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Prisonniers-Extraits de mon premier roman

Publié le 28 avril 2008 par Swanie

Quelques extraits du premier roman "Prisonniers"

" Chapitre 1- La chambre

Sortir de cet état de torpeur, à tout prix. Je dois en sortir. Que faire sinon en sortir ? Cela fait tellement longtemps que je vis dans le brouillard. C’est un épais brouillard qui a fini par me faire peur. J’ai peur depuis si longtemps. Et pourtant cette nonchalance s’accroche encore à moi, cette coriace. Une fois, j’en suis sorti. J’ai vu des gens du monde extérieur. J’ai revu toutes ces têtes. Et puis plus rien. Je ne me rappelle plus de rien. Tout cela semble si loin. Avec le temps les souvenirs s’effacent, même les plus marquants. Cette torpeur, je ne sais même plus quand elle s’est emparée de moi. Depuis quand est-elle là ? Je ne sais plus. Tout est si loin. Tout est si brumeux. Je n’y vois même pas mon avenir. Avant j’avais encore des souvenirs de mon passé. Puis un jour ils ont disparu, volatilisés dans le brouillard. Je n’ai plus aucune image de mon enfance  ni de ma jeunesse. Peut-être bien que j’aie eu une enfance et une jeunesse comme tout le monde. Peut-être que je n’en ai même pas eues. J’ignore tout ça. Je ne sais plus. Cela fait si longtemps que je ne sais plus rien. Plus rien. Rien que cette torpeur et cette brume permanente. Il y a aussi cette fatigue. Cette fatigue est terrassante. Elle commence par le bout des doigts et par le talon. Elle remonte, petit à petit, jusqu’au bout des cheveux. Parfois, elle m’énerve. Mais le plus souvent est que je n’ai même pas la force de m’énerver. Parfois je me dis que cette fatigue vaut mieux que d’être envahi de torpeur. Je veux sortir de cette passivité. C’est un vide si envahissant. Ca gagne doucement. Au début c’est seulement un quart d’heure par jour. Puis ça finit par prendre toute une journée. Et puis tout un mois. Et à la fin le vide remplit entièrement l’existence. Et après on ne s’en défait plus. Le vide est tellement dense qu’on ne s’en aperçoit plus. On ne sait même pas qu’on est dedans. Il n’y a pas d’indice. Tout est devenu vide. Même mes paroles sont vides. Elles sonnent creux comme le son du tambour. On imagine qu’il n’y a rien à l’intérieur. Dedans c’est le vide. Vide. Vide. Vide. Rien. Parfois il m’arrive de voir certaines images. Par exemple, j’ai vu mon cerveau. C’était juste une surface plane, d’un calme plat. Assez liquide, sans remous et avec une brume épaisse à la surface. Mon cerveau était comme ça. C’était comme une immense flaque d’eau sale des pays nordiques. On sentait qu’au fond il ne pouvait y avoir que de la boue, quelques déchets aussi peut-être, mais la flaque est si opaque qu’on ne peut jamais y voir le fond pour dire ce qu’il s’y trouve. Je me demande même s’il existe un fond. L’eau est tellement boueuse. J’ai pourtant fait un immense effort pour voir ce qu’il y avait dedans, pour chercher une quelconque présence vivante, mais rien. Je n’ai rien pu voir. Rien que cette eau opaque, calme, morte. Et puis j’ai abandonné. Je n’ai plus cherché à voir, à savoir. Cette triste image de mon cerveau revient quelquefois. Au début ça m’a étonné. Est-ce qu’un cerveau ressemble vraiment à ça ? Est-ce que tous les autres cerveaux ressemblent à ça ? Et par la suite je m’y suis habitué. Je ne me suis plus posé de question à savoir si l’image de mon cerveau était vraiment celle-là et pas une autre ......"


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