Vendredi après-midi, l’ancien maire de Saint Maur, Jean-Louis Beaumont, sera inhumé. Un événement privé, ayant certes une dimension publique de par la longévité politique de l’ancien édile de Saint-Maur, mais un événement privé malgré tout. Sans ajouter ma voix au concert indécent que je vais décrire, il m’a paru nécessaire d’exprimer mon dégoût à l’égard du comportement de Nicolas Clodong et Henri Plagnol, respectivement conseiller général et maire, rivalisant depuis quelques jours pour remporter le titre d’héritier légitime ! Quelle honte, alors même que la famille n’a pas entamé son deuil.
Quoi que l’on pense de l’ancien maire de Saint Maur, et je suis de ceux qui condamnent fermement une partie de son bilan et de ses méthodes, méritait-il qu’à peine les yeux clos, des « élus » en mal de reconnaissance se jettent sur l’occasion, usant de mots qu’ils piétinent allègrement : dignité, souvenir, honneur ?
D’un côté Nicolas Clodong publie un communiqué indécent précisant qu’il s’est incliné sur la dépouille de l’ancien maire, comme si cet acte privé et intime pouvait justifier une quelconque information publique. Dans la foulée, avant même les funérailles, il publie un message de soutien de l’ancien maire assurant qu’il faisait de lui son héritier politique. On est fondé à s’interroger sur les conditions dans lesquelles ce message a été recueilli, et sur les raisons qui peuvent pousser un élu à publier dans la précipitation et à titre posthume un tel message, avec en prime une faute d’orthographe montrant qu’il n’y a pas eu de relecture de ces 10 petites lignes. Avait-il tant besoin de ce soutien pour exister, lui que Jean-Louis Beaumont avait exclu des « villages dans la ville » depuis 2008 et n’a jamais soutenu publiquement depuis dans aucune de ses élections. (lire l’article) Car Jean-Louis Beaumont avait officiellement fait de Jean-Bernard Thonus son héritier politique depuis 2001. Notamment depuis qu’en 1999, Nicolas Clodong et quelques uns de ses soutiens actuels avaient signé un courrier lui demandant de laisser sa place avant la fin de son mandat à son premier adjoint de l’époque, Bernard Vincens pour faire respecter un accord entre partis politiques.
De l’autre côté, nous avons Henri Plagnol, l’actuel maire, qui ne sait plus très bien qui il est : orphelin d’une majorité qu’il espérait museler, d’un siège de député qu’il croyait éternel, et d’un destin national auquel lui seul croyait, il semble très affecté par le décès de ce « père » qu’il avait « tué » en lui ravissant le siège de député puis de maire. Faisant désormais feu de tout bois dans l’espoir de se succéder à lui-même comme son prédécesseur avait réussi à le faire (avec plus de facilité et pendant 31 ans), le même décide donc de lancer l’artillerie lourde pour assurer chacun qu’au fond, c’est bien lui le digne héritier de Jean-Louis Beaumont. Car Henri Plagnol ne doute de rien : il repart en campagne la fleur au fusil, convaincu qu’il pourra, comme l’ancien maire, ravir la mairie sans étiquette partisane et sur son seul nom. Mais n’est pas Beaumont qui veut.
Comme Nicolas Clodong, il pousse donc le ridicule jusqu’à instrumentaliser l’attachement légitime et respectable d’une partie des saint-mauriens et du personnel communal : il sonne tambours et trompettes, assure qu’il a personnellement mis à disposition des registres de condoléances, publiant même des messages sur les panneaux électroniques de la Ville et faisant distribuer des courriers dans les boîtes à lettres. Un geste républicain ? Pas du tout. Une simple tentative de récupération et de communication pour celui qui se sait en danger politiquement. D’autant plus déplacée que l’ancien maire lui vouait une haine féroce. Car si Nicolas Clodong était, par ses idées que je ne partage pas, très proche de celles de Jean-Louis Beaumont, on ne peut en dire autant d’Henri Plagnol, auquel l’ancien maire reprochait en vrac conduite, options personnelles et choix politiques.
On dit que la mort ouvre les yeux sur la vie. Saint Maur sait désormais à quoi s’en tenir sur le compte de deux de ses élus. Le décès de l’ancien maire aura réussi à les renvoyer dos à dos, illustrant leur aspiration commune à des fonctions auxquelles ni l’un ni l’autre ne peuvent prétendre. Question d’honneur et… de décence.