Joli cycle

Le 4 octobre 2007, jour anniversaire de la mort de Janis Joplin et de Danny Gatton, j'en étais au tout début d'une balade à vélo qui devait durer quelques mois et m'a finalement fait passer par la vallée de la Loire, la Vendée, Cognac, la Gironde, l'Espagne, le Canal-du-Midi, Montpellier, les Cévennes, Marseille, le Rhône, les Alpes, Genève, Lausanne, Zurich, Munich, les rives du Danube, Vienne, Bratislava, Budapest, Belgrade, les Carpates, la mer Noire, le fleuve Prout (eh oui), L'viv, Varsovie, la forêt de Bialowiesza, la mer Baltique, Berlin, Hambourg, la mer du Nord, Bremen, Amsterdam, et Bruges, avant de me ramener dans mes Cévennes d'adoption.
Le 4 octobre 2007, je suis passé sans le savoir près d'un petit bled de rien, Saclay, où travaillait ce jour-là une jolie pchite Parisienne. Elle devait découper des protéines ou accoupler des bactéries, un truc du genre. Qui sait, elle a peut-être jeté un œil par la fenêtre et aperçu cet ours hirsute sur sa Rosie verte surchargée de bagages. Qui sait, j'ai peut-être même tourné la tête en me demandant si j'avais été épié à mon insu. Et zoom… jusqu'à ce printemps, alors qu'elle faisait une petite randonnée à pied par les Cévennes, et que nous nous sommes croisés.
J'étais au fond du baril, le 4 octobre 2007. La plaie toute fraîche. Bannière en berne, lumières éteintes. J'espérais que le coup de pédale pourrait laver le sel de mes dernières dévastations. Je m'accrochais à la branche, ceux et celles qui me suivaient à l'époque le savent bien. Je tenais par un fil de chair.
Je vais mieux. Je vais même bien.
Je croise les doigts.
J'ai appris dans le sang de mes muscles que le bonheur le plus flamboyant peut être foudroyé en une seconde par le tocsin inattendu et irréversible de la condition humaine.
Mais je ne tremble pas.
« Valiente », que jme dis.