Depuis le début des événements relatifs aux jeux Olympiques à venir, on ne cesse de m’interroger : quelle est mon opinion ? Et après le passage de la flamme olympique à Paris dans les conditions que l’on sait, les questions ont fusé de plus belle.
Ne sachant pas si un an et demi passé en Chine - et les relations très proches que j’ai conservées depuis - me donnent quelque légitimité à avoir une opinion plus "autorisée" que n’importe qui, j’ai souhaité prendre le temps nécessaire pour digérer les événements, écouter les arguments des uns et des autres, fouiller dans ma bibliothèque personnelle, et regarder "le feu prendre", tant dans les médias traditionnels que sur le net.
Tout d’abord, il est amusant de constater que ce qui se passe entre la France et la Chine est parfaitement révélateur des psychologies chinoise et française. Exactement comme la crise entre les Etats-Unis et la France au début de la seconde guerre en Irak était parfaitement symptomatique des psychologies américaine et française.
Nous sommes décidément très forts pour provoquer les étrangers exactement sur ce qui est important pour eux : les Américains sont fiers de leur puissance militaire, de leur armée, de leur démocratie ; nous leur avons dit que tout cela était foutaise, que leur démocratie allait violer le droit international et que leur armée si puissante allait s’enliser… Nous avions raison, bien sûr. Et nous avions toute légitimité à les prévenir, bien entendu, et surtout en tant que partenaire et ami. Mais avoir raison et être légitime ne sont pas deux raisons suffisantes pour blesser une nation, pour l’attaquer sur ce qui lui est sensible. Un minimum de psychologie ne fait de mal à personne.
Avec la Chine, bis repetita.
Il n’y a que ceux qui n’ont jamais mis les pieds en Chine pour imaginer que c’est un pays qui souffre d’une dictature sanglante. La Chine n’est pas la Roumanie de Caucescu, dans laquelle personne n’avait le droit de s’adresser à un étranger, dans laquelle la TV émettait deux heures par jour, dans laquelle la viande était une denrée rare. Non. Rien à voir. La Chine est une super puissance moderne, ultracapitaliste, dont le seul dieu est le dollar. Et vous savez quoi ? La Chine a une psychologie DIFFERENTE de la nôtre ! Incroyable, non ?
Certes, ça vous paraît évident, une lapalissade, à lire comme ça, sauf que notre comportement collectif semble totalement faire fi de cette simple évidence. Jetons un œil sur quelques faits qui peuvent éclairer ces différences.
Tout d’abord, les Chinois - les Han - ont vécu pendant des siècles sous domination plus ou moins étrangère. Pendant des CENTAINES d’années, des ethnies diverses ont dirigé l’empire et, durant les dernières années avant la révolution de Mao, c’est nous, Anglais, Français, Américains, qui avions le pouvoir… Regardez comment nous, en France, ressassons sans arrêt nos quatre ans d’occupation… QUATRE ANS ! Pendant quatre ans, les Allemands avaient le pouvoir en France, et nous ne cessons de nous référer à cette époque. Ensuite, grâce au tour de magie de de Gaulle, nous avons réécrit l’Histoire et complètement fantasmé "La Résistance". Nous avons idéalisé notre propre réaction à ces quatre années… mais alors… qu’en serait-il si, au lieu de quatre ans, les Allemands, puis les Anglais, puis les Australiens, puis les Belges, avaient successivement dirigé la France pendant 500 ans, pendant 1 000 ans ? C’est exactement ce qu’ont vécu les Chinois…
Et les Allemands, eux, n’ont pas détruit Versailles… Connaissez-vous l’histoire de l’ancien Palais d’Eté des empereurs chinois ? Une merveille mise à sac et brûlée en 1860 par les Français et les Anglais… Ecoutez Victor Hugo vibrer dans une lettre :
Cette merveille a disparu. Un jour, deux bandits sont entrés dans le Palais d’Eté. L’un a pillé, l’autre a incendié. L’un des deux vainqueurs a empli ses poches, ce que voyant, l’autre a empli ses coffres ; et l’on est revenu en Europe, bras dessus, bras dessous, en riant. Telle est l’histoire des deux bandits. Nous, Européens, nous sommes les civilisés et, pour nous, les Chinois sont les barbares. Voilà ce que la civilisation a fait à la barbarie. Devant l’Histoire, l’un des deux bandits s’appellera la France, l’autre s’appellera l’Angleterre.
