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Le quotidien des Goodyear et des « gueules noires »

Publié le 25 avril 2008 par Papy Nerds

« Gueules noires » ou simplement salariés de l’usine Goodyear, certains d’entre eux dénoncent des conditions de travail qui se sont fortement dégradées ces derniers mois alors que leur direction propose aujourd’hui de signer le passage aux 4×8.

ALORS que les représentants du personnel de l’usine Goodyear d’Amiens sont appelés à signer, aujourd’hui, l’accord proposé par la direction, à savoir la modernisation du site moyennant le passage à une organisation de travail en 4×8, certains salariés confient que leurs conditions de travail se sont fortement dégradées. Et elles ne semblaient pas déjà des meilleures auparavant.
Cédric et Jérôme travaillent à la préparation des pneus. Selon eux, la production a fortement chuté. « En un an et demi, on a baissé la quantité de pneus de 22.000 à 15.000 par jour. »
L’équipe de Jérôme s’est réduite. « Sur cinq gars, ils ne sont plus que deux. »
Conséquences : « On nous fait travailler dans tous les secteurs. On est aussi devenus des techniciens de surface », ironise-t-il. « Il y a beaucoup de nettoyage, alors on nous demande de balayer puisque la production a baissé, il faut bien qu’ils occupent notre temps. »
Selon ces salariés : « Même l’entretien des machines n’est plus fait, et sur nos paies ils oublient toujours quelque chose. »
Un climat qui se serait fortement dégradé depuis que leur direction a proposé le passage aux 4×8. « Tout est fait pour nous dégoûter. Ils font pression pour nous faire peur. »

« Ça manque de maintenance »

Des pressions qui engendrent des tensions à l’intérieur de l’usine entre les salariés.
Ces derniers voudraient enfin connaître leur sort, si l’usine devait ou non disparaître, si des licenciements devaient avoir lieu.
« C’est trop long. Les gens en ont marre. Entre les ouvriers, il y a parfois de petits accrochages. Il n’y a plus de matériel, ça manque de maintenance. Les mécanos qui partent ne sont pas remplacés. En magasin, le stock est à zéro, il n’y a même pas un boulon, ni une courroie. Quand il y a une panne, ça gueule de tous les côtés. On fait des pneus qui ne sont même pas bons, qui partent au rebut. Les machines ont 25 à 30 ans. »

Le calvaire des gueules noires

Et ces salariés de reconnaître que les plus à plaindre sont encore les « banbury », en clair ceux qui travaillent la gomme. « On les appelle les gueules noires ou les dragqueens à cause du noir de la gomme qu’ils ont jusque dans les yeux. » L’un d’eux, Thierry, témoigne. « Dès le matin, on respire les odeurs, la poussière, la silice, le carbone. Ça ressort par les pores. C’est noir, c’est crade.
C’est comme si on travaillait dans une cave. »
A l’heure du déjeuner, ces hommes sont encore recouverts de cette suie noire à l’image des mineurs d’autrefois. « On n’a pas de douches pour aller manger et on a que trente minutes de pause pour casser la croûte. » Les douches, c’est plus tard. « Trente minutes minimum pour s’en débarrasser. »
Et pourtant, ces 150 salariés environ de Goodyear représentent « la pièce maîtresse de l’usine car il faut que ça sorte et car toutes les usines ne font pas de gomme partout ».
Aujourd’hui, les salariés de Goodyear se disent écœurés. « Il y a dix ans que la direction aurait dû investir. Cette usine, ils veulent la fermer », pensent-ils.
Accord signé ou pas au jourd’hui, ces salariés veulent tout simplement connaître leur avenir.


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