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Recul de l'enseignement du français au Royaume-Uni

Publié le 23 août 2013 par Copeau @Contrepoints

Pour les jeunes britanniques, l'avenir ne réside plus dans l'apprentissage du français ou de l'allemand.

Par Daniel Hannan, depuis Oxford, Royaume Uni.

Recul de l'enseignement du français au Royaume-Uni

L'avenir n'est plus dans l'apprentissage des langues européennes.

La prochaine génération de Britanniques, nous dit-on, sera encore moins douée en langue que l’actuelle. Nos enfants seront réduits à vociférer aux étrangers un simpliste pidgin d’anglais. Le Foreign Office a convoqué une réunion de crise. Les départements de langues modernes de l'Université sont découragés. The Observer, bien sûr, relie ce recul à la montée de l'euroscepticisme et à « l’esprit étriqué nationaliste ».

Mais regardez d’un peu plus près les chiffres. Ce marronnier du mois d’Août sur le déclin des langues s'avère être, à l’observation, un déclin dans l'enseignement du français et de l’allemand, qui ont tous deux perdu la moitié de leurs étudiants au cours de la dernière décennie. Toutes les autres langues, de l'espagnol au mandarin, se maintiennent.

En d'autres termes, les enfants se comportent comme des consommateurs rationnels. Quand j'étais enfant, l'apprentissage du français était une compétence à l'utilité immédiate. Les voyages de longue distance étaient beaucoup plus chers que maintenant et, en dehors des grandes villes, peu de Français parlaient correctement l'anglais. Depuis lors, nos horizons se sont élargis, et il y a un intérêt croissant pour les idiomes des terres plus lointaines, comme le farsi, le japonais et le bengali. Et c’est du bon sens : tous les continents du monde sont en croissance, en dehors de l’Europe.

Par rapport aux consommateurs, les producteurs ont été plus lents à ajuster leur vision du monde – leur Weltanschauung comme pourraient le dire les étudiants allemands. Nos écoles continuent d’enseigner les langues comme les enseignants les ont apprises durant leur scolarité. L'ajustement rapide qui s'est déroulé par exemple en Europe centrale dans les années 1990, lorsque des milliers d'enseignants russes sont devenus professeurs d'anglais, n'a pas eu lieu. En dehors du secteur privé, le français et l’allemand restent prédominants.

Pour la poésie, la philosophie ou le théâtre, le français et l'allemand sont merveilleux. Avec l'anglais et le russe, ces deux langues ont le meilleur corpus littéraire du monde, et j'espère que certains ne prendront pas à la légère ce que je dis là. Mais si quelques jeunes sont attirés par une langue parce qu'ils veulent lire Schiller ou Racine dans l'original, d’autres s'imaginent plutôt converser avec des populations locales dans des lieux exotiques.

Les jeunes voient très bien la façon dont tourne le monde. Ils savent que la maitrise du turc et du cantonais accroît leur valeur ajoutée, bien plus que la connaissance du français ou de l'allemand. Et ce n'est pas uniquement une préoccupation de ceux qui souhaitent élargir leurs horizons, c'est aussi celle de l’establishment europhile – dont les compétences linguistiques sont d'ailleurs souvent lamentables.

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Sur le web. Traduction : Arnaud Bichon.


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