Qu’imaginez-vous qu’il se passerait, en France, si les Allemands, en 2008, se mettaient à nous offenser, même A RAISON ? Alors qu’imaginez-vous qu’il se passe dans l’esprit d’un Chinois qui voit ses amis de France manquer de respect à son drapeau ET à ce qu’il estime être l’intégrité territoriale de son pays ?
Le nationalisme est une maladie, une pathologie. Mais… on connaît son terreau : l’humiliation nationale, collective, sur laquelle les populistes peuvent surfer avec tant d’aise. On sait quelle réaction a engendré la défaite allemande en 1918… On sait aussi que Mao a construit sa popularité sur une Chine UNIE, RASSEMBLEE, et "AUX CHINOIS". La Chine aux Chinois ! Il n’y a bien qu’en France qu’on trouve ça raciste…
La Chine a peu ou prou 6 000 ans. Mais elle n’a retrouvé de fierté nationale - et de visibilité internationale - que depuis environ 30 ans. Ça fait peu. Nier ce fait est idiot. Ne pas l’intégrer dans une réflexion est irresponsable. Et cette fierté nationale leur a été rendue par un seul homme : Mao.
Il y a une énorme différence entre Mao et les autres dictateurs du XXe siècle : ni Hitler ni Lénine ni Staline n’a UNI un pays jadis divisé. C’est la raison pour laquelle Mao a toute sa place aujourd’hui encore dans le cœur des Chinois. Personne ne les y force. Aucune dictature ne peut vous forcer le cœur.
Le Tibet est-il chinois ?
Je trouve le débat "Le Tibet fait-il partie de la Chine ? Est-ce une occupation ?" complètement - mais alors vraiment - idiot. Cela consiste à remonter dans le temps pour trouver un lien - ou l’absence de lien - entre trois éléments : une terre, un peuple, un pouvoir. Cela engendre, par exemple, les problèmes en Palestine, qui pourrissent la vie du monde entier depuis 1948.
Nous avons tous la possibilité de savoir exactement qui dirigeait le Tibet en 1740, en 1234, ou en 853. Mais qu’importe ? J’ai fouillé dans ma bibliothèque. J’ai des cartes anciennes du grand cartographe Nicolas de Fer qui montrent bien qu’il y a la Chine, d’un côté, et les Royaumes du Tibet, de l’autre. Ca, c’est la géographie. Mais l’honnêteté oblige à interroger aussi l’Histoire, en plus de la géographie. Et l’Histoire dit qu’au moment où ces cartes furent gravées, ces Royaumes du Tibet étaient - en quelque sorte, pardonnez le mot - sous "protectorat" chinois. Alors ? QUELLE IMPORTANCE ? Faut-il pousser le ridicule jusqu’à remonter à 20 000 ans ? Aux cavernes ? Ridicule, vous dis-je. La préemption ethnique sur une terre est une manière de penser qui a montré sa dangerosité, et il faut se croire un "peuple élu" pour encore y attacher quelque crédit. Mais c’est un autre sujet.
Rions encore un petit peu ensemble. Le très à gauche maire de Paris vient de nommer le très religieux Dalaï-Lama citoyen d’honneur de la ville de Paris. Dont acte. Bertrand Delanoë indique donc son soutien à un leader religieux qui veut rétablir une THEOCRATIE ! Bertrand Delanoë est donc en quelque sorte pour l’alliance du trône et de l’autel ! Wow ! Si ça ce n’est pas une nouvelle ! Sérieusement, tous ces mouvements droit-de-l’hommistes et ces leaders de gauche qui parlent du Dalaï-Lama la main sur le cœur soutiennent de facto le promoteur d’une théocratie. En ont-ils bien conscience ? Est-ce vraiment leur idéal d’Etat ? Puis-je rire ?
Les Chinois sont des enfants
Il n’y a aucun paternalisme - ce serait ridicule et illégitime - à poser ainsi une vérité : les Chinois sont de grands enfants naïfs. Evidemment, la mythologie - et les hommes d’affaires français de retour de Chine frustrés (pléonasme) - ont véhiculé une image du "Chinois" bien différente de celle-là. D’abord il était cruel, puis intraitable, excellent businessman, menteur, tricheur, gros travailleur, etc. Bref, tout pour excuser nos échecs commerciaux
Je laisse à votre perspicacité le soin de trier. Juste un indice : aucun pays passé par le communisme n’a engendré de "gros travailleurs", puisque le propre du communisme est de rompre tout lien entre travail, richesse et propriété. Inutile de travailler beaucoup. Ça ne sert à rien pour soi-même. Stakhanov a été mis en exemple POUR LE PAYS, pas pour la richesse liée à son travail (il était mineur !).
