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327ème semaine politique: quand l'opposition contre Hollande s'embourbe...

Publié le 10 août 2013 par Juan

327ème semaine politique: quand l'opposition contre Hollande s'embourbe...

Première semaine de vacances, ça y est, c'est fait. Hollande poursuit un Tour de France imprévu quand ses ministres soufflent, ou presque. Sarkozy s'envole au Cap Nègre mais laisse l'UMP fauchée.
Les vraies nouvelles devraient être économiques et sociales, les diversions - comme toujours - sont à chercher dans la haine et le fait divers.
C'est violent, méchant, mauvais.
Le Plan C, c'est maintenant ?
C'est un modèle qui finit par décevoir, enfin. La contestation grandit sans être toutefois cohérente. L'austérité pour redresser les comptes publics, la mise au pas des économies euro-latines par des plans de contre-réformes hallucinantes, tout ce bordel est chaque semaine qui passe disqualifié un peu plus. Nulle révolution pourtant, pas même un frémissement sondagier. Encore mois un Plan B. La France est en "vacances", même si celles-ci ne concernent qu'une grosse moitié du pays.
Quand nos écrans nous renvoient des images de foules en colère, ces dernières sont brésiliennes, contre le coût d'une compétition sportive ou pendant le déplacement du pape. Marocaines, contre la grâce royale finalement annulée d'un pédophile espagnol. Egyptiennes, où ce sont les Frères Musulmans qui font défiler dans les rues pour réclamer le retour de l'ex-président Morsi, détenu au secret par l'armée. Tunisiennes, où les détracteurs du parti Ennahda au pouvoir, après l'assassinat le 25 juillet dernier d'un second opposant aux islamistes, le député Mohamed Brahmi, n'en finissent plus de manifester. Mais en France, en Allemagne, au Royaume-Uni ou ailleurs en Europe, il n'y a rien.
La stratégie de "sortie" de crise qu'on nous vend depuis 2008 est de plus en contestée presque "naturellement". Les ravages d'une précarisation du travail sont enfin mesurés, à gauche comme à droite.
Le Figaro s'inquiète de ces contrats précaires qui "font florès en Europe", qu'ils s'appellent "contrat zéro-heure" pour un million de Britanniques ou mini-jobs en Allemagne hérités de la période Schröder.
Le modèle allemand inquiète au-delà des cercles "montebourgeois" ou gauchistes. Certes, Angela Merkel est en passe de se faire réélire, notamment après avoir chiper quelques-unes des propositions-phare de son rival social-démocrate (instauration d'un SMIC). Mais l'approche du scrutin de septembre rend enfin et surtout plus visibles les travers d'un modèle qu'on nous vend encore comme la panacée: explosion du travail partiel, accroissement de la pauvreté, régression démographique, sous-activité des femmes, etc...
Quand le FMI critique « l'austérité », chacun voit midi à sa porte: l'organisme néo-lib réclame davantage de privatisations (ie supression de dépenses publiques) et moins de hausses d'impôts. A gauche de gauche, il y en a pour applaudir. On croit tout simplement rêver.
Bref, semaine après semaine, et cette fois-ci encore, le "Plan A" a du plomb dans l'aile.  Seulement voilà, la France est en "vacances", la France est aussi en vacances d'idées. 
Que dire, par exemple, de Christophe Barbier qui s'excite sur le plateau de iTélé ? Il fustige la "France paresseuse", réclame une réduction drastique des congés. Il régurgite le "travailler plus" d'un candidat déchu. 


Le Tour de France du chômage de Hollande
Hollande « déambule » encore. Il visite des coins où les gens ne partent pas en vacances. Ce "Summer Tour" a surpris. Il n'était pas annoncé. Après Clichy-sous-Bois (le 31 juillet), deux fermes à Sarlat (le 2 août), le quartier du Garos, à Auch (le 3), il a poursuivi en Vendée (le 7), puis à Marly-le-Roi dans les Yvelines (le 7). Il croise des gens souriants et des gens mécontents.  
Il ne parle que d'une chose, le chômage.
Il n'invente pas des tables rondes hors sujet. L'UMP se moque de ce tourisme social. Elle préfère l'Autre, l'ancien monarque qui recevait l'été durant dans le château de sa millionnaire d'épouse sur la Côte d'Azur. Hollande est un curieux personnage. Il préfère montrer cette France que « l'on ne montre pas ». Il voudrait que son optimisme sur le front de l'emploi soit "communicatif".
Le chômage progresse encore, mais peu. Si elles ne servent à rien pour le climat social, ces "déambulations" sont indispensables pour deux raisons: primo, il y a encore des gens, nombreux, surtout dans le microcosme, pour penser que se montrer, c'est agir. Au moins, ça les occupe. Ensuite - et c'est l'essentiel - cela force Hollande à prendre le pouls du pays. Car Hollande "déambule" sans le décorum surchargé et sur-sécurisé de l'ancien monarque, avec ses figurants embauchés et son périmètre bouclé par des cohortes de CRS ou de gendarmes.

