C’est un sentiment étrange de constater que l’on vieillit, et surtout de noter que notre environnement se dépeuple des plus anciens, ceux qui nous avaient précédés, qui avaient fait certaines expériences avant nous, et dont l’expérience nous enrichissait, faisait partie de notre vie, car on l’intégrait, et notre jeunesse, en fait, commence en même temps que celle de nos parents ou grands-parents. Nos vieux nous ont donné une profondeur dont on ne disposerait pas autrement.
Songeons que bientôt il ne restera plus de générations ayant connu la guerre. Même si avec Cabu nous avons ri des anciens combattants, un jour nous n’aurons plus que des gens ayant connu mai 68 comme acmé de leur vie, et encore moins que cela avec les générations qui les suivrons.
Il nous manquera quelque chose, un stock d’expériences, des réflexions qui en découlent qui seront irremplaçables.Nous n’aurons plus d’autres générations que celles de l’abondance.
C’est un peu une douleur que de se dire que nous n’entendrons plus ces voix un peu rocailleuses de ceux qui n’étaient allé qu’à l’école de la vie, sans grandes études théoriques, et dont les mots sonnaient parfois plus justes et plus forts.