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331ème semaine politique: Syrie, Hollande est seul, comme tout le monde.

Publié le 07 septembre 2013 par Juan
331ème semaine politique: Syrie, Hollande est seul, comme tout le monde.
On aura donc tout entendu contre une intervention militaire en Syrie qui n'était pas encore décidé. Tout, ou presque. Le plus grave n'était d'ailleurs pas tant cette opposition que ce qu'elle signifiait sur l'état du pays, ou, du moins, de certaines de ces composantes.
Il y avait autre chose, évidemment, cette semaine, à se mettre sous la dent. Des nouvelles plus sérieuses pour nos vies quotidiennes.
Nous digérions, à peine et très mal, une mauvaise réforme des retraites que d'aucuns voudraient faire passer pour l'énième résolution d'un déséquilibre démographique. C'était plus grave que cela, mais jusqu'à Pierre Moscovici, certains ministres ne l'entendaient pas. Cynique, l'agence de notation Fitch estime cette retraite insuffisante.
A l'inverse, la rentrée scolaire est moins tendue. Il y a déjà davantage d'adultes dans nos classes, un enseignement étalé sur 4 jours et demi pour près d'un quart des établissement; une refonte annoncée des programmes scolaires, la trajectoire qui se dessine. "Oui, il a encore beaucoup à faire" commente Vincent Peillon, le ministre devenu si discret.
Quelques 400 personnes, des familles étrangères délogées des hébergements d'urgence, campent à Clermont-Ferrand. L'occasion de mesurer l'un des dégâts très concrets des restrictions budgétaires: le 115 local n'a plus les moyens.
L'évolution du chômage est surveillée comme le lait sur le feu. Les emplois d'avenir en zone sensible sont un échec, s'inquiète le ministre de la ville. Et 80% des embauches au premier trimestre l'étaient en CDD. Jeudi, le Secours Populaire Français publie un triste sondage: six mères célibataires sur dix y déclarent avoir rencontré des "difficultés financières importantes" au cours des douze derniers mois pour assurer leurs dépenses de logement et d'alimentation.
Autre inquiétude de cette rentrée, le "matraquage fiscal". Selon le Monde, les hausses d'impôts décidées depuis 2011 atteignent le joli cumul de 63 milliards d'euros supplémentaires; dont 57% à la charge des entreprises. Sarkozy avait eu la main déjà lourde: 30 milliards; sans compter les 11 milliards de TVA supplémentaire supprimée par Hollande; 70% des hausses Sarkozy portaient sur les ménages ! Sous Hollande, le rapport est inverse, les deux tiers des hausses ont concerné les entreprises.
Hollande décide une "pause fiscale". C'est un tournant, aussi décisif que peu commenté. Il reste encore quelques 70 milliards de niches fiscales.
La réforme Taubira, favorablement arbitrée par François Hollande la semaine précédente, était officieusement dévoilée, cette fois-ci par France Inter: suppression des peines-planchers; réduction des aménagements de peine; création d'une "contrainte pénale" en alternative à l'emprisonnement pour les peines inférieures à 5 ans.
Sans surprise, quelques représentants de droite tentent de rejouer la partition connue qui leur a tant réussi à l'aube des années 2000, la gauche serait laxiste. Ces amnésiques oubliaient combien la lutte contre la récidive était l'un des échecs les plus patents du sarkozysme judiciaire. Chez Marianne, Laurent Neumann résume "entre 2002 et 2012, la droite a multiplié les lois dites répressives ; (...) Les fameuses peines planchers ont été appliquées plus de 42.000 fois, débouchant sur quelque 4000 années de prison supplémentaires cumulées. Or, la récidive a triplé entre 2004 et 2011." Jeudi, la Garde des Sceaux défend son projet sur France2 dans l'émission Des Paroles des Actes. Les responsables de ce show médiatique eurent la judicieuse idée de l'affronter, en fin d'émission, à une mère de victime. Cette démarche, confondante et indigne, ignoble et sans intérêt, n'a même pas réussi à faire bouger l'audimat. Ce genre d'outrance médiatique, de surcroît sur une chaîne de service public, faisait-il avancer le débat ? Non, en rien.
Manuel Valls, politiquement perdant, récupère d'excellents scores de popularité. Son rétropédalage a-t-il payé ? Ou est-ce enconre cette mauvaise singerie du sarkozysme sécuritaire qui séduit les sondés ?
