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Compiègne : la stigmatisation des sdf fait le lit de la xénophobie

Publié le 10 août 2013 par Asse @ass69014555

generation-identitaire-amiens-compiegne.jpgIl arrive encore trop souvent que la presse stigmatise les sans-abris par un vocabulaire bien MAL choisi qui fait le lit du communautarisme et de la xénophobie... C'est le cas à Compiègne, dans l'Oise, où la presse présente trop souvent les sans-abris comme des personnes dangereuses.  

S'il arrive que les gens de la rue soient sous l'emprise de l'alcool - avec toutes les réactions que cela comporte - aller jusqu'à les présenter comme des personnes qui « passent leur temps à boire », « font peur aux mères de famille » ou « mendient méchamment » noircit inconsidérément leur comportement, fasant le jeu de l'extrême droite.

C'est ainsi que Génération identitaire Picardie a vu le jour le 13 juillet 2013 à Amiens. Il s'agit de la déclinaison locale du mouvement politique Génération identitaire, fondé en septembre 2012 .


Depuis plusieurs mois, le groupe est actif à Amiens, Soissons, Beauvais, Compiègne et Crépy-en-Valois. Un activisme qui se manifeste pour l'instant uniquement par des collages d'affiches ou d'autocollants. Mais quels collages !

En janvier dernier, à Amiens, des autocollants sont notamment apparus sur la vitrine d'un restaurant à kebabs de la rue Jules-Barni. Les slogans qui y figurent sont lourds de sens: « 732, Poitiers... Ils t'en ont pas parlé ? » et « Défends toi, ici c'est chez toi ».

Le courrier Picard 08 08 2013

CINDY LÉCRIVAIN

Hier, 9 h 30 du matin. Quatre sans-abri cherchent à s'abriter de la pluie battante sous un arbre du square Saint-Germain, à Compiègne. À l'arrivée de la police municipale, un d'entre eux vient jeter la cannette de bière qu'il vient de terminer. Un autre a bien compris ce qui allait arriver. Il apporte lui même ses couvertures pour les jeter lui-même dans le camion du service voirie.

« Aujourd'hui, comme il pleut, ils sont peu nombreux, mais habituellement, ils sont une quinzaine ici. Ils passent leur temps à boire. C'est infernal pour les personnes du quartier. Ce parc est magnifique l'été, et ils ne peuvent pas en profiter avec leurs enfants », déclare Marie-Claire Garreau, élue chargée de la culture et habitante du quartier, venue superviser l'opération pour substituer ses collègues en congés.

Le problème, selon la Ville, c'est l'alcoolisation de ces personnes : « Nous recevons beaucoup de plaintes des habitants du quartier, des mères de famille qui ont peur de passer là avec leurs enfants, mais aussi des clients de Simply Market qui se sentent agressés par ces personnes, qui viennent mendier méchamment », assure Denis Rémy, chef de la police municipale de Compiègne.

« Les habitants de Compiègne sont trop généreux »

Les SDF se disent blasés des interventions répétées des policiers : « On les voit au moins 50 fois par jour ! Ils ne veulent pas nous laisser en paix », explique l'un d'eux. Il se dit à la rue depuis cinq mois, après que son activité de vendeur sur les marchés a capoté. « Oui je suis là et je bois, et alors ? Je n'ai rien à faire d'autre. Il faut bien passer le temps. Je suis allé voir les services sociaux mais c'est trop long, les démarches prennent trop de temps », explique-t-il. Comme d'autres, il passe son temps entre le Café sourire, lieu d'accueil de jour pour les SDF, Simply Market et le parc Saint-Germain.

Son comparse est à la rue depuis « plusieurs années » : « J'étais boulanger, mais je suis devenu allergique à la farine. Les foyers ? Vous croyez que j'ai l'âge d'aller dans un foyer ? », lance-t-il à l'élue, qui lui assure que les foyers sont ouverts, même l'été. Pour la mairie comme pour la police municipale, le phénomène des SDF qui se regroupent devant les magasins alimentaires est le retour du bâton de la générosité des Compiégnois. « Nous avons beaucoup de structure d'accueil, mais aussi des habitants très généreux, ça se sait très vite dans le milieu », explique l'élue. Selon la police municipale, un SDF à Compiègne « gagne » 45 € par jour en temps normal et jusqu'à 90 € pendant la période des fêtes.
La gestion des attroupements de sans-abri qui causent des troubles à l'ordre public prend beaucoup de temps aux fonctionnaires. Denis Remy rappelle qu'il y a aussi tout un volet social. « Nous avons réussi à faire entendre raison à la personne qui se trouvait depuis des années devant la Caisse d'épargne, rue d'Austerlitz qui est aujourd'hui en maison de retraite et à un autre, qui était dans un squat de la gare. Après des dizaines d'années de rue, il est aujourd'hui au foyer Pasteur. Cela nous a demandé du temps, de la patience, et de la communication, mais nous y sommes arrivés. C'est mieux pour tout le monde. »

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