L’idée peut paraître insensée pourtant, il y a 40 ans, le LSD (Lysergic Acid Diethylamide) était déjà testé contre la dépendance à l’alcool. 2 chercheurs de l’Université norvégienne de Science et Technologie (NTNU) ont repris la piste et se sont penchés sur l’utilisation des drogues psychédéliques dans le traitement de différentes addictions. Leur méta-analyse a été publiée dans le Journal of Psychopharmacology. Mais, pour passer aux essais cliniques, il faut d’abord démontrer l’absence de risque pour la santé mentale. C’est l’objectif de leur dernière étude, publiée dans la revue PLoS ONE.
Avec leur bourse de recherche à la Harvard Medical School, les 2 chercheurs ont identifié une lacune dans la compréhension du potentiel du LSD dans le traitement de l’alcoolisme. Les chercheurs norvégiens ont donc entrepris une méta-analyse (1) de 6 études américaines et canadiennes, portant sur l’utilisation du LSD en traitement de la dépendance à l’alcool, jugées scientifiquement solides et randomisées vs placebo, toutes réalisées dans les années 60 et 70. Au total, ces études portaient sur 536 personnes dépendantes à l’alcool, majoritairement des hommes, sans antécédents de schizophrénie ou de psychose. Tous les participants suivaient le même programme de traitement, cependant, un jour donné ils recevaient « à l’aveugle », une dose unique de LSD ou un placebo.
Dans chaque étude, le LSD a un effet bénéfique contre l’abus d’alcool : Toutes les études suggèrent, avec des durées de suivi variables allant de 1 mois à 1 an, que les patients qui ont reçu une dose complète de LSD réduisent leur consommation ou parviennent à l’abstinence : C’est le cas de 59% des patients avec dose complète de LSD vs 38% des témoins.
Le LSD semble apporter une vision plus optimiste de la capacité à faire face : La plupart des patients rapportent évaluer différemment leur problème avec l’alcool et avoir acquis une nouvelle motivation et une plus grande confiance pour arrêter. Dans certaines études, les patients traités déclarent mieux s’accepter, demandent des informations sur leur problème et présentent une nouvelle résolution à cesser leur consommation.

L’absence d’effet sur la santé mentale ? Les chercheurs avaient donc conclu qu’une dose unique de LSD entraîne un effet positif durant au moins 6 mois, mais qui semble s’estomper en 12 mois. Il s’agirait donc de tester des doses répétées de LSD couplées avec des traitements de prévention modernes, pour des résultats plus durables. Cependant, l’obtention de l’approbation réglementaire pour de tels essais cliniques est devenue plus difficile. Avec cette nouvelle étude (2), publiée dans la revue PLoS ONE, les chercheurs norvégiens suggèrent, sur plus de 20.000 utilisateurs de drogues psychédéliques, l’absence de problèmes de santé mentale à long terme.
Sources:
(1) Journal of PsychopharmacologyLysergic acid diethylamide (LSD) for alcoholism: Meta-analysis of randomized controlled trials
(2) PLoS ONE August 19, 2013 doi:10.1371/journal.pone.0063972Psychedelics and Mental Health: A Population Study
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