La Syrie occupe trop de grands esprits.
Les clichés présentant Sarkozy, el-Assad et un émir saoudien font florès sur les réseaux. Ce passé est encore proche, la compromission ultime pour quel résultat ? 
Depuis le massacre chimique du 21 août, quelque part dans un faubourg de Damas, près de 1.400 morts souvent civils, des dizaines d'enfants, la fameuse communauté internationale tergiverse. La France est à l'image de ce monde divisé. Il faut toujours un choc, le drame de trop, pour faire avancer une diplomatie internationale dominé par un quarteron d'Etats. C'est injuste, facile, mais c'est ainsi.
Dans la semaine, der Spiegel affirme que les services secrets allemands auraient intercepté un échange entre un responsable du Hezbollah et un diplomate iranien. L'armée syrienne aurait "sur-dosé" ses bombardements le 21 août.
Mercredi, les différents groupes parlementaires, à l'Assemblée nationale et au Sénat, pouvaient exprimer leurs positions. Ce festival fut incroyable.  
La France, finalement, n'est unie que dans la trouille. Il y avait certes de belles raisons d'être au moins prudent - les risques d'embrasement et de bourbier. Il y avait l'inévitable complotisme - "les médias nous mentent", - renforcé de l'inévitable soupçon qui devrait nous interdire, paraît-il, toute implication dès lors que des intérêts économiques sont en jeu - "Hollande otage de la CIA", "L'Amérique veut diriger le monde", "les Qataris nous ont achetés". Il y avait la trouille de rétorsion - nous avons même des otages. Il y avait aussi un légalisme soudainement extrême chez certains qui d'habitude prônent le renversement de toutes les tables internationales. Il y avait surtout cette question: qui croyait Assad "vierge" de toutes exactions ? Qui préférait rester coi ? Il faut attendre, la France n'ira pas seule, l'ONU n'a pas terminé son analyse, n'en déplaisent à ceux qui nous ont livré des "preuves".
Hollande était finalement bien prudent. Nulle intention de partir en guerre, ni même de lâcher un missile sans une coalition d'ampleur. Il n'exclut même plus un vote parlementaire. Il attend un G20. Jeudi soir, la réunion internationale débute à Saint Petersbourg. Le climat est glacial. Obama ne supporte pas l'asile politique accordé à l'espion repenti Edward Snowden. Sur place, il salue des militants gays. Il est bien seul.
Ils sont tous seuls. C'est la révélation de ce G20.
Obama, attendant son Congrès; Cameron, désavoué par sa Chambre des Communes; Poutine, exclu par tous; Xi Jinping, seul par principe; l'Inde, en pleine crise monétaire; le Brésil, désemparé par sa "diplomatie étriquée" qui vient de virer son ministre  des relations extérieures deux jours avant ce G20; ses secousses sociales; Rajoy coincé dans ses scandales; Merkel dont on sait qu'elle n'interviendra jamais à deux semaines de ses élections. Il restait Poutine, obstiné dans une issue onusienne qu'il bloquait depuis deux ans. Le dîner, jeudi soir au Palais de Peterhof, fut glacial et grossier.
Maigre avancée, ils ont au moins reconnu que l'usage des armes chimiques est bien une violation du droit international (sic!). Mais Hollande recueille un soutien de 11 autres Etats, 11 sur 20, tout juste la moyenne, 11 qui appelle à une action internationale forte, sans préciser si elle pourrait être militaire.
La Syrie ressoude ce G20 sur le sujet fiscal. Les 20 ont repris à leur compte les recommandations de l'OCDE, un plan d’action qui vise à imposer les bénéfices des multinationales là où ils ont effectivement été réalisés et un échange d’informations fiscales entre Etats.
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Sur son blog, un proche de François Hollande livre son "inventaire" du sarkozysme. Bernard Poignant part d'une interrogation, légitime: d'où vient donc cette fascination à droite pour Nicolas Sarkozy ? "Nicolas Sarkozy a tout perdu pour la droite depuis 2007 et on le dit quand même bon candidat pour elle."
L'exercice est forcément savoureux pour qui a écrit, commenté ou lu ces 5 années de sarkozysme frénétique.
Cet inventaire, une mauvaise nostalgie, sert à se rappeler d'où nous venons.
Ami sarkozyste, tu es perdu.

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