Bref, Hollande n'esquive pas. Il déambule, rencontre, discute, parle. Mais en face, où est le débat ? Face à lui, que voit-on ? Un spectacle désolant, parfois effrayant, d'une opposition protéiforme qui multiplie les diversions. C'est le monde à l'envers !
L'opposition fait diversion
A droite, l'UMP souffre encore et toujours. Deux élus tentent de lancer l'idée d'un inventaire du sarkozysme. Grand bien leur fasse ! Le PS n'a jamais, ou trop peu, voulu inventorier ses propres échecs quand il était dans l'opposition. Une démarche politiquement coûteuse. Regardez son état aujourd'hui. En septembre 2010, le futur candidat Hollande fustigeait la "paresse" de l'antisarkozysme.
En août 2013, l'opposition n'a pas réalisé que son anti-hollandisme primaire est politiquement inefficace. Pire, elle alimente elle-même toutes sortes de diversions.
Jugez plutôt.
Le parti dirigé par Copé préfère tacler imprudemment la libération en début de semaine par le parquet de Chartres de trois condamnés à de courtes peines arrêtés la veille à Dreux (Eure-et-Loir). Ces trois-là ont du leur salut à un mauvais décret de ... 2004 - Perben ministre de la Justice, Sarkozy aux Finances puis à l'Intérieur. Il fallut rappeler que le fautif de ces libérations, un "bug administratif  était l'ancienne équipe au pouvoir ! Le blogueur Maître Eolas, après un long billet pédagogique: "l’opposition, qui feignait d’être scandalisée qu’on ne remplisse pas les prisons, va peut-être être responsable de la plus grande vague de libération depuis le film la Grande Évasion." Une précision que la ministre Taubira est allée faire sur le plateau de France 2. En l'état, après des vérifications commandées dès juillet, sur quelque 13 cours d’appel et un total de 3 499 condamnations concernées, 6 personnes ont été remises en liberté. Il fallut aussi rappeler que la loi Dati de 2009 encourage ces libérations pour les condamnations inférieures à 2 ans.
Le prétendu laxisme du couple Taubira/Valls est un mythe: "entre 2011 et 2012, le nombre de peines prononcées par la justice a augmenté de 4,5% et celui des peines exécutées de 12,8%" rappelle Frédérique Massat, députée socialiste de l'Ariège.
Cette droite perdue amuse ou inquiète. 
Quand Valeurs Actuelles nous vend un dossier nostalgique hallucinant sur cette "France qui était heureuse", photo "instagramisée" de Pompidou en couverture, on sourit. Mais quand on lit ce témoignage de Nicolas, le "prisonnier politique de la Manif pour tous" sur son incarcération à Fleury-Mérogis, on s'inquiète. Sont-ils perdus pour la République et le débat d'idées pour proférer de telles âneries ?
Le Front national est en vacances. D'autres se chargent de lui faire concurrence.
La furie de quelques extrémistes anti-gay n'a toujours pas de limites. Un militant de l'UMP, lundi (*), se félicite sur Twitter que les militants d'ActUp "portent déjà le triangle rose". Pour les incultes, ce fameux triangle était ce que les nazis faisaient arborer aux homosexuels déportés.
D'autres opposants s'obstinent à propager la fausse nouvelle que Valérie Trierweiler serait sous le coup d'une enquête de justice. Son délit ? Elle n'est pas mariée à Hollande. Ces réacs d'un autre temps, d'une autre France, ne supportent pas qu'un président ne soit pas marié mais toléraient qu'une épouse de Monarque se goinfre aux frais de la République. 
Et Nicolas Sarkozy ? Il se montre. Les photographes sont prévenus. Le Figaro pourrait être soupçonné d'antisarkozysme primaire à relater avec autant de franchise la petite manoeuvre de celui qui a placé l'UMP en quasi-faillite. Le couple Nicolas et Carla s'est d'abord montré au Festival de Ramatuelle, où l'annonce de leur venue a été sifflée par l'assistance. Ils ont ensuite dîné avec le couple royal de Jordanie, à Nice.  Photos, tweets et commentaires, la chose était bien médiatisée. Cette semaine, Carla Bruni a les honneurs de la presse people, de Gala à Paris-Match. Certaines mauvaises habitudes ne changent pas.
Le Sarkothon se prolonge un peu. 80.000 donateurs pour 9 millions d'euros. Il en manque encore deux pour réparer les conséquences de la fraude électorale de Nicolas Sarkozy. Dépenser trop, détourner l'argent de l'Etat pour sa propre campagne de réélection, est une fraude électorale.
Quelques crétins ouvrent un site anti-Rom anti-gitans. Photos dégradantes, textes insultants. Les dérapages les plus obscènes fleurissent en public sur tous les sujets.

