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La crise politique qui vient

Publié le 24 août 2013 par Copeau @Contrepoints

Il faut se méfier de la démocratie. Il faut se méfier de la légitimité qu'on lui accorde a priori avec une telle ferveur qu'on soumet au vote démocratique ce qui ne devrait jamais l'être : les droits individuels.

L'issue d'un scrutin démocratique n'est pas bonne en tant que telle ; elle n'est valide que si son objet est légitime, et les droits individuels ne doivent pas être soumis au vote d'une majorité. La raison en est simple :

Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression.

La démocratie n'est donc pas censée décider de quelle façon les droits individuels vont être contournés et au bénéfice de qui, mais placer l'État – garant des droits individuels – sous un contrôle objectif par les citoyens qu'il sert.

Les gouvernants, à la tête de l'État, sont censés être sous le contrôle des citoyens, pas l'inverse. Pourtant, les hommes politiques dans de nombreux pays se sont affranchis des règles et sont rarement inquiétés par la justice lorsqu'ils abusent de leur pouvoir.

Sans surprise, les membres du Congrès américain qui votent PRISM sont eux-mêmes assurés qu'ils ne seront jamais surveillés de la même façon que les citoyens. Les élus français bénéficient d'un traitement de faveur fiscal qui en fait des évadés fiscaux de l'intérieur, ou évadés fiscaux légaux. Et sont rarement poursuivis pour de vrai, alors qu'ils sont souvent "rattrapés par les affaires" qu'ils ne laissent jamais bien loin.

On pourrait assez facilement évoquer des magasins réservés à une clientèle proche du Parti dans les pays d'ex-URSS, mais il n'y a pas besoin de faire de parallèles pour que chacun comprenne qu'un traitement différent pour les individus selon qu'ils soient ou non élus, selon qu'ils appartiennent ou non à certains groupes est contraire à l'idéal démocratique d'égalité des citoyens devant la loi.

La démocratie a progressivement glissé d'un contrôle objectif de l'État garantissant leurs droits à tous les citoyens à une fumisterie donnant aux citoyens l'illusion du choix et les privant de réel pouvoir. Ont-ils le choix de leur monnaie d'échange ? De disposer des moyens d'assurer leur propre protection ? De la façon dont sera dépensé leur argent ? Dont ils le gagneront ?

Jusqu'à présent, les hommes politiques se contentaient de violer les principes fondateurs des systèmes qui leur conféraient un tel pouvoir et de spolier toujours plus les citoyens des fruits de leur travail pour les dépenser n'importe comment – et principalement dans des moyens de renforcer et maintenir leur pouvoir, ici en prenant en charge culture et éducation, là en développant des systèmes de surveillance et de contrôle. En faisant tout cela au nom de la démocratie, ils en ont sali le nom, de la même façon que les marxistes ont sali le nom de la liberté et de l'égalité.

Mais ils sont allés plus loin, sans même s'en rendre compte. En plus de s'attribuer la richesse et le pouvoir dont ils spolient les citoyens, ils se rendent responsables de la formation d'une formidable bulle dont les contours se font par endroits visibles et que de plus en plus d'acteurs s'empressent de dissimuler.

Dans la mesure où les citoyens ont aujourd'hui un pouvoir très limité et une liberté qui tend à le devenir tout autant, qu'adviendra-t-il d'eux lorsque cette crise se déclenchera réellement ?

Le déclenchement et le développement de cette crise dépendront principalement de la rapidité avec laquelle les politiques accepteront de laisser faire les citoyens et rendront les armes ; la France part avec un sérieux handicap. D'ici là, les citoyens feraient bien de se préparer à ne pas trop compter sur l'État ni pour leur prospérité, ni pour leur liberté, ni pour leur sécurité. Et, s'ils résident en France, à quitter leur charmant pays.


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