Régulièrement, retrouvez la chronique So British ! de James, anglais émigré en France et qui porte à chaque fois un regard attentif sur la Premier League et le football de son pays en général. Ce vendredi il nous parle de la popularité de la Premier League qu’il a pu constater au fil de ses voyages.
Il y a deux ans, j’ai décidé de partir d’Angleterre pour vivre au Canada. Ce que je recherchais, comme la plupart des gens qui s’expatrient, c’était de vivre une nouvelle vie et de m’immerger dans une culture différente au contact des autres. Je voulais aussi m’intéresser aux sports d’Amérique du Nord dont mes compatriotes se moquent. Cette attitude de mes amis anglais a le don de m’énerver et il m’est difficile de croire que d’autres sports existent dans un pays où le foot est tellement dominant.
Mais, durant mon séjour à l’étranger, j’ai eu l’opportunité de mesurer le niveau de popularité du football dans ce pays bien connu pour son désintérêt du « beautiful game ». Après avoir passé quelques mois dans ce nouveau pays, deux choses m’ont frappé : -1) le foot est bien plus populaire que ce que j’avais pu penser et 2) la Premier League est la ligue la plus suivie. Sur les trottoirs de Toronto ou de New York, il est ordinaire de voir des personnes portant des maillots de Manchester United, Liverpool ou Chelsea. Bien sûr, on n’en voit pas partout, mais c’est tout de même considérable, vu la surabondance de maillots de baseball et de hockey sur glace.
Suite à ces considérations, il semble que l’intérêt pour le foot anglais soit manifestement en hausse, malgré le fait que les meilleurs joueurs du monde ne jouent pas en Angleterre. Les superstars du moment, Messi, Ronaldo, Zlatan et Neymar boudent la Premier League et le seul joueur évoluant dans ce championnat ayant un statut proche de ces grands noms, Gareth Bale, est sur le point de jouer sous les projecteurs du Real Madrid. Certes, la Premier League peut fanfaronner avec des joueurs connus comme Gerrard, Lampard, Van Persie ou Cech, mais ils ont tous la trentaine ou plus. Bien sur d’autres excellents joueurs tels que Silva, Hazard et Cazorla évoluent dans le championnat, mais leurs noms n’ont pas la même résonance au niveau mondial que Messi et compagnie.
Cet été, nous avons eu de nombreux exemples de clubs anglais incapables d’attirer les joueurs qui les intéressent et cette situation devient préoccupante. De plus, ce sont les grands clubs historiques, Manchester United, Arsenal et Liverpool qui ont eu les problèmes les plus évidents dans le mercato estival. Fabregas, Higuain et Mkhitayran ont tous dit non, Higuan et Mkhitayran choisissant respectivement Napoli et Dortmund. Avoir un grand nom n’est plus suffisant si l’on veut discuter avec des nouveaux riches ou même des clubs moins prestigieux en Europe.
Quand au club que j’ai adopté en France, l’Olympique Lyonnais, ils ont réussi à garder leur jeune étoile et meneur de jeu Clément Grenier, malgré l’intérêt et l’argent d’Arsenal qui le pistait depuis longtemps. Bien que l’arrivée de Falcao et de Cavani rende la victoire en Ligue 1 presque impossible pour Lyon, cela prouve que Grenier y est heureux et n’a pas besoin de venir jouer en Angleterre.
Mais je ne veux pas être complètement négatif en parlant du championnat anglais. Le football y est rapide et la ligue est fréquemment imprévisible, comme le prouve la victoire de Wigan contre Manchester City en Coupe d’Angleterre, une semaine avant sa relégation en deuxième division. Est-il si important que Messi ne joue pas et ne jouera probablement jamais en Angleterre ?
Vraisemblablement non, mais à mon avis les clubs anglais doivent rivaliser avec les autres participants à la Ligue des Champions pour maintenir leur popularité. L’année dernière, pas un seul club n’a réussi à passer les quarts de finale, et l’échec constant en Europe du City de Roberto Mancini est une situation qui ne peut pas continuer s’ils veulent rivaliser avec la célébrité de Man U dans le monde.
Qui sait, peut être qu’avec Pellegrini, on verra fleurir des maillots de City sur les trottoirs de New York dans quelques années !