Jean-François Copé ? Il donne des conférences rémunérées à l'étranger. C'était au Congo, une chouette démocratie. Le gars est un élu, par ailleurs cumulard, de la République. On se pince le nez. Nicolas Sarkozy, son modèle, se faisait également payer, mais beaucoup plus cher, alors qu'il était conseiller au Conseil Constitutionnel. Dominique Strauss-Kahn, toujours objet d'une fabuleuse enquête sur ses libertinages lillois, ne vit plus que de cela. La Serbie vient de l'embaucher comme conseiller à temps partiel.
Plus à gauche, on veut croire que l'automne sera social. En janvier 2009, plus d'un million de personnes avaient fait craquer l'ancien monarque. L'explosion rapide du chômage et l'atonie présidentielle avait provoqué une vraie réaction. Cette fois-ci, c'est plus dur. La mobilisation est incertaine. Hollande n'a rien précipité. Il n'a pas provoqué de réforme dans le creux de l'été. Les Echos promettent que l'Elysée aurait tranché en faveur d'une hausse de la CSG, mais le vrai débat aura lieu à la rentrée. Un communiste est sûr que la réforme des retraites sera redoutable qu'elle permettra de "cristalliser l'ensemble des mécontentements, des déceptions, de l'écœurement que vit le peuple de gauche face à la tournure prise par cette politique gouvernementale".
Le "peuple de gauche" ? Un concept au périmètre fluctuant. Certains passent plus de temps à le définir qu'à réfléchir comment convaincre une majorité politique; ça frise l'obsession de laborantins ! Pour quelques-uns, ce "peuple de gauche" n'intègre plus ceux - trop nombreux - qui applaudissent Manuel Valls. 
Ce dernier est le parfait bouc-émissaire. On le trouve donc trop "islamopathe" (?) ou trop "islamophobe". Il persiste à entretenir la comparaison avec Sarkozy. Il applaudit presque des deux mains un rapport faussement attendu sur la laïcité. Ses auteurs proposent l'interdiction du port du voile dans les facs. Quelle diversion, encore. Elle permet à Lionnel Luca (UMP) de déraper sur Hitler et Chamberlain... Cécile Duflot relaye sur Twitter les propos de sa collègue Geneviève Fioraso, ministre de l'enseignement supérieur: "Aucune université n'a saisi le ministère à ce sujet : c'est donc que ça ne pose pas de problème. Qu'on n'invente pas des problèmes là où il n'y en a pas."
Le ministre de l'intérieur en fait trop, et pas assez. Il se montre trop, mais ne fait pas assez la différence d'avec le Sarkozy d'antan. Vous avez lu et lirez dans ces colonnes combien cette politique nous agace,nous déçoit. Mais il faut être clair sur la critique: François Hollande a totalement, effrontément, énormément raison de sortir la sécurité et l'immigration de l'ADN du débat politique de droite. C'est la seule, l'unique façon d'apaiser un pays qui en a besoin. Extirper l'instrumentalisation des peurs du langage politique sarko-frontiste est une urgence. Mais il se trouve que Manuel Valls a pour l'instant échoué à faire autre chose que singer son prédécesseur. 
Autre sujet de polémique, le Livret A. Hollande aurait déshabillé le financement du logement social. On se pince pour le croire. Hollande avait ouvert l'été en acceptant de transférer 30 milliards d'euros des fonds collectés via le Livret A au crédit aux entreprises. Pas de quoi fouetter un chat pour qui sait, ou apprend, que le Livret A ne sert qu'à 20% à financer le logement social. Mais les Banques sont des suspects de choix, des proies faciles pour un discours politique encombré.
Et oui, il y a fort à dire sur les banques. Elles se "gavent", dixit l'Humanité. Les résultats semestriels de nos 6 grandes banques françaises sont étonnants de profits. Qu'elles couinent alors sur le nouveau plafonnement de leurs tarifs bancaires que la loi bancaire a durci, notamment pour la "clientèle en situation de fragilité", est indécent et irresponsables. Certains patrons n'ont pas compris. Le lobby s'est payé une tribune d'expert dans les Echos, cette semaine, pour nous convaincre combien ce "plafonnement" était néfaste.
Indécent.
(*) Il sera exclu 3 jours plus tard.

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