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Syrie : un pays où la guerre ne s’arrête jamais

Publié le 09 août 2013 par Jessica Staffe @danmabullecultu

Le 15 mars 2011 a sonné le début du conflit syrien.  Suite aux révolutions arabes, le pays s’est embrassé. Aujourd’hui, le pays est ravagé par une guerre civile. Bachar Al Assad n’est pas près de lâcher son poste de président. Tant que la communauté internationale n’agira pas pour empêcher ce dictateur  de perpétrer un génocide, il continuera d’utiliser ces méthodes pour faire taire les rebelles et toutes les oppositions. Pourtant Une enquête du Monde a prouvé, il y a de ça deux mois que le gouvernement Assad  s’est servi du gaz sarin contre son peuple. Une ligne rouge a été franchie. Les armes chimiques font tristement parti du paysage quotidien en Syrie. Le gouvernement syrien continue de nier tout recours à ce type d’armement. Si cette réalité a ému la communauté internationale, aucune action concrète n’a été prise pour empêcher ce bain de sang. Seules quelques mesures de rétorsions ou d’embargo ont été  défendues mais elles ne valent pas toutes les vies sacrifiées.

La Russie s’oppose toujours fermement à toute opération et bloque toute possibilité d’opération militaire. Des armes ont été fournies aux rebelles et le gouvernement de transition a été reconnu mais les pays occidentaux ont l’air de ménager Bachar Al Assad.  Ce positionnement ne facilite en aucun cas les négociations.

Aux origines de l’horreur documentaire France 24

L’image prend le pas sur l’analyse. Le recul est ainsi limité. Lassés de cette réalité sur laquelle ils n’ont aucun pouvoir légitime, ils ne s’en préoccupent plus. Des chiffres leur rappellent de temps en temps, la souffrance du peuple syrien.

La situation semble inextricable et ne cesse de s’enliser.  En deux ans, la Syrie est devenue une véritable poudrière où des dissensions se font sentir.  Des groupes de rebelles se radicalisent quitte à épouser la cause des groupes terroristes comme Al Qaïda, le Hezbollah ou le Hamas quand d’autres se battent pour imposer une politique plus démocratique dans laquelle les femmes auraient leurs mots à dire. Ce constat rend difficile tout compromis. Alep est une des villes syriennes où le combat fait rage. Elle révèle le chaos dans lequel est plongé le pays. Chaque jour, les destructions se multiplient, les morts s’amoncèlent et la désolation parcoure les rues. La haine  emporte  tout sur son passage.

Alep, une ville millénaire meurtrie

 Une guerre sans médias ou presque

Les médias occidentaux ne couvrent plus cette guerre sans nom, sans identité. Le nombre de morts évolue de façon exponentielle.  Sans médiatisation, une guerre en chasse une autre.  Leur présence donne une existence aux civils qui combattent quotidiennement.  La presse, la radio et la télévision apportent dans le meilleur des cas un éclaircissement. Ils permettent de pointer du doigt le caractère irréel d’une situation bien réelle.  Aux yeux des terroristes, ils représentent en général un obstacle à l’expression de leur idéologie et à l’expansion  de leur influence. Peu à peu la Syrie est passé aux oubliettes. Peu s’y intéressent. Ceux qui continuent bel et bien à jouer leur rôle y perdent plus qu’ils n’y gagnent. La vérité n’a pas de prix, elle coûte parfois la vie à ceux s’aventurent dans des terrains mouvants ou en eaux troubles.

Les civils n’en peuvent plus. Ils se méfient de tout. Les journalistes travaillaient déjà difficilement mais aujourd’hui encore plus qu’hier leur vie  semble menacée. Soumis à des pressions, ils risquent leur vie (intimidations, enlèvements, tortures..). Les journalistes étrangers ne sont pas les bienvenus. Leur travail n’est pas valorisé. Cet article du Huffington Post le prouve. Les journalistes free lance sont en première ligne. Les bloggeurs ou activistes du net syrien sont les premières victimes de la répression acharnée conduite par les sbires d’Assad. Eux n’ont pas les moyens de quitter leur pays et subissent de plein fouet ce conflit sanglant.

Didier François et Edouard Elias ont été pris en otage le 6 juin dernier. Pour le moment le gouvernement assure qu’ils sont en vie. Florence Aubenas, ancienne otage en Irak anime le comité de soutien qui leur ai dédié. Ne serait-ce qu’un éternel recommencement ?

A chaque conflit des organisations comme Reporters sans Frontières déplore cet acharnement contre les professionnels de l’information considérés comme de la chair à canon.

Cet enlèvement démontre que les journalistes constituent une monnaie d’échange. Ils incarnent la liberté d’expression et la diffusion de l’information. Daniel Pearl l’a payé de sa vie à Karachi au Pakistan en février 2002. Son combat pour la vérité a été raconté par Mariane Pearl elle aussi journaliste dans le livre  A Mighty Heart/ Un cœur invaincu.

Beaucoup de rédactions n’envoient même plus de reporters sur place. C’est ainsi qu’on explique le manque de couverture de ce conflit sans fin. Le Courrier International  déclare que 60 reporters et 24 journalistes ont perdus la vie en Syrie. Ces pertes ne comptabilisent pas les professionnels enlevés puis libérés quelques heures plus tard.

Les journalistes cibles de Bachar Al Assad (Médias le Magazine) octobre 2012

En Syrie, le nombre de victimes civiles a dépassé les 100 000. Les syriens sont confrontés chaque jour à l’horreur. Cette catastrophe humaine est aussi une catastrophe humanitaire. L’humain doit rester au centre des préoccupations et ne pas être considéré comme un numéro que l’on ajoute à une longue liste de morts, de blessés, de disparus ou de réfugiés. La Real politic oublie très souvent cet aspect et les vrais problèmes ne sont pas réglés. Plus le conflit s’enlise, plus la radicalisation se fait sentir. Elle ferait presque oublier que l’opposition souhaite le départ d’Assad. Les différentes factions défendent une idéologie politique parfois contradictoire Certains combattants rejoignent le djihad et deviennent des terroristes.  D’autres cherchent à imposer un islam modéré et instaurer un régime plus démocratique.

Dans ce chaos, il est difficile de faire la part des choses et de construire une alternative solide au gouvernement syrien actuel. L’opposition est trop morcelée pour remplir ce rôle.

Ce conflit apparaît difficile à couvrir. Sa complexité amène parfois à faire des raccourcis et des amalgames. Ils peuvent semer le trouble dans des esprits qui ne maîtrisent déjà pas la réalité politique et religieuse de la Syrie et du monde arabe en général. Les journalistes sont là pour permettre d’expliquer la situation et d’amener les citoyens à réfléchir. Leur travail consiste à rechercher la vérité et la transmettre. Dans cette guerre civile, ils se retrouvent au centre. Ils sont souvent pris entre leur devoir d’informer et le désir de protéger leur vie quand ils le peuvent.

Ce conflit est aussi une guerre de l’information où tout est bon pour déstabiliser le camp ennemi. Elle vaut de l’or mais le travail des journalistes est peu récompensé et souvent entravé. Ce constat amène de la frustration. Elle fait de cette guerre civile, une guerre quasi sans médias et mise de côté par les citoyens du monde entier.

Jessica Staffe



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