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La « mise sur pause », à condition qu’on l’accepte, implique un recentrage salutaire. Elle ouvre à cette dimension sacrée de l’existence qui, bien souvent, nous échappe au quotidien. Avez-vous constaté comme sans cesse nous quémandons notre dû ? L’époque nous incite à nous perdre dans le divertissement. Il nous faut « profiter » ! Des biens, des gens, des opportunités, de la vie que les médias nous exhortent à consommer avec rage. Et si les vacances nous apprenaient justement à ne plus rien revendiquer… Si l’on se découvrait « entier », sans le moindre manque, en prenant soudain conscience que tout est là, sous nos yeux, et que nous participons à ce tout et l’enrichissons de notre regard d’amour.
Rilke, poète de l’intériorité par excellence, a si bien su traduire cette idée de beauté et d’unité à travers son œuvre. Magda Von Hattingberg, jeune pianiste avec laquelle il entretint une correspondance passionnée, se révèle à la hauteur de son génie. En une phrase, elle dit la béatitude d’être, de sentir la vie autour de soi et d’y prendre pleinement part : « Peut-être n’avez-vous jamais rencontré quelqu’un qui a su trouver de la richesse dans la seule béatitude d’être là (…), parce qu’il était lui-même la promesse et l’accomplissement de sa propre existence » (Lettres à une musicienne).
Quand Matthieu (6,34) rapporte ces paroles de Jésus : « Ne vous inquiétez donc pas du lendemain. (…) À chaque jour suffit sa peine », ne nous incite-t-il pas, lui aussi, à déposer le fardeau du passé et du futur pour saisir l’ici et maintenant ?
Bonne ou mauvaise, l’année s’est écoulée. À quoi bon la ressasser ? La rentrée se profile à l’horizon et avec elle, le rouleau compresseur de la routine et des tracas. Pourquoi l’anticiper ? Le présent est si doux… Faisons-le durer encore un instant.
Cécilia Dutter (la Vie 2013)