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Sonia Gandhi et le silence des médias

Publié le 09 octobre 2012 par Dopalruka @DoPalRuka
Puissante héritière de la dynastie Nehru-Gandhi et leader de la coalition gouvernementale, Sonia Gandhi semble inattaquable. Malgré les soupçons de corruption qui l'entourent, les journalistes n'osent jamais la viser directement.
Sonia Gandhi et le silence des médias
Selon le classement du magazine Forbes, elle est la 6e femme et la 11e personnalité la plus puissante du monde. Elle est à la tête de la plus grande famille indienne, et du gouvernement central. D’origine italienne, elle est entrée dans le clan Gandhi en 1968 en épousant Rajiv Gandhi - fils aîné d’Indira et petit-fils de Nehru, assassiné en 1991 - et dans la politique indienne en 1997, en prenant le contrôle du Congrès.  Elle détient le record de longévité de la présidence du parti, vieux de 125 ans, et mène la coalition gouvernementale depuis 2004. Elle aurait même pu devenir premier ministre à la place de Manmohan Singh.
En Inde, Sonia Gandhi est au centre de la vie politique et publique. Ou au-dessus. Elle reste inaccessible, intouchable. « Elle vit et se déplace en secret et aucun média ne parvient à savoir lorsqu’elle sort du pays, raconte Sunil Rajguru sur Sify. Alors que le droit à l’information (loi de 2005 qui garantit aux citoyens le droit d'exiger une information de la part d'une autorité publique, du gouvernement) a été un grand succès, c’est un silence qui répond à toutes les questions posées à propos de Sonia ». Selon Nirupama Subramanian, éditorialiste de The Hindu, la présidente du Congrès bénéficierait d’une « omerta » observée par des médias indiens pourtant « habituellement décrits par les commentateurs internationaux comme étant bagarreurs et tapageurs. »
Pourtant, sa fortune, vaguement évaluée entre 2 et 19 milliards de dollars par le Business Insider, éveille de plus en plus les soupçons alors que des scandales de corruption à répétition secouent le gouvernement. Le fait d'être une étrangère lui est reproché et alimente les rumeurs qui l’entourentde ses mystérieux séjours médicaux aux Etats-Unis à ses prétendus comptes secrets en Suisse ou à ses liens supposés avec le KGB.
Mais si l’opposition reprend ses allégations pour la dénigrer, dans les médias, rares sont les attaques directes, et encore moins les vraies enquêtes pour démêler le vrai du faux. Sunil Rajguru s’étonne de la « docilité des médias traditionnels » vis-à-vis de Sonia Gandhi, même en dépit de son hostilité affichée vis-à-vis d’eux. Selon Tavleen Singh, éditorialiste de Nitin Central, la famille Gandhi inspirerait un vrai sentiment de terreur chez les journalistes. « Il n’y a pas beaucoup de personnes qui osent poser des questions parce qu’ils craignent et pensent qu’il y aura toujours des représailles contre ceux qui osent dire quelque chose qui pourrait sembler même légèrement critique à propos de notre famille royale démocratiquement élue, affirme t-il. Récemment, quand j’ai tweeté que The Economist recommandait aux votants Indiens de se débarrasser des Gandhi parce que “ces gens entravent le progrès de l’Inde au lieu de le servir”, j’ai été inondé par un torrent de tweets qui pour la plupart disaient que j’étais “très courageux” d’oser tweeter une telle chose »Lorsque Narendra Modi, chef du gouvernement du Gujarat, a accusé Sonia Gandhi d'avoir dépensé près de 2 milliards de roupies d'argent public pour ses voyages à l’étranger, ces déclarations ont été traitées « presque comme un blasphème » dans la presse, selon Tavleen Singh.

Sonia Gandhi et le silence des médias

Rahul, Sonia et Priyanka le jour du 2e anniversaire de la mort de Rajiv Gandhi


Subramanian est un des seuls journalistes à dénoncer la différence de traitement médiatique entre la présidente du Congrès et les autres personnalités politiques « Le silence médiatique autour de Madame Gandhi est d’autant plus flagrant quand on le compare à l’importance consacrée récemment par les médias aux problèmes conjugaux d'Omar Abdullah ». Ainsi, les Indiens ne savent toujours pas de quelle maladie est atteinte Sonia et pourquoi elle s'éloigne régulièrement du Parlement et des affaires indiennes pour s'envoler vers les Etats-Unis. En revanche, ils ont tout appris sur le divorce du chef de l'Etat de Jammu-et-Cachemire ou sur l'opération qu'a subi le président du BJP (parti d'opposition) pour perdre du poids. Tavleen Singh renchérit : si un autre homme politique avait entrepris le même genre de « séjour médical » à l'étranger, « toutes sortes de questions auraient été posées et la santé du leader aurait fait la une jusqu’à ce qu’on y ait répondu de manière satisfaisante ».
Mais les citoyens Indiens exigent des réponses, et pourraient sanctionner ces silences dans les bureaux de votes. En fin de compte, « personne ne semble plus effrayé par la famille Gandhi que les médias indiens », ironise le journaliste.

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