Big Data, Big Brother – UFML

En mars 2013, s’est tenu un colloque sur le « Big Data« , en présence du Ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg. Trente six orateurs, issus pour la plupart du monde assurantiel ont présenté l’intérêt de l’accès à ces données collectées à travers le monde par différents systèmes informatiques et stockées dans l’espace web.

A la lumière du récent décret ouvrant les droits d’accès aux données du SNIIRAM, dont l’UNOCAM, mais aussi de la loi sur les réseaux de soins, le compte rendu de ce colloque prend un sens plus concret.

Car la modélisation est un objectif ouvertement affiché : modélisation des pathologies, des soins, des réseaux, approfondissement de la connaissance des « clients ».

Bien évidemment, les organismes financiers accédant à ces données en auront une utilisation tout à fait commerciale, car elles facilitent considérablement les études de marché et les affinent.

Tandis que Santéclair ou Malakoff Mederic évoquent des perspectives de recherche, on réalise que ces données concerneront aussi le génome, les prédispositions aux pathologies.

D’autre part, tandis que la recherche scientifique et les innovations technologiques progressent, certains groupes regrettent que l’éthique ne soit un frein à l’utilisation de cette manne.

Si les données transmises par le SNIIRAM seront anonymisées, le CNIL lui-même émet des réserves sur l’inviolabilité de Big Data par des organisations étrangères. Le cloud computing, à l’instar du nuage de Tchernobyl, saura t-il s’arrêter à nos frontières ?

Il devient ainsi préoccupant que le législateur ait élargi les autorisations d’accès aux données de santé transmises par l’assurance maladie, alimentées par nos prescriptions, nos transmissions, nos demandes d’ALD, nos arrêts de travail, bref le fruit de notre travail quotidien, mais surtout la vie intime de nos patients qui pensent peut-être que nous en sommes encore les seuls dépositaires.

Peut-on tout transgresser au nom de l’intérêt collectif, du profit et du développement économique de gros groupes : la liberté, l’intimité, le secret médical, l’individualité ? Quel est le poids des comités d’éthique et autres groupes de réflexion, ne sont-ils pas déjà dépassés ?

Nous dénonçons depuis des mois les risques de marchandisation de la santé, de privatisation de la sécurité sociale, car tout se met en place, publiquement, lentement mais sûrement. Pourtant, ceux qui s’agitent à coups de diatribes et de pétitions aux signatures souvent curieuses au regard des parcours politiques, des votes récents et des idées défendues, sont ceux-là mêmes qui tentaient de nous faire taire voici quelques mois.

L’UFML défend depuis sa naissance la liberté, l’indépendance, l’union des professionnels de santé pour une qualité de soins dans le respect de chaque patient.

RAPPEL : Avenant 8 on rentre dans le dur.

Les lettres de menaces se sont multipliées cet été. L’UFML rappelle qu’il serait naïf de penser que seuls, quelques centaines de confrères seraient concernés. D’autres suivront, et ce chiffre ne cessera d’augmenter, la chasse au secteur 2 est ouverte !

Nous ne pouvons accepter que des médecins soient désignés coupables de fait, sans pouvoir se défendre, autrement qu’en reconnaissant la faute qui leur est imputée, délit statistique habituel.

L’UFML dénonce les tribunaux d’exception votés par la CSMF et MGF : pas d’avocat, pas d’accès aux pièces du dossier, et une défense assurée par ceux-là même qui en majorité ont voté l’avenant 8.

L’UFML rappelle que le directeur de l’Assurance maladie a reçu les pleins pouvoirs de l’avenant 8 et a défini des bornes variables de pratiques tarifaires excessives, le but est la fermeture du S2, le développement de l’enfermement, la multiplication des Contrats d’accès aux soins, et par la fixation d’un tarif autoritaire pour permettre aux réseaux de soins de fixer de barèmes de remboursement avantageux pour eux. Et le don de vos pratiques aux organismes mutualistes aux sein des réseaux de soins !

L’UFML attend vos témoignages. Vous avez reçu un courrier de l’Assurance maladie : prévenez-nous! Vous-êtes menacé : prévenez-nous. L’UFML est là pour vous défendre, n’hésitez pas !

Auteur : Dr Dominique Thiers-Bautrant, gynécologue, vice présidente de l’UFML

Source : Newsletter de l’Union Française pour une Médecine Libre, 26 août 2013

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