif de diversifier la base sociale de recrutement des futurs cadres, élus, au nom du Socialisme Démocratique est un moyen d’informer et d’aider les militants à appréhender le monde et les mutations. Cette école est un outil au service de la correction des inégalités d’accès à la prise de décision. Il s’agit bien d’une injustice qui empêche certains d’accéder à la prise de parole parce que trop souvent disqualifiés par le manque de diplôme(s). On ne peut plus évoquer, à chaque élection, la vie de plus en plus difficile des classes populaires, de la classe ouvrière, des travailleurs, ces citoyens qui n’ont pas une situation confortable et ne possédant pas de patrimoine (financier, immobilier, foncier) et ne pas imposer à la Gauche les moyens de les entendre, de les écouter, de les promouvoir. Ces militants issus de milieux populaires enrichiront la compréhension de la société et des attentes, apportant un regard « concret » sur la société et notamment sur le monde du travail et sur la vie des chômeurs. Ils participeront à l’élaboration de propositions qui permettront d’ancrer nos discours dans la réalité, et d’imaginer des changements plus féconds pour les nouvelles générations. Cette école ouverte à tous les militants volontaires permettra aux militants d’origine modeste ou populaire de participer à l’élaboration des décisions et de lutter contre la défiance envers nos élites. Après chaque congrès, un plan de formation sera élaboré dans chaque département dont l’un des objectifs sera de diversifier la composition sociale de nos instances. Le financement de la formation des militants sera assuré par un pourcentage sur la cotisation des adhérents. Notre Parti a cette chance d’avoir parmi ses militants et ses sympathisants des enseignants, des universitaires, des historiens, des économistes, des spécialistes qui pourront dispenser, animer des formations permettant aux stagiaires d’acquérir des connaissances sur l’économie, sur la finance, sur les relations internationales, et de comprendre les causes et les conséquences d’un libéralisme dérégulé et d’un capitalisme déniant aux hommes et à la nature la liberté d’échapper aux lois de l’exploitation sans fin de leurs forces. Le socialisme émancipateur n’a jamais été aussi indispensable et aussi absent. Cette école répondra à la grande idée de la formation tout au long de la vie en l’appliquant à ceux et celles qui sont par nature en attente de plus d’égalité et de reconnaissance. Elle favorisera donc la promotion sociale politique des militants ouvriers, employés, chômeurs, autodidactes ainsi que les militants de la jeunesse souvent oubliée : ceux des contrats en alternance, les lycéens professionnels, les contrats précaires, les jeunes travailleurs et les jeunes demandeurs d’emploi suivis par les missions locales. On n’oubliera pas de promouvoir nos militants, enfants d’ouvriers et d’employés, qui ont suivi des études dans les universités ou dans les grandes écoles. Notre projet n’oppose pas la jeunesse de France, mais nous voulons qu’elle soit plus riche de la diversité sociale de notre pays. Aussi, le Mouvement de la Jeunesse Socialiste se grandira en s’ouvrant à l'autre jeunesse (« 1,9 millions de jeunes ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation dont 900 000 en déshérence » (Pascale Kremer dans Le Monde des 2 et 3 juin 2013). C’est comme cela que le grand projet républicain pourra se refonder à la source de la diversité sociale. La formation politique de nos compatriotes de milieux défavorisés ou d’origine modeste habitant dans la France des grandes métropoles ou dans la France des cités HLM, rurale, périurbaine ou industrielle sera l’un des moyens de lutter contre l’abstention ou le vote pour le Front National de ces citoyens désenchantés par la politique. Il faudra donc avoir la volonté politique d’accueillir et de réussir l’intégration des militants provenant des entreprises, des bureaux, des usines, de la grande distribution, des secteurs comme le commerce, la pêche, l’agriculture, l’artisanat, les emplois de service ou ceux étant actuellement au chômage. Nous n’oublions pas que l’accès à la connaissance doit être associé à la prise de décision et à son contrôle pour garantir un véritable exercice démocratique, qui dépasse le Parti socialiste. Il faudra donc voter et imposer le statut de l’élu qui protègera les travailleurs du privé, qui pourront bénéficier des mêmes droits que ceux de la fonction publique ou exerçant une profession libérale. Ce chantier ne peut davantage attendre car ce que nous sèmerons aujourd’hui bénéficiera au plus grand nombre : «Quand vous semez dans le vaste champ de la République, vous ne devez pas compter le prix de la semence ; après le pain, l’éducation est le premier besoin du peuple. (Danton, 1792) ».

Claude BOUCHAFA – Militant de la section François Mitterrand – Paris 15ème -
Hakim CHALANE – Militant de la section Daniel Sérus Paris 17ème et Membre du Conse
il Fédéral 75


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