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Emplois d'avenir : les zones sensibles, les ministres sans cible

Publié le 05 septembre 2013 par Copeau @Contrepoints

Surprise : les contrats d'avenir ne décollent pas. Un demi-échec pour le dispositif, un échec cuisant pour le système.

Par Baptiste Créteur.

Emplois d'avenir : les zones sensibles, les ministres sans cible

Contrepoints l'évoquait avant les autres : les contrats d'avenir n'en ont aucun. Pas plus que les emplois francs d'ailleurs ; les emplois aidés ne sont en général pas assez productifs pour être rentables et leurs bénéficiaires se trouvent fort dépourvus lorsque le contrat est rompu. La chute du faucon rose.

En plus de ne servir à rien et de coûter cher au contribuable, ces emplois ne trouvent pas preneurs ; ni auprès des employeurs, ni auprès des potentiels bénéficiaires. Étrangement, malgré le traitement social et statistique du chômage, la situation se dégrade.

Le gouvernement ne pouvait évidemment pas laisser cette question sans réponse, cette question que tous les Français se posent : "Pourquoi rien de ce que vous annoncez ne fonctionne jamais ?"

Cible prioritaire des contrats d'avenir, les jeunes de zones urbaines sensibles (ZUS) semblent se détourner du dispositif gouvernemental. Moins de 5 000 contrats de ce type ont été signés à la fin de juillet sur les 50 000 officialisés depuis l'entrée en vigueur de la loi en novembre.

Ces contrats s'adressent à des jeunes de 16 à 25 ans dépourvus de tout diplôme et qualification en fournissant une formation, et le ministre de la ville, François Lamy, explique le demi-échec du dispositif par le fait que les jeunes concernés sont "souvent sortis très tôt du système scolaire" et qu'il est difficile d'aller les chercher, "car ils ne sont pas inscrits à Pôle Emploi".

Le demi-échec du dispositif s'explique par le fait que les jeunes concernés sont sans qualification, sans emploi, en n'en cherchent pas vraiment. Un demi-échec pour le dispositif, un échec cuisant pour le système.

Et l'explication va plus loin :

De plus, dans les ZUS, certaines collectivités et associations qui pourraient souhaiter signer des contrats d'avenir ne le font pas car "elles sont en grandes difficultés financières", a avancé le ministre. Quant au secteur privé, "il y a une certaine réticence à embaucher ces jeunes", liée selon lui, à "l'image des quartiers".

Notons bien que les collectivités et associations manquent de moyens, tandis que le secteur privé pratique la discrimination. Il a plein de moyens en ce moment, ces jeunes sans qualification étant parfaitement employables – jeunes qui coûtent quand même le salaire minimum (salaire minimum oblige) soit une misère pour le salarié, un pont pour l'employeur (collectivisme Made in France oblige).

Même avec si peu de résultats, le jeune de Zone Urbaine Sensible © préfère être la cible du gouvernement que d'autres jeunes de Zone Urbaine Sensible. Employé modèle, il est malheureusement trop souvent victime de discriminations ; une simple question d'image.

Cela n'explique pas pourquoi le reste de la population peine, lui aussi, à trouver un travail – même quand il cherche. Peut-être la dégradation continue de la compétitivité française y est-elle pour quelque chose ; peut-être y a-t-il aussi un certain impact de l'avalanche de taxes et de prélèvements qui s'abat sur les Français depuis plusieurs mois, années, décennies. Peut-être est-ce un héritage de la droite, ou un héritage de la gauche, ou tout simplement le résultat d'un peu trop de tartes à un peu trop de patrons.

Peut-être est-ce parce que le système scolaire de la république ne tient pas ses promesses, ou parce que les programmes de soutien et banques publiques d'investissement peinent à prendre leur envol. Peut-être les Français sont-ils tous victimes de discriminations. Peut-être que la crise est encore là, et la reprise pas encore tout à fait. Peut-être que le sens des courbes ne suit pas assez la volonté politique, trop les décisions individuelles. Peut-être que les collectivistes se plantent une fois de plus sur toute la ligne et infligent une punition collective à un pays entier.

Peut-être ne faut-il après tout pas se perdre en conjectures et accepter, résignés, ce demi-échec. Osons l'optimisme ; quand le gouvernement ne parvient qu'à un demi-échec, n'est-ce pas la moitié d'un succès ?


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