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[Critique] Magic Magic

Par Wolvy128 @Wolvy128

4-étoiles

Affiche magic magic
Je reviens aujourd’hui sur Magic Magic, le troisième long-métrage (le premier en anglais) du réalisateur chilien Sebastian Silva, qui a notamment travaillé comme assistant réalisateur de Terrence Malick sur A la Merveille. Concrètement, le film raconte l’histoire d’Alicia (interprétée par Juno Temple), une jeune américaine réservée qui se retrouve embarquée par sa cousine Sara (Emily Browning) et ses amis Brink (Michael Cera) et Agustin (Agustin Silva) sur une île isolée pendant ses vacances au Chili. Mais personne ne fait vraiment d’effort pour intégrer Alicia. Au point qu’elle se replie de plus en plus sur elle-même et commence peu à peu à perdre ses facultés mentales sans que le groupe n’y prenne garde…

Pour son troisième film en tant que réalisateur, Sebastian Silva n’a pas choisi la facilité en décidant d’aborder les troubles mentaux et la schizophrénie. Non seulement car la lourdeur du sujet le rend souvent difficile à exploiter mais aussi car de grands noms du cinéma tels que David Fincher ou Martin Scorsese sont déjà passés par là avec brio. Cependant, à l’inverse d’un Fight Club ou d’un Shutter Island, Magic Magic ne repose pas sur une intrigue, ou un scénario, mais plutôt sur une atmosphère. Effectivement, bien qu’il s’agisse d’un thriller, l’histoire ne regorge pas de rebondissements particuliers, le réalisateur se contentant de décrire calmement la descente aux enfers de son héroïne. Les péripéties sont donc rares et le rythme (plutôt lent) est sensiblement le même du début à la fin. Pour autant, le film est loin d’être ennuyeux car l’atmosphère oppressante et anxiogène que la réalisation et la photographie parviennent à installer prend littéralement aux tripes et ne nous lâche à aucun moment.

Photo magic magic
Néanmoins, au-delà de l’aspect technique très réussi, la qualité du film tient surtout de la performance absolument magistrale de Juno Temple. Remarquée ces dernières années pour ses rôles extrêmes et audacieux chez Jaco Van Dormael (Mr. Nobody), Gregg Araki (Kaboom) ou encore William Friedkin (Killer Joe), le rôle d’Alicia de Magic Magic s’inscrit dans la même veine et le moins que l’on puisse dire est qu’elle se montre une nouvelle fois extrêmement convaincante. Totalement investie, elle ne fait qu’un avec son personnage et son malaise devient rapidement le nôtre. Avec une facilité déconcertante, elle nous fait partager sa solitude, ses peurs, ses angoisses, et sans forcément savoir pourquoi, on reste scotché à ses moindres faits et gestes. Rarement une chute libre dans la folie n’aura été si bouleversante. D’autant plus que ses camarades Emily Browning et Michael Cera ne déméritent pas à ses côtés et jouent un rôle notoire dans les émotions que le film parvient à véhiculer au travers de l’histoire d’Alicia.

En définitive, à l’image de son final riche en sensations, Magic Magic est donc un véritable tourbillon d’émotions. Une œuvre bouleversante qui ne laisse pas indifférent et dont on ne ressort pas tout à fait indemne. Certains y verront certainement un film mou sans scénario mais pour ceux qui se laisseront cueillir, le choc est assuré !



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