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Définition - Qu'est-ce qu'un néologisme ?

Publié le 06 novembre 2011 par Audreymathe62

 

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Qu'est-ce qu'un néologisme ?

Il est courant d'entendre les nostalgiques de la langue "parfaite" de Molière se plaindre de la décadence du français. Les mots et expressions se perdent, se meurent, disparaissent, l'on déplore l'apparition trop fréquente de termes importés d'autres langues. C'est pourquoi je souhaiterais parler du néologisme.

Dans le jargon de la stylistique et de la linguistique, le néologisme est le processus par lequel on crée des mots nouveaux ou des tournures de phrases inédites. On distingue les néologismes subjectifs des néologismes objectifs. Dans le cas des néologismes subjectifs, il s'agit d'une création d'un terme purement stylistique, littéraire et autant dire que c'est assez rare. Le plus fameux aujourd'hui est le terme abracadabrantesque, créé par le poète Arthur Rimbaud, et repris dans une intervention politique par l'ancien président de la République Jacques Chirac. Les plus fréquents sont les néologismes objectifs : il s'agit de termes créés pour les besoins de la vie courante en relation notamment à de nouveaux objets dans le domaine des sciences et technologies (par exemple, le terme ordinateur ou encore logiciel ou baladeur), ou à l'apparition de nouveaux concepts ou idées, par exemple la cohabitation.

Comment crée-t-on des néologismes ?

Soit il s'agit de création basée sur la forme (morphologie) du mot et dans ce cas, on fait appel à divers procédés grammaticaux. Par exemple, on peut créer un mot à partir de termes latins ou grecs. C'était notamment le cas pour le vocabulaire médical, entre autre de certaines pathologies. Il s'agit de termes savants appartenant à des jargons spécifiques. On peut également utiliser le système de siglaison, c'est à dire un sigle à la base qui devient un nom correspondant à une réalité objective. Par exemple, le mot radar, qui vient du sigle Radio Detection And Ranging. On parle également plus facilement d'ADN (Acide DésoxyriboNucléique) ou de CAF (Caisse d'Allocations Familiales). Parfois certains sigles sont si bien intégrés dans la langue qu'on en oublie leur signification originelle complète.

Il peut s'agir aussi de dérivations diverses, par exemple en ajoutant un suffixe ou un préfixe. Enfin, on peut également associer deux mots ensemble (attachiant, adulescent), le féminiser (sans-papière, professeure), le faire changer de catégorie (le verbe gouroutiser qui vient du nom gourou)... La plupart du temps, on les emprunte à d'autres langues en adaptant la prononciation, en le modifiant légèrement et en lui faisant subir les règles classiques d'orthographe et grammaire français : une pizza donne au pluriel des pizzas, toutefois le terme emprunté à l'italien n'a ni la même forme ni la même prononciation au pluriel dans la langue d'origine... Dans ce cas, on parle aussi de francisation.

Les procédés sont vastes et je n'ai pas la prétention de tous les exposer, il ne s'agit ici que de quelques exemples.

Soit il s'agit d'une création sur le sens (sémantique). Dans ce cas, on utilise un terme qui existe déjà dans la langue et on lui ajoute un sens, le rendant ainsi polysémique (plusieurs sens). Je prendrais l'exemple du terme souris, qui peut désigner un animal ou cet objet bien utile relié à l'ordinateur... Dans ce cas, il s'agit même d'une traduction puisqu'en anglais, le terme utilisé est mouse pour désigner et l'animal et l'objet.

Quels sont les néologismes d'aujourd'hui et pourquoi les crée-t-on ?

De nos jours, la majorité des mots créés sont en relation avec la science et les techniques et viennent de l'anglais ou de l'américain. De nombreuses autres langues prennent le parti de conserver les termes dans leur langue originelle. En France et au Québec (francophone), il existe une véritable volonté de lutter contre ce qu'on nomme le franglais, à savoir l'intégration dans la langue courante de termes étrangers, notamment l'anglais, par calque et mimétisme social et culturel. Il existe de nombreuses commissions qui établissent des règles et des équivalents aux mots anglais. Par exemple, la commission générale de la terminologie et de la néologie qui publie régulièrement des bulletins officiels sur des équivalents ou alternatives aux termes anglais. Le dernier en date, publié en janvier 2012, se réfère au français des affaires (voir en link le site France Terme qui met en ligne ces bulletins).

Le néologisme aujourd'hui est perçu comme un outil de défense face à ce que certains considèrent comme une invasion de l'anglais dans les autres langues. Certains diront que c'est un moyen d'enrichir la langue cible, d'autres que c'est pour la préserver.

Si au départ, les termes alternatifs proposés en français furent facilement intégrés dans la langue courante, aujourd'hui de nombreux termes coexistent, avec prédominance pour le mot anglais, et parfois, on ignore même tout simplement l'équivalent en français. En effet, nous parlons tous d'ordinateur (computer), de logiciel (software), de souris (mouse) mais nous naviguons un peu plus sur le web que sur la toile, nous recevons plus souvent des mails que des courriels, et nous protégeons notre messagerie clairement plus contre les spams que contre les pourriels. Nous sommes tous curieux de l'ebook, parfois du livre électronique mais très rarement du bouquineur.

Le véritable problème que pose le néologisme dans le cadre des nouvelles technologies et des sciences se situe au niveau de l'intercompréhension. Lorsque nous étudions l'informatique, il nous faut nécessairement connaître les termes anglophones. De même, les chercheurs et professionnels étrangers sont parfois confrontés à ces curiosités linguistiques lorsqu'ils travaillent, collaborent avec des entreprises françaises et/ou francophones. J'ai beaucoup cité le domaine de l'informatique (contraction entre les termes information et automatique), mais c'est également le cas dans les techniques commerciales, les télécommunications... 

Enfin je dirais simplement que les médias en général mais aussi la culture musicale et cinématographique et les entreprises commerciales ont un rôle majeur dans la propagation des anglicismes (emprunts à la langue anglaise) et dans leur intégration dans la langue courante : glamour, people, buzz, news, netbook, smartphone, charter, low coast...

D'une certaine façon, il ne s'agit que de l'évolution de la langue...

Je finirai cet article en vous proposant une liste non exhaustive de quelques néologismes parfois amusants, parfois inconnus...

- alunir : attérir sur la lune

- paparazzer : prendre des célébrités en photo

- vacancelle : week-end

- marché des transferts : mercato (sport)

- mécénat (déjà existant dans la langue) : sponsoring (domaine des affaires)

- opérateur de marché : trader

- trapper : passer à la trappe

- rupturiste : adepte de la rupture

Audrey Mathé    

Sources :

- "Néologisme", CNRTL (link)

-  "Néologisme", Wikipédia (link)

- "Expression ou néologisme politique", Wikipédia (link)

- "Franglais", Wikipédia (link)

- "Anglicisme", Wikipédia (link)

- "Néologisme", L'interculturel en francophonie (link)

- "Néologismes relevés dans les médias", Le forum des Babéliens (link)

- "Le mot "attachiant" élu néologisme de l'année", Gentside (link)

- "Fillon et la "scorpionite"", France Info (link)


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