Magazine Société

Pour Marie-Arlette carlotti « la solidarité ne prend pas de congès »

Publié le 16 août 2013 par Asse @ass69014555
marie-arlette-carlotti.jpg

La ministre déléguée à la lutte contre l'exclusion, Marie-Arlette Carlotti, a rendu visite jeudi à plusieurs équipes de soutien aux sans-abris dans le XIIe arrondissement de Paris, affirmant que "la solidarité ne prend pas de congès".

Peut-être... Mais cette solidarité insuffisante toute l'année l'est encore plus en été lorsque la plupart des associations ralentissent ou stoppent les maraudes, les présences sur le terrain, les distributions alimentaires, les rendez-vous, les permanences et les mesures concrètes dédiées aux sans abris...

Nous sommes ravis des intentions énnoncées lors de ces visites, mais rien de concret ne les accompagne !

 

(...) la ministre a rappelé la volonté du gouvernement de "mettre fin à la politique du thermomètre : on ne veut pas s'intéresser aux sans-abris que pendant l'hiver".

"On parle beaucoup des vacances, de ceux qui ne peuvent pas partir, mais jamais de ceux qui ne partent pas parce leur souci est de trouver un toit pour la nuit. Quoi de mieux que le 15 août pour le faire? ", a-t-elle dit, rappelant qu'il y a "en gros 140.000 personnes sans abri en France, moitié Français moitié étrangers, dont 30.000 enfants". "Parmi ces sans-abris, 9% sont dans la rue, souvent des hommes. Pour le reste, des solutions sont trouvées", comme des accueils en hébergement d'urgence.

Ces chiffres se référent à la dernière enquête de l'INSEE qui se basait sur les personnes ayant fréquenté les services d'hébergement ou de restauration dans les agglomérations de plus de 20.000 habitants, entre le 23 janvier et le 3 mars 2012.

 

En terme de statistiques, il ne faut jamais oublier de bien tenir compte de "l'échantillon de la population étudié" et des "conditions de réalisation de l'étude"...

 

Or l'insee précisait bien les limites de cette enquête...

« Plusieurs catégories de sans-domicile ne sont pas prises en compte dans l’enquête :

- ceux qui dorment dans un lieu non prévu pour l’habitation (les sans-abri) et ne font appel à aucun service enquêté ;

- les sans-domicile présents dans les agglomérations dépourvues de services pris en compte dans le champ de l’enquête ;

- les sans-domicile vivant dans des agglomérations de moins de 20 000 habitants. Cependant, les services de 80 agglomérations de 5 000 à 20 000 habitants ont été recensés et ont fait l’objet d’une enquête spécifique, permettant d’extrapoler le dénombrement issu des résultats de l’enquête dans les grandes agglomérations à l’ensemble du territoire métropolitain ;

- les sans-domicile non francophones qui ne parlent aucune des langues prévues dans le cadre du questionnaire destiné aux non-francophones. Ces derniers ont cependant été dénombrés. »

 

"On n'occupe pas le terrain pour faire de la représentation, mais pour voir concrètement sur place que deviennent les dispositions qu'on a prises, comment il faut les améliorer", s'est défendue la ministre devant la presse.

 

La ministre a rencontré une équipe de la brigade d'assistance aux personnes sans-abri (BAPSA), sous le pont Charles-de-Gaulle, où plusieurs hommes sont installés dans des tentes, protégés des regards par une palissade en bois. L'un d'eux a expliqué qu'il venait de Roumanie et vivait là depuis un an. Jean-François Molas, commandant de la BAPSA, a souligné les risques sanitaires propres à l'été, "insolation, déshydradation, pour les sans-abris qui boivent" (de l'alcool).

 

Ah... Et les sans-abris hommes, femmes et enfants qui ne boivent pas d'alcool ne risquent pas quant à eux de se déshydrater ou de prendre une insolation ?

Alors que les places d'hébergement d'urgence sont moins nombreuses en été et que certaines [la plupart NDLR] structures d'aide alimentaire ferment, la ministre a visité un espace solidarité insertion (ESI), structure d'accueil de jour pour personnes isolées orientées par le 115 (numéro d'appel d'urgence pour les sans-abris) géré par l'association Aurore. Elles y trouvent douches, lave-linge, ainsi qu'une permanence médicale et sociale.

 

Mais il n'en reste pas moins que le constat est amer...

  • Hébergement d’urgence - Le nombre de places d’hébergement est en permanence totalement insuffisant. Sa réduction l’été est en inadéquation totale avec l’augmentation du nombre de sans-abris au sortir de la trêve hivernale.

  • Accès à l’eau - Que Paris propose près de 500 fontaines publiques ou que Marseille - où la mer n’est pas à boire - n’en propose que 29 n’y change rien ! Si les équipes de rues sont bien sensibilisées aux risques liés à la canicule, elles ne peuvent le plus souvent distribuer qu’un verre d’eau ou un café durant leurs « maraudes » faute de containers ou de bouteilles réutilisables.
  • Sanitaires - L’accueil dans les douches publiques n’est guère plus adapté avec une heure d’attente dès l’ouverture pour 10’ de toilette ; le manque chronique de produits d’hygiène et le refus quasi unanime d’accueillir les enfants.
  • Manque de lien – Juillet et août sont les mois qui comptent le moins de structures ouvertes et le moins de bénévoles sur le terrain. Difficile d’évoquer quelque aide concrète que ce soit dans ces conditions…

  • Santé – Maraudes « médicalisées » insuffisantes ; ordonnances sans remises de médicaments ; manque de couches et d’aliments spécifiques pour les tout petits… Il est insupportable de  voir un homme souffrant d’une thrombose sortir de l’hôpital avec une ordonnance pour du Doliprane et des béquilles que personne ne peut délivrer. Indigne de découvrir qu’un adolescent épileptique se passe de son traitement. Insupportable de côtoyer une jeune fille en fauteuil roulant qui demeure 24h sur 24h dans la rue en attendant le RV pour un IRM fixé à mi-septembre !
La ministre a également rendu visite aux pompiers de la caserne Chaligny, qui ont souligné que 80% de leurs interventions étaient des "secours à personnes". Cinq pour cent des victimes secourues sont des SDF et 20% des personnes âgées.

La visite s'est terminée par le Centre d'Hébergement d'Urgence de la caserne de Reuilly, ouvert en décembre 2012, qui héberge 160 personnes en grande précarité. Il doit fermer en mars 2014, les locaux cédés par l'Etat à la ville de Paris devant être transformés en logements, dont la moitié sociaux.

 

Est-ce que ces 160 places seront remplacées après mars 2014 ? En attendant de le savoir, nottons que la diminution et la dispersion géographique des dispositifs ainsi que le manque de bénévoles sur le terrain compliquent en été le quotidien des personnes qui (sur)vivent dans la rue. Et que cette situation se transforme en marathon de l’impossible pour ceux qui ont des difficultés de mobilité (handicap…) et pour les nombreuses familles – roms européennes en particulier - à la rue avec des bébés et des enfants.


Alors si cette visite n'était pas seulement médiatique, peut-être que les réponses aux courriers sollicités par le ministère de l'Égalité des territoires et du Logement et par le secrétariat de la ministre déléguée en charge des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion comporteront un peu plus de concret ?

 

Nous attendons avec impatience de les lire...

 


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Asse 15027 partages Voir son profil
Voir son blog