D'après les derniers calculs du Bubulotron 2000, un ordinateur (c) Demaerd Industries employé 24h/24 par l'ensemble du gouvernement français (surtout en août), il apparaît de façon claire que le chômage, en France, augmente dans des proportions alarmantes. Eh si. je vous assure.
Pour lutter contre cette dérive évidente du capitalisme apatride sans foi ni loi, de la mondialisation galopante et des délocalisations de patrons méchants, notre brochette de minustres s'est totalement lâchée pour trouver des solutions qui dépotent.
Et pendant que la brochette de clowns qui se sont improvisés ministres batifole dans les salons pour distribuer les dépliants colorés vantant les mérites de leurs inventions, l'éléphant, au milieu de ces salons, continue de jouer des claquettes sans que personne n'y prête attention tant la frénésie de gobage de petits-fours bat son plein.
Et pour bien brosser le portrait de cet éléphant, j'aimerais revenir sur quelques faits divers, plus ou moins récents. Chacun d'eux permet de voir une des parties de l'éléphant.
Par exemple, je pourrais rappeler le cas typique de ce patron qui employait une douzaine de personnes, qu'il a dû licencier et qui aura abandonné son activité en France, avec d'ailleurs tout ce que ça suppose de taxes non collectées par l’État, tout simplement parce qu'il n'avait pas les bons papiers pour pouvoir continuer. Il avait un défaut (en plus d’être un patron, donc parfaitement méprisable auprès de toute la clique de cancrelats subventionnés qui lui sont passés dessus) : il était immigré, et sa situation était donc totalement dépendante du bon vouloir de l’administration. Ce patron créait une richesse qui ne sera pas ou peu remplacée, et il répondait donc à un besoin de marché. Ses clients semblaient satisfaits des performances de son entreprise puisqu'elle fonctionnait. Une situation win/win intolérable à laquelle l’État a heureusement mis le holà.
Par exemple, je pourrais mentionner le cas à la fois étonnant et parfaitement symbolique de cet individu qui aura construit de nombreuses maisons, des immeubles HLM, des bâtiments publics, des écoles à Limay et même la polyclinique de Mantes-la-Jolie. Les bâtiments sont encore debout. Ceux qui y habitent ou y travaillent sont parfaitement satisfaits du service rendu. Mais voilà : l'individu se faisait passer pour un architecte et n'en était pas un. L'imposteur qui sévissait depuis 1983 avait tout de même répondu à 47 marchés entre 2009 et 2013. Comme, malgré son absence de diplôme, les réalisations menées ne se sont pas écroulées, l’État est intervenu pour s'assurer qu'un type compétent n'aurait pas le droit de continuer à fournir ses services.
Par exemple, je pourrais évoquer l'histoire de ces bars et discothèques clandestins dont le nombre ne cesse de croître en toute discrétion, au détriment évident des établissements qui respectent la myriade de règlements, de licences et d'autorisations obligatoires pour fonctionner. Bien évidemment, toute comparaison avec la période de la prohibition aux États-Unis dans les années 20 et 30 sera repoussée par les bienpensants puisque l'alcool n'est pas interdit en France. Et on oubliera donc le reste de l'éléphant.
Je pourrais aussi, sans grand mal, revenir sur l'actuelle polémique qui occupe les Véhicules de Tourisme avec Chauffeur (VTC), en concurrence directe avec les taxis : quand bien même les clients des VTC sont parfaitement heureux de trouver ce service, quand bien même les chauffeurs sont très contents d'exercer ce métier différent de taxi, quand bien même l’État se gave des impôts et cotisations sur ces emplois et des taxes sur ces prestations, ce dernier a rapidement décidé que tout ce plaisir et toute cette satisfaction devaient être interrompus au plus vite pour ne surtout pas remettre en question le métier de taxi, connexe mais pas semblable. Et bien évidemment, l'éléphant continue de faire des claquettes.
L'éléphant, c'est l'ensemble des lois, règlements, licences et autres barrières qui ont été méticuleusement mis en place pour empêcher les individus d'exercer le métier de leur choix et, par voie de conséquence, de se responsabiliser en tant que professionnel et, de l'autre côté, en tant que client.
L'éléphant, c'est cet ensemble compact de codes, décrets qui fixent les ordres, les numerus clausus, les façons d'agir qui gravent dans le marbre d'une république de copains et de coquins les corporatismes, les cercles, les petites ententes entre amis, et par voie de conséquence, les corruptions, les retours d'ascenseur et les pots-de-vin, en espèces ou en nature.
Et cet éléphant, par nature, écrase de ses grosses pattes maladroites les tentatives de création d'emplois, les initiatives personnelles, fait disparaître des créateurs de richesse que d'autres sont parfaitement prêts à payer, entre adultes responsables. Dans chaque cas que j'ai cité, les barrières introduites par l’État sont, en pratique, totalement artificielles : sa présence ne garantit en rien un résultat final adéquat. Eh oui : des taxis malhonnêtes existent avec et sans licence, des architectes diplômés qui produisent des bâtiments mal conçus sont légion, les bars ou les restaurants à la propreté douteuse existent malheureusement. L'obtention d'une licence ou d'un diplôme, quel qu'il fut, n'a jamais été la garantie que son possesseur s'en montrera parfaitement digne, du médecin au plombier en passant par le notaire ou le "quant" à un desk de la Société Générale. La création d'un numerus clausus n'a jamais garanti l'excellence des happy fews en bénéficiant.
Et si oui, les diplômes, les licences et les numerus clausus peuvent être utiles, ils ne sont en rien nécessaires, et certainement pas partout, et certainement pas en tout temps.
En revanche, ces barrières à l'entrée, dans le cas d'une crise dont les conséquences se montrent tous les jours plus dramatiques, occasionnent à l'évidence des rigidités qui s'ajoutent à un droit du travail déjà obèse. Par exemple, la limitation du nombre de licences de taxis parisiens, totalement arbitraire et parfaitement obsolète puisque datant du début du XXème siècle, période où les clients locaux étaient franchement moins nombreux que maintenant, provoque à la fois un renchérissement de la plaque tant convoitée, un mécontentement croissant des clients qui ne trouvent pas de voitures, et empêche la création d'emplois correspondants. Je n'évoque même pas les embouteillages parisiens, ce n'est pas fair-play. Du reste, les mêmes causes provoquant les mêmes effets, ce qu'on observe à Paris est observable aussi à New-York où le prix de la licence de taxi dépasse maintenant le million de dollars.
Ces exemples illustrent à qui en douterait qu'en France (et dans un paquet de pays sociaux-démocrates dans lesquels le mot "corporatisme" est douillettement considéré), c'est avant tout l’État qui décide qui a le droit de travailler ou non. Ce ne sont pas les individus, au sein d'un marché dans lequel les responsabilités des uns et des autres sont engagés, mais c'est bien l’État qui, s'insérant au milieu des transactions, détermine à la fois qui a le droit d'effectuer la transaction, et à quel prix, en échange d'une garantie de bonne fin qu'il est en pratique incapable d'assurer (tout comme la sécurité sur son propre territoire).
Et chaque barrière qu'il crée ainsi entraîne naturellement des pénuries. Plus hautes les barrières à l'emploi, plus forte la pénurie. Avec plus de trois millions de chômeurs (et probablement plus de quatre en réalité), l’État français a construit de formidables barrières qu'aucun politicien ne semble vouloir attaquer. Pire : on peut en voir une myriade qui entend les consolider.
Ce pays est foutu.
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