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Alliance cyber et économie

Publié le 19 août 2013 par Egea
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Il y a plusieurs raisons qui mènent à nouer des alliances. Une des principales réside aussi dans la volonté de réduire les coûts. La chose est implicite mais mérite d’être explicitée. En effet, le Rapfor (Rapport de forces) constitue une évaluation d’abord quantitative (même si des facteurs qualitatifs sont pris en compte, ce qui est d’ailleurs une des causes de l’imprécision de ce Rapfor).

Alliance cyber et économie
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Les acteurs cherchent initialement à accumuler des forces dans un camp, selon une logique d’addition. Mes forces plus les tiennes font plus que mes forces seules ou que les tiennes seules.

Toutefois, si la menace se fait moins sentir et qu’on est dans une logique d’alliance permanente, alors les acteurs peuvent modifier leur calcul. Au lieu d’additionner, ils peuvent souhaiter soustraire. A un niveau de forces donné (désiré ou établi), être à plusieurs signifie que chacun a moins à donner. Si on additionnait les forces initiales pour aboutir à un résultat de 150, et que l’on estime qu’on n’a besoin que de 100, alors chacun peut baisser son effort de défense d’un tiers. L’alliance permet de retrancher. L’alliance permet des économies dans l’effort de défense, surtout dans un contexte où l’Etat doit faire face à d’autres dépenses. Or, depuis la deuxième guerre mondiale, ce besoin n’a cessé de se faire entendre, que l’on soit en période de croissance économique (puisqu’il fallut établir l’Etat Providence) ou que l’on soit en phase de dépression (puisqu’il faut alors maîtriser les équilibres budgétaires).

Ce calcul s’entend du responsable politique, qui est obligé, souvent sans en avoir conscience, de faire des choix de grande stratégie (à moins que l'on n'appelle cela simplement de la politique). Or, celle-ci ne se résout plus principalement aux questions de sécurité, mais elle inclut désormais et de plus en plus les questions d’économie. Ainsi, la moindre pression de la menace et l’augmentation de la pression économique modifient peu à peu les critères de choix des décideurs. De ce point de vue, l’alliance qui permet de retrancher constitue une solution qui lui apparaît optimale, amenant des résultats dans les deux ordres, l’économique et le militaire.

Dans le cas du cyber, l’équation doit être revue.

Il y a en effet de grandes congruences entre la cyberconflictualité et la guerre économique. Si on ne peut réduire l’une à l’autre, elles partagent désormais beaucoup. Or, abandonner les investissements de cyberdéfense pour des raisons économiques revient à appliquer à ce nouveau domaine la logique prévalant auparavant. Mais c’est ne pas apercevoir que l’on perd ainsi des positions dans la guerre économique. L’affaiblissement de sa cyberdéfense entraîne un affaiblissement de la position de guerre économique. Ce n’est pas un hasard si les plus fréquents cas de cyberconflictualité portent sur l’espionnage économique, et désormais sur des sabotages économiques (cas Shamoon, 2012).

Dès lors, le calcul de l’alliance ne tient plus. Croyant gagner d’un côté en perdant peu de l’autre, on perd en fait des deux. Le « autant pour moins », qui constitue le mot d’ordre de toutes les stratégies de rationalisation, ne fonctionne plus.

Il faut donc recommencer à additionner. Pour gagner l’économie, on ne peut plus économiser.

Cela n’exclut pas les stratégies d’alliance, cela signifie simplement que ce la logique qui les sous-tendait dans un passé récent ne suffit plus. Le cyber amène à reconsidérer les logiques d’alliance.

O. Kempf


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