Valls a fauté. Il doit être jeté aux lions !

Comme le twitte Vogelsong, "ce type est formidable"….

Il se trouvera certainement sans qu’il soit besoin de chercher bien loin des blogueurs solfériniens pour soutenir l’insupportable Manuel Valls et son bras de fer insensé (qui discrédite pourtant à lui seul tout le gouvernement), contre la garde des sceaux, Christiane Taubira, hier encore applaudie par les mêmes pour son courageux texte légalisant le mariage pour tous… et toutes.  Du jamais vu révélé par Le Monde qui nous fait partager un courrier du Ministre de l’Intérieur ( et la réponse intéressante de la mise en cause) demandant à son Président de les départager dans leur vision antagoniste de la nécessaire réforme judiciaire. Du pain béni (c’est le cas de le dire) pour la droite réac qui n’a cessé de tenter de déstabiliser Mme Taubira, avec des arguments plus que  limites, et des attitudes qui confinaient parfois, plus ou moins ouvertement,  à un racisme assez détestable.

Il suffira de préciser que Ciotti et ce genre de  droite là en général soutiennent activement et sans ambiguïté aucune la position de Valls pour avoir de quoi juger ce que la  vision de Valls a de gauche, et de socialiste. Plus qu’une divergence de traitement du dossier, il y a  là une réelle différence idéologique, et inutile de vous dire que je me sens plus proche de Taubira, pourtant de centre gauche, que de Valls, bien à droite du PS… Comme cette histoire le prouve si besoin en était une fois de plus.  Et entendre Ciotti sur France Info prétendre que Taubira aurait une vision d’extrême gauche suffit à discréditer totalement l’avis du Ministre de l’Intérieur en retour,  resitué pour l’occasion à sa juste place politique. Car prétendre maintenir un cap néfaste qui consiste à miser sur le tout répressif à outrance et le tout sécuritaire quel que soit la nature du délit, c’est contribuer de manière suicidaire à l’augmentation déraisonnable d’une population carcérale qui n’avait pas besoin de cela, argument développé à juste titre par Edwy Plenel ici :

"Un nouveau record en France vient d’être battu le 1^er juillet, avec 68 569 personnes incarcérées. Les réformes se font attendre alors que des taux d’occupation de 200 % sont constatés dans certains établissements, laissant craindre incidents ou émeutes."

Notre pays est en outre régulièrement montré du doigt en la matière par la commission européenne des droits de l’homme qui condamne chaque année la France pour sa politique carcérale, qui ne respecte pas les droits les plus élémentaires des prisonniers, et leur inflige des traitements inhumains et dégradants, indignes d’une société qui se prétend civilisée, voire supérieure, comme dans l’esprit de ces fanatiques d’extrême droite du genre de celui-ci….

Aussi, c’est franchement se jeter dans une voie sans issue,  tout cela pour jouer les matamores et paraitre comme un cador aux yeux des plus extrêmes, surtout à droite.  Voudrait-on draguer l’électorat du FN qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Ceci n’est pas vraiment à l’honneur de ce gouvernement que de voir ainsi  Valls se rapprocher si dangereusement des propositions bien droitières d’un Lefebvre. Et quand on sait que Valls, depuis le début, ne voulait pas de cette réforme, le fait qu’il la torpille si brutalement après les débats en dit assez sur sa façon démocratique de faire, comme le souligne la Présidente du Syndicat de la Magistrature.

Alors, oui, entre Valls et Taubira, Hollande doit choisir. Et ne pas remettre cela aux calendes grecques comme il  a un peu trop souvent l’habitude de le faire. Il en va de l’apaisement des tensions dans un dossier effectivement particulièrement sensible. Si l’on veut donner des gages aux fachos, donnons raison à Valls et continuons dans la voie du pire en construisant toujours plus de prisons et ne développons surtout pas les peines alternatives, dont il est pourtant prouvé qu’elles sont bien plus efficaces et moins porteuses de récidives et de problèmes de mimétisme pour les jeunes et les courtes peines. L’ignorer, c’est encourager l’intensification de la criminalité.