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Hollande le séminariste.

Publié le 19 août 2013 par Juan
Hollande le séminariste.
Hollande réunit ses ministres pour parler de 2025. Pas de bol ! Voici que ses opposants de droite comme de gauche sont déjà revenus de vacances. Des congés qui n'ont pas servi à penser au lendemain mais simplement aux élections suivantes.
C'est la rentrée, il faut instrumentaliser au mieux ce qu'on a sous la main. 

Mélenchon, crument obstiné
Fraîchement rentré de ses vacances sud-américaines où il a visiblement rechargée ses batteries politiques, Jean-Luc Mélenchon repart en guerre. Là-bas, il a paraît -il rencontré pas moins de 5 chefs d'Etat ! On pourrait louer la prouesse si le leader du Parti de Gauche ne s'obstinait pas à railler comme "glauque" ou "dérisoire", la moindre des actualités françaises. Le mot d'ordre, sans surprise, est l'affrontement général. Sans surprise, un ponte du PS lui réplique avec la même violence: "Jean-Luc Mélenchon espère l’échec de la gauche au pouvoir, c’est entendu. Il veut la fin du Parti socialiste, on l’a compris".
Car le titre de son interview "choc" est bel et bien un affrontement et une caricature. Dans un interview au JDD ce 18 août 2013, il balaye Valls ("contaminé par Mme Le Pen"), Hollande ("il pratique une politique de droite"), Montebourg ("anti-écologiste").
Jean-Luc Mélenchon ne change donc pas une formule qui pourtant n'a pas fait la preuve qu'elle pouvait être gagnante.
Il parle "dru et cru" contre sa droite la plus proche. A force de taper, les bleus vont finir par se voir. L'inconvénient est que cette crudité, qui par ailleurs conduit à simplifier une situation politique que Mélenchon savait pourtant décrire avec davantage de finesse, finira par provoquer un certain nombre de haine et rancoeurs définitives.
C'est la rentrée.

