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Syrie: pourquoi il fallait intervenir... avant

Publié le 23 août 2013 par Juan

Syrie: pourquoi il fallait intervenir... avant

Le Monde du 23 août 2013


Ce qui ressemble à un nouveau massacre à l'arme chimique en Syrie, pour l'essentiel de civils, pose la question d'une intervention militaire dans l'un des pires conflits du moment.
A moins qu'il ne soit trop tard.
1. La coïncidence est terrible. Des experts de l'ONU venaient d'entamer, depuis dimanche, une visite d'enquête sur d'autres faits d'attaque chimique, dénoncés preuve à l'appui il y a 5 mois. Mercredi 21 août, la nouvelle d'un nouveau et plus massif massacre a fait l'effet d'une bombe.
2. Le régime dément mais les indices sont troublants. Nous avons ces photos, ces videos, ces témoignages. Certains s'étonnent, comme cet ancien expert onusien des contrôles en Irak en 2003 sur France Inter jeudi à 19h, que la Syrie ait pris pareil risque. Mais les éléments d'information actuellement à notre disposition laissent effectivement croire à un massacre massif: l'un des responsable de l'opposition syrienne cité par le Monde évoque 1.300 morts civils dans son édition de jeudi daté de vendredi 23 août. "L'Organisation syrienne des droits de l'homme ne confirmait provisoirement qu'une centaine de morts" rapporte le Monde.
3. Jeudi 22 août, Hollande évoque à son tour "l'usage probable d'armes chimiques", lors d'un entretien téléphonique avec le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. On dit quoi ? Hollande dit même pire: "il a fait part de l’émotion suscitée en France par les massacres intervenus en Syrie dans la nuit du 20 au 21 août, et de l’usage probable d’armes chimiques".

3. L'ONU s'est décidé au service minimum. La réunion d'urgence du Conseil de Sécurité mercredi soir n'a rien donné. Au contraire, la Russie et la Chine se sont opposés à une résolution autorisant les experts de l'ONU actuellement présents en Syrie à se rendre sur les lieux du massacre. Cette hostilité renforce les soupçons. Elle démontre aussi que les efforts récents de l'Arabie Saoudite pour inciter Moscou à cesser son aide au régime de Bachar el Assad ont été vains.
4. Le régime actuel est affaibli, à en croire nos "spécialistes". Cette attaque a eu lieu dans la banlieue de Damas, à quelques centaines de mètres du palais présidentiel, preuve que le territoire est loin d'être "reconquis". Bachar el-Assad a beau investir les réseaux sociaux Facebook, Twitter et même Instagram pour "prouver", clichés à l'appui, qu'il est tranquille, rien n'y fait.
5. L'Europe ou l'ONU auraient du intervenir depuis longtemps. Le conflit a démarré en mars 2011, pour ne cesser de s'aggraver. A l'époque, il fallait soutenir, consolider, armer les composantes "démocratiques" et laïques d'une opposition disparate et désorganisée. Désormais, cette dernière est structurée autour d'Al Qaïda et d'autres mouvements islamistes. L'un des plus gradés américains a traduit, avec l'habituel vocabulaire utilitariste:
"Je considère que le camp que nous choisissons doit être prêt à promouvoir ses intérêts et les nôtres quand l'équilibre penchera en sa faveur. Aujourd'hui ce n'est pas le cas." Général Dempsey, chef d'état-major interarmées.
6. En France, notre ministre des Affaires Etrangères ne rate pas une occasion de dénoncer sans détour les dernières atrocités commises sur ce terrain-là. L'indignation diplomatique et médiatique est nécessaire. Mais cela ne suffit pas, n'a jamais suffit, ne suffira plus.
Nous voici donc face à l'une des pires guerres, le conflit d'un régime de boucher contre des fanatiques d'un autre âge. Il faudra le drame humanitaire plus massif encore, une horreur plus grande encore, pour que certains se décide à franchir le pas. Le même Dempsey explique pourtant que l'intervention américaine serait décisive: "Nous pouvons détruire l'aviation syrienne. (....) Ce ne serait pas décisif sur un plan militaire mais cela nous engagerait résolument dans le conflit."
Cette déclaration est terrifiante.


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