Non, les Chinois sont de grands enfants, y compris dans leurs aspects les plus sombres. Leur dictature est enfantine, qui est persuadée qu’elle peut bloquer internet. C’est drôle, non ? Leur censure est ridicule. Parlons de radio un instant. On m’avait interdit de diffuser Sex Bomb, car trop scabreux. Mais on m’a laissé passer le single suivant Mama Told me not to Come… juste parce qu’ils ne comprenaient pas C’est drôle, non ? Et je diffusaisThe Wall dans les golds. Qui aurait pu penser qu’on pouvait diffuser The Wall ("we don’t need no thought control") sur une radio d’Etat en Chine ? Hein ? Leur censure est immature, risible.
Dans les entreprises chinoises, les punitions sont le lot quotidien. J’ai mal fait ? Punissez-moi, chef. Aujourd’hui, en 2008. N’est-ce pas ridicule ? Enfantin ?
Vous raconterai-je l’histoire de ce colonel de l’armée chinoise (cette armée qui fait trembler le monde, paraît-il ?) qui visitait Paris ? On lui propose d’aller faire un tour dans les catacombes. Il descend. Puis, il comprend. Il voit les ossements, les crânes. Son sang se vide. Il devient blême, à la limite de l’évanouissement, et se met à courir tout droit comme un dératé en hurlant, pour ressortir en quatrième vitesse. Les Chinois ont peur des morts, comme les enfants. Ils pensent que les morts sortent de leurs tombes la nuit. Comme les enfants. Ils poussent même jusqu’à ne pas prononcer le nom d’un cimetière célèbre de Pékin… On ne dit pas le nom… On dit "là-bas"…
Quant à leurs vexations et leurs réponses, elles sont proprement immatures aussi. Je ne reproduirai pas ici les insultes proférées la semaine dernière à Wuhan contre sainte Jeanne d’Arc ou les symboles nauséabonds appliqués sur le rouge et le bleu de notre drapeau, mais, bon, franchement, ça ne respire pas l’intelligence… Ca me rappelle les mahométans qui brûlaient des drapeaux suisses croyant brûler des drapeaux danois ! Que tout cela indique un QI des plus désespérants !
Car, puisque le Chinois se vexe, il veut aussi vexer, pensant que notre psychologie est identique à la sienne. Comme le pensent des enfants. Et nous rions, car on ne vexe pas des Français sur leur nation. Il y a bien longtemps qu’ils s’en foutent les Français, de leur nation. C’est ce qu’avaient essayé les Américains aussi avec tous ces sites webs et leurs blagues anti-françaises. Mais… qui les collectionnait, les blagues anti-françaises ? LES FRANCAIS !
Puisqu’il faut bien parler des droits de l’homme
La raison du bruit de boycott autour des jeux Olympiques serait donc une soudaine prise de conscience en Occident qu’il y a un sérieux problème de droits de l’homme en Chine. Bien. Qu’en est-il ?
Comme chacun le sait, en Chine, il est totalement impossible de critiquer ouvertement la forme du gouvernement, comme ses décisions. Puis-je néanmoins rappeler à toutes fins utiles que quiconque en France souhaiterait "remettre en cause la forme républicaine de l’Etat" (sic) serait passible de la Haute Cour de justice de la République ? Le saviez-vous ?
La Chine a pris l’option inverse de celle de l’URSS de 1990. Pas de Perestroika, pas de Glasnost. Mais une très précise instauration de l’économie de marché. La bourse à Shanghai. Une économie de plus en plus offensive. Et surtout, ne pas relâcher le pouvoir. Tenir. Tenir ce pays continent. Tenir 1 MILLIARD et 300 MILLIONS d’humains. Pendant que nous ne savons même pas tenir nos banlieues. Les Chinois ont pris l’option inverse de la Russie pour sortir du XXe siècle. Et… à qui l’Histoire donne-t-elle raison ? Quel est le pays le plus sûr ? Le plus fiable ? Le plus riche ? Avec le futur le plus prometteur ? La Chine ou la Russie ?
Quelle solution magique les droits-de-l’hommistes ont-ils à proposer ?
Mais il y a la peine de mort, ultime barbarie
Il y aurait un article entier à écrire sur ce sujet.
