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57 - Vertigo (3ème partie)

Publié le 29 avril 2008 par Theophile

Couteau1 Je frappe de toutes mes forces sur la porte...

    - Ouvre ! Laisse-la ! Maman ! Maman ! Ouvre !

J'entends le claquement aigu d'une gifle... Je hurle tellement j'ai peur de ce qu'il se passe derrière cette porte close.
Envahi par une rage, je m'écroule sur le sol et donne des coups de pieds sur la porte pour la défoncer, ou pour attirer l'attention et qu'il finisse par ouvrir cette porte et libérer ma mère.
J'entends ses insultes. J'entends la rébellion de ma mère. Mes hurlements accompagnent la scène. Je suis entré moi aussi dans le cycle vertigineux de la violence et de la colère.
Je perds mon sang froid tellement la panique me donne le vertige.
Puis le réflexe me vient d'aller dans la cuisine pour prendre un couteau afin de forcer la serrure. De tourner le verrou afin de libérer ma mère.
Lorsque je saisi le couteau, j'entends la porte de la salle de bain s'ouvrir brusquement. Ma mère en sort et part se réfugier dans les toilettes. "L'autre" sort lui aussi à son tour.

    - Myriam ! Viens ici, j'ai pas fini de discuter.

Quelques secondes se passent. Un silence terrible prend place dans cet appartement qui venait de connaître un vacarme épouvantable de violence. Quelques secondes et je reste immobile dans cette cuisine. Attentif à ce que j'entends. Je ne sais ce qu'il se passe en moi à ce moment. J'attends dans cette cuisine. J'attends quelques secondes puis il entre dans la pièce.
Il me voit près de l'évier. Son visage laisse apparaître son étonnement. Ahuri, il se met à pleurer.
Ma main armée du couteau est tendue vers lui. Je le regarde fixement.

Autant je venais de perdre le contrôle de mes émotions, autant à présent, face à lui, le couteau pointé dans sa direction, je retrouve un calme glaçant. Je sais que les mots qui vont s'échanger dans quelques instants seront marqués à vie dans son esprit et le mien.

Il pleure et me regarde. Il pleure et appelle. Comme une prière.

    - Myriam !

Je le regarde toujours fixement. J'éprouve pour la première fois de ma vie la froideur. Impartialité. Je sens que mon visage est aussi pâle qu'une statue de cire. Mes yeux brillent de colère froide.

    - Je te plante. (Silence.) Tu la frappes encore une fois. Et je te plante.

Le silence est catastrophique. Il reste ainsi, immobile, face à moi. Moi face à lui. Quelques petites secondes qui paraissent des siècles. Je le regarde toujours.
Alors que ma phrase raisonne encore dans nos têtes, je pose le couteau sur le bord de l'évier de la cuisine. 

Le silence. Toujours.

Une pesanteur telle que ma mère, après l'appel de "l'autre" et ce silence si épais, sort des toilettes.

    - Théo ! Qu'est-ce qu'il se passe ?

Quand elle entre dans la cuisine, elle trouve "l'autre" assis à la table de la cuisine. La tête enfouie dans ses bras croisés. Moi toujours debout. Les lèvres pincées.
Quelques secondes laissent croire à un enfant puni et pleurant ainsi sur cette table, un après-midi de janvier. Ma mère, les larmes aux bords des yeux :

    - Va-t-en Jean-Marc.

Il se lève et sort. Il prend son manteau. La porte d'entrée de l'appartement claque.
Ma mère me prend dans ses bras fragiles.

Ainsi. L'un contre l'autre. Nous pleurons.


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