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Stratégies électorales

Publié le 18 août 2013 par Malesherbes

Depuis la réforme constitutionnelle de 1962, le candidat qui obtient au second tour de l’élection présidentielle plus de la moitié des suffrages exprimés est élu. Aucun des partis présents en France ne disposant d’une telle majorité, chacun des deux candidats du second tour doit s’efforcer de convaincre des électeurs en dehors du parti dont il est issu. Sans être le moins du monde politologue averti, je vais présenter ici à grands traits ma vision des stratégies utilisées par les candidats élus depuis 1965.

Fort de sa stature de personnage historique, se déclarant au-dessus des partis, Charles de Gaulle remporta l’élection de 1965. Ayant quasiment annoncé une  future candidature dès janvier 1969 à Rome, avec donc trois ans d’avance, poussé par la secousse de 1968 présentée comme une menace des Rouges, Georges Pompidou triompha sans difficultés en 1969. Son décès en avril 1974 entraîna une brève campagne électorale d’où, se positionnant au centre de l’échiquier politique, émergea Valéry Giscard d’Estaing. Soutenu sur sa gauche par le Parti communiste, François Mitterrand gagna l’élection de 1981. Ensuite, ayant phagocyté le Parti communiste pour mieux s’approprier une partie de ses électeurs, il favorisa, sur la droite du RPR, le développement du Front national et obtint ainsi sa réélection en 1988 avec un score supérieur à celui de 1981. 

En 1995, dans le climat de lassitude dû à la longue fin de règne de François Mitterrand, Jacques Chirac se posa en champion de la sécurité et promit la réduction de la fracture sociale, chipant aux socialistes l’adjectif de leur raison sociale. Il remporta ainsi sa troisième tentative présidentielle. Inversement, en 2002, pour tenter de capter des voix parmi les indécis et à droite, dès le début de sa campagne, Lionel Jospin déclara que son projet n’était pas un projet socialiste. Il reconnut la naïveté de sa politique en matière de sécurité et il déçut une partie de la gauche en revendiquant un droit d’inventaire sur l’action de François Mitterrand. Ceci conduisit à son élimination au premier tour. L’épouvantail du Front national assura à Jacques Chirac au second tour un score inouï de 82%, qu’il eut, me semble-t-il, la faiblesse d’attribuer à ses seuls mérites

En 2007, Nicolas Sarkozy se fit, paradoxalement pour un membre des gouvernements précédents, l’apôtre du changement et, plus étonnamment encore pour un ministre de l’intérieur ayant eu à faire face à des émeutes, le rempart de la sécurité. Face à lui, avec un soutien plus qu’incertain des éléphants socialistes, Ségolène Royal tenta de cueillir des voix à droite en enfourchant des thèmes chers à celle-ci, tels le respect du drapeau ou l’encadrement des jeunes délinquants par des militaires. Elle fut battue et, en 2012, Nicolas Sarkozy s’efforça de capturer les voix d’électeurs du Front national en axant sa campagne sur les thèmes chers à ce dernier. La détestation du président était telle chez certains Français qu’il ne put éviter la défaite mais, hélas, contribua à faire progresser dans notre pays les thèses de l’extrême droite.

Fort de ces exemples, un ministre de François Hollande s’applique dès maintenant à se positionner avec une stratégie inédite pour la présidentielle de 2017. Il a pour nom Manuel Valls et je me propose de développer ce point dans mon prochain billet. 


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