Baby love – Joyce Maynard

Par Theoma

« Pour elle, la souffrance est indissociable de l'amour, et rien ne finit jamais par s'arranger. »

Éloge de la contraception.

Premier roman de Joyce Maynard (paru initialement chez Denoël en 1983, merci Philippe Rey !), Baby love surprend par son autopsie acérée d'une société patriarcale. Épatant, en effet, de réaliser que l'auteure n'avait que 28 ans lorsqu'elle a écrit ces lignes désabusées et tristement réalistes.

Difficile, également, d'accepter le fait que cette petite ville de Nouvelle Angleterre semble intemporelle. Il suffit de visiter certains états de l'Amérique profonde, ou ailleurs dans le monde, ou, encore, de regarder des émissions de télé réalité sur les jeunes filles enceintes pour le constater. Baby love brosse avec acuité le portrait de quatre jeunes filles persuadées que leur salut est indissociable de la grossesse. Enfanter un être, le seul censé les aimer inconditionnellement, sans se rendre compte de tout ce que la maternité englobe.

Joyce Maynard dénonce. La misère intellectuelle qui piège, ou pire, rassure mais aussi la difficulté de faire la part des choses entre vouloir plus, signe positif d'ambition et savoir se contenter de ce que l'on a, au risque de tout perdre. La nostalgie d'une jeunesse perdue, le jeu des apparences, l’obscénité du fantasme... entre mélancolie et vitriol, l'écrivaine a très tôt possédé le talent d'en dire beaucoup avec peu.

La lecture de Et devant moi le monde m'a permise de facilement faire le lien entre le personnage d'Ann, cette femme qui ne se remet pas d'une relation entretenue avec un homme charismatique plus âgé et l'auteure. La dépression qui a suivi sa rupture avec JD Salinger hante les pages.

De Joyce Maynard, je veux tout lire.

Philippe Rey, 302 pages, 2013, traduit de l'anglais par Mimi Perrin

Extraits

« Si Sandy devait un jour se réincarner en homme, elle saurait parfaitement comment se comporter. C'est tellement simple de rendre une femme heureuse qu'on se demande bien pourquoi les hommes sont si maladroits. »

«  En fait, il n'aurait pas dû précipiter les choses. C'est comme foncer sur la route pour arriver à sept heures et demie pile à une soirée et s'apercevoir un peu plus tard qu'on s'y ennuie ferme, en se demandant comment faire pour passer le temps jusqu'à minuit… parce que même si ce n'est pas génial on n'a pas non plus tellement envie de rentrer chez soi. »

A découvrir

Les filles de l'ouragan

Et devant moi le monde

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