Commençons par clarifier quelque chose qui n’est pas souvent dit : en Chine, la vie humaine n’est pas sacralisée, et c’est de NOTRE FAUTE.
Petit cours d’Histoire. Nous considérons la vie humaine comme sacrée, car dans notre subconscient est inscrit le "Tu ne tueras pas" du Décalogue. Nous sommes judéo-gréco-chrétiens. Toute notre philosophie attache de l’importance à la vie et au corps, temple de notre âme. Soyons clairs : les Chinois n’en ont rien à faire, y compris ceux qui vont au temple pour "prier" (demander argent-succès-santé à un Bouddha repus). Ils ont des idoles, pas un Dieu. Or, nous avons une énorme responsabilité là-dessus, car, pendant des décennies, les Jésuites ont eu le pouvoir en Chine. Certains étaient de véritables Mandarins, habillés tels, et ayant accès quotidien à l’empereur. Qu’en avons-nous fait ? Tout ça s’est terminé dans des querelles entre catholiques, poussant l’empereur à nous expulser ! Bravo… Nous avions tout pouvoir pour inculquer nos valeurs - et entre autres le Décalogue - et nous n’avons rien fait, rien changé dans ce pays, si ce n’est y avoir fait pousser quelques églises. Nous avons failli à la mission d’évangélisation qui consiste - en grande partie - à parler de l’amour du prochain : le Chinois, aujourd’hui, n’en a rien à faire de la vie d’un homme.
Je me souviens de cette femme américaine, qui venait faire des conférences en Chine sur les droits des animaux… Je l’ai recueillie en pleurs dans mon bureau de Pékin un soir, parce qu’elle venait de découvrir qu’elle faisait face à un mur. Son argumentaire, en Occident, était de dire "ne faites pas aux animaux ce que vous ne feriez pas aux êtres humains". Mais, en Chine, me dit-elle en sanglotant "ils le font aux êtres humains !!!!!" Son argumentaire s’annihilait.
Alors, oui, les Chinois sont solidaires, s’occupent à merveille de leurs aînés, les respectent, mais tout rapport au corps - espace vital (prenez le train de nuit entre Pékin et Shanghai…), bruit, politesse corporelle, manière de toucher les gens (un gardien de musée lambda ou un policier vont vous agripper comme un chien s’ils décident que vous n’êtes pas là où vous devez être), tout révèle un total mépris pour ce corps que nous adulons beaucoup trop chez nous. Il y a là une violente différence, extrêmement difficile à supporter.
De cette différence découle l’acceptation des châtiments corporels, allant jusqu’au châtiment ultime : la peine de mort, en général précédée d’un simulacre de justice. Une honte. Mais, une fois de plus, quelle leçon avons-nous à donner ? Nous tentons EN MEME TEMPS de promouvoir la démocratie (le pouvoir réellement donné au peuple) et l’abolition de la peine de mort… grand écart ultrahypocrite qui fait l’impasse sur le fait qu’en France, par exemple, la peine de mort a été abolie CONTRE l’avis du peuple ! En 1981, les Français étaient POUR la conservation de la peine de mort. Les députés, violant le principe de représentativité, l’ont abolie. En violant la représentativité de notre démocratie. Comment se dépêtrer de cet imbroglio ?
Oui, les problèmes de droits de l’homme sont nombreux en Chine. Mais, non, ce n’est pas en critiquant un peuple, une nation par son nom, que nous aboutirons à quoi que ce soit.
De la propagande
Méfiez-vous. Si la Chine est - en bonne héritière communiste - le royaume de la propagande (également ridicule, la plupart du temps), nous n’en sommes pas exempts non plus. Je me souviens de cette amie qui était correspondante permanente en Chine pour France 2. Lorsqu’elle envoyait à Paris un sujet sympa (une expo, un reportage sur un artiste, une initiative sociale, etc.), le sujet était irrémédiablement refusé par la rédaction parisienne. Non, il fallait impérativement dire du mal… critiquer négativement… sinon, pas de diffusion.
Il faut connaître la psychologie des rédactions du "service" public pour comprendre cette idiotie. En France, les journalistes du public sont les plus violents dans leur critique permanente de tout pouvoir. Comme s’il fallait à chaque minute exorciser le fait d’être payé par l’Etat… D’ailleurs, dites "radio d’Etat" à quelqu’un de Radio France, il s’offusquera et répondra, l’air pincé : "de service public, de service public… pas d’Etat !"