Epilogue provisoire pour l'affaire Valls/Taubira
Mélenchon mélange une fausse polémique sur le voile dans les facultés qui dura quelques heures avec le vrai dérapage estival du ministre de l'intérieur - sa sortie, involontaire (?) contre la réforme Taubira. De cette dernière esclandre, le JDD affirme d'ailleurs qu'il y avait bien eu une "réunion secrète à l'Elysée" le 2 août, soit une belle semaine avant que le courrier de Valls contre Taubira ne fuite dans la presse. A la lecture de cette révélation, il restait difficile de comprendre qui a gagné des deux ministres. Le vrai combat sera législatif, et donc à l'automne.
La présentation qui fut faite du dit conflit dans l'un des bureaux élyséens a ceci d'éclairant qu'elle pose le sujet sur les moyens face aux ambitions. Le glissement n'est pas que symbolique: de répression contre prévention, le débat dérive vers la question des moyens contre les ambitions. Plus précisément, Manuel Valls, et son équipe, critique l'insuffisance des ressources pour assurer les "peines de probation" chères à Christiane Taubira. C'était surtout l'une des critiques du syndicat majoritaire de la magistrature, l'USM. Malheureusement, dans sa missive prétendument secrète, Manuel Valls insistait trop peu sur cette lacune.
Montebourg trop rose, Wauquiez, trop bête.
Il fait chaud. Il a la chemise ouverte jusqu'en dessous les pectoraux. Arnaud Montebourg présente bien. Il recevait Claude Bartolone au milieu de quelques sympathisants déguisés de marinières "made in France". C'est, pour lui, la Fête de la Rose, à Frangy-en-Bresse.
Une espèce de rituel qui sert à signifier que les vacances sont finies. Cette année, on joue la méthode Coué: "tous derrière Hollande". Venant d'un trublion comme Montebourg qui ne cesse de sortir du compromis gouvernemental avec les écologistes, cette incantation présidentielle prêtait à sourire.
Il y a quelques jours, le Centre d'études prospectives et d'informations internationales s'était inquiété que le "made in France" coûte plus cher de l'ordre de 300 euros par mois pour un ménage. C'était le genre d'études livréeé comme ça, "tout de go", la veille de la rentrée scolaire, comme pour décomplexer nos précaires consommateurs d'acheter étranger.
Ce dimanche, le ministre du redressement productif joue donc "l'unité" (avec Claude Bartolone), il "sonne la rentrée socialiste" dixit le Figaro. Pour les médias, pour les autres qui n'étaient pas présents, cet évènement n'avait aucune autre espèce d'importance. On put entendre Bartolone comme Montebourg tacler Mélenchon.
"Je lui répondrai l'année prochaine" expliqua le ministre. La chose est entendue. Le "Cru/Dru" est bien général.
Un partout, la balle au centre.
A 300 kilomètres de là, un autre faux-jeune premier de la politique - Laurent Wauquiez -  croyait intéresser les médias en gravissant le (petit) mont  Mézenc avec les quelques membres et élus de son sous-courant dénommé la Droite sociale. Ces gens, auto-bien-nommés, ont cette conception du social qui consiste à vouloir exclure des prestations sociales les immigrés trop récents;  et des indemnités chômage celles et ceux qui refusent deux offres raisonnables d'emploi. On avait aussi oublié que Laurent Wauquiez était, comme d'autres, vice-président de cette armée mexicaine qu'est l'UMP .
Pour Wauquiez, la médiatisation de son avant-dernier weekend aoûtien ne servait qu'à attirer l'attention sur ses dernières critiques contre Hollande. Il trouve "surréaliste" le séminaire organisé ce lundi. Il lui semblait dramatiquement impossible que nos gouvernants puissent travailler à plus tard "vu les difficultés actuelles". 
Il est vrai que l'UMP a eu le temps de s'occuper du présent ... et son passé: le Sarkothon, organisé en urgence pour pallier à la fraude électorale de Nicolas Sarkozy, a permis de récolter 10 millions d'euros; les hiérarques du parti se disputent sur l'inventaire de l'ancien monarque. Karoutchi le laisse à Sarkozy lui-même; Balkany se moque; Fillon le fait tout seul; Chatel craint un "procès"; Wauquiez lui-même raille le manque d'audace de son ancien mentor.
Hollande, séminariste. 
Il effraie les "bourges", nous raconte Marianne. Il est accusé d'être le "premier pourvoyeur du FN" par Jean-Luc Mélenchon. 
Il se projette. Ses échéances du moment sont une réforme des retraites, l'espoir que le chômage va baisser, la consolidation de la "reprise". Il veut penser après son propre quinquennat, et même après ce deuxième quinquennat auquel il réfléchit déjà. 2025 est une date comme ça, elle sonne "rond". On s'en fiche, c'est de la prospective. Lundi, ses ministre lui présentent donc le fruit de leurs réflexions. Il y a aura d'autres rencontres. On pourrait aussi attendre les conclusions de la commission "Innovation 2030" présidée par Anne Lauvergeon. Mais l'on se méfie des commissions ad hoc.  On sait déjà ce que certains des ministres ont pensé comme objectifs.
Le 14 juillet dernier, nous étions restés à cette micro-obnubilation sur cette "reprise" qui était "". Mais Hollande nous avait promis de réfléchir à plus loin, sur tous les sujets.
Comme pour rêver à l'après-crise.
15 mois après sa prise de fonctions, tous les ministres connaissent l'état du pays, de son administration, de ses leviers. Qu'il soit tant de réfléchir à un temps plus long que les petites polémiques court-termistes est louable et nécessaire. Chercher le temps long permet aussi de revaloriser la politique.
Certains partis font cela.
Ceux qui ne le font pas s'atrophient.
Tous les hommes d'Etat font cela.
 Ceux qui ne le font pas n'en sont pas.


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