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En chaloupe

Publié le 25 août 2013 par Malesherbes

Tel quelque élu en mal de notoriété qui sature de ses photos sa gazette locale, tout l’été durant, Manuel Vals est apparu déterminé sur nos écrans de télévision. Il a fait encore mieux. Comme je n’ai guère l’occasion de rencontrer notre Président de la République, si je veux lui faire part de mon opinion, je n’ai une petite chance de la lui communiquer qu’en lui adressant une lettre.

Il n’en va assurément pas de même pour le ministre de l’Intérieur qui, comme tout ministre, peut le rencontrer plus aisément et surtout lors du conseil des ministres hebdomadaire. Comment qualifier cette attitude digne d’un écolier de primaire qui lèverait le doigt  pour se plaindre à son instituteur : « M’sieur,  Christiane, elle est méchante ! » ? Écrivant le 25 juillet à François Hollande à propos de la politique pénale, Manuel Vals explique que « la quasi-totalité des dispositions de ce texte a fait l’objet de discussion, voire d’oppositions du ministère de l’Intérieur ». La belle affaire ! Manuel Valls s’étonne de ce que, dans une démocratie, l’élaboration des lois puisse faire l’objet de discussions, susciter des oppositions pour dégager un consensus. En fait, s’il préfère un écrit à une conversation, c’est parce que celle-ci est nécessairement discrète tandis que celui-là permet de prendre date et aussi, si on fait le nécessaire, peut devenir public.

Manuel Vals me  choque également beaucoup lorsqu’il déclare « la question du regroupement familial peut être posée. ». J’avoue ne pas comprendre ce qu’il entend par « poser la question ». Mais, si j’épousais la thèse du Front national, selon laquelle c’est le regroupement familial qui facilite l’immigration, source de tous nos maux, je serais tenté de penser que le ministre de l’Intérieur s’est décidé à prendre en considération mon opinion. 

Si cette thèse s’avérait fondée, on ne pourrait que s’étonner de voir Manuel Carlos Valls, dont les parents ont quitté l’Espagne franquiste, vouloir modifier la politique de regroupement familial de notre pays. Je ne vois pas ce qui m’empêcherait alors de le comparer au rescapé d’un naufrage qui, après avoir été repêché dans une chaloupe, écrase d’un talon impitoyable les mains des malheureux tentant de se hisser à leur tour dans l’esquif salvateur. Et, joignant la parole au geste, il crie : « Soyez raisonnables, vous voyez bien que vous allez nous faire tous couler ! »


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