Ces gens ont fait de la critique permanente un art, une manière de penser, ou plutôt une manière de ne jamais penser, de ne jamais se remettre en question. Liu Yi, mon amie journaliste de Phoenix TV, était accueillie par Laurence Bobillier sur le plateau du Soir 3 la semaine dernière… Vous n’imaginez pas l’accueil dans les locaux… De la HAINE à l’état brut. Une journaliste chinoise… deux options : ou bien elle est en prison et, donc, c’est une véritable journaliste… ou bien elle va bien, et c’est donc un suppôt de la dictature, qu’il faut "se faire" à l’antenne (entendez : massacrons-la). Ces pauvres imbéciles n’ont évidemment jamais mis les pieds en Chine et, de surcroît, ne peuvent comprendre qu’on puisse sincèrement AIMER son propre pays, puisqu’ils détestent tout du leur. Alors, avec une psychologie de fort des halles, ils envoient des piques contre le pays, contre la nation, et n’obtiennent que de vexer leur interlocuteur… Quel talent !
Je me souviens d’une autre flèche de TV5 m’expliquant au téléphone que, de toutes façons, lorsqu’on a un Chinois sur le plateau, c’est pour "se le faire". La grande classe.
Croyez-vous que les Chinois ne le savent pas ?
Croyez-vous qu’il soit intelligent de taper sur des gens en raison du ridicule de leur gouvernement ?
Et nous alors ? Nous qui avons le chef d’Etat le plus ridicule de ces derniers 1 500 ans ?
Alors voilà… voilà ce que je pense du dossier "jeux Olympiques en Chine".
Je pense que des dizaines de paramètres historico-culturo-psychologiques se mêlent soudain, se croisent, se groupent, pour créer une grosse boule de malentendus.
Les Chinois sont extrêmement sensibles aux symboles. En bons païens, ils font tout un foin pour le 14 février, le Nouvel An lunaire, la Journée de la femme, la fête de mi-automne, et toutes autres joyeusetés considérées ici comme purement commerciales et sans le moindre intérêt. Ils s’attachent aux SYMBOLES.
Dans leur processus de rapprochement d’avec la communauté internationale (processus TRES récent), il y a eu des étapes symboliques. Ils ont cicatrisé deux blessures en récupérant Hong Kong des Anglais et Macao des Portugais. C’est leur Alsace et leur Lorraine. Nous avons fait la guerre pour ça. Pas eux. Ils n’en ont pas eu besoin. Ensuite, ils ont fait leur entrée dans l’OMC. Autre victoire, riche symboliquement.
Ils ont cette année les jeux Olympiques. Comprenez-vous maintenant, après avoir lu ces lignes, pourquoi c’est une excellente nouvelle ? Les jeux Olympiques ! La Grand-Messe planétaire ! Le plus gros événement mondial ! Comprenez-vous que le MONDE ENTIER a TOUT INTERET à ce que les Chinois trouvent des moyens PACIFIQUES de retrouver leur fierté ? Comprenez-vous que nous devons accompagner avec sincérité et bienveillance leurs jeux Olympiques ? Comprenez-vous que les insulter encore et encore comme nous l’avons fait pendant des années et des années sur place, en les réduisant à l’état d’esclaves, ne peut rien apporter de bon ? Comprenez-vous que le boycott (ou tout autre ridicule manifestation du genre "le président ne viendra pas à la cérémonie d’ouverture" - comme si ça changeait quelque chose !) ne peut qu’avoir des effets désastreux ?
Les jeux Olympiques n’empêchent pas un populiste au pouvoir de déclencher un cataclysme. L’Allemagne de 1936 en est la preuve. Mais point n’est besoin de porter atteinte à la fierté récemment retrouvée du peuple chinois. Il y a mieux à faire : les accompagner en amis. Accompagner leurs pas, aimer leur fierté, comme on aime la réussite d’un membre de la famille.
J’ai trouvé un autre trésor dans ma bibliothèque : La Méthode pour apprendre facilement la géographie dédiée à Monseigneur le duc du Maine, de M. Robbe, édition de 1746. Voilà ce qu’on pouvait y lire :
Les Chinois ont la démarche droite & fière, le visage large, le nez court, les yeux très petits & le teint olivâtre. Ils sont spirituels, industrieux, civils & magnifiques en leurs habits & en leurs manières ; mais ils sont extrêmement orgueilleux, avares, jaloux, malpropres dans leur manger, lents à résoudre et esclaves des formalités.
Quid novi sub soli ?
- Auteur Denis Florent