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Romano Ricci, itinéraire d’un enfant parfumé

Publié le 10 septembre 2013 par Adamantium

Quand on passe une heure sur le balcon d’un hôtel particulier avec Romano Ricci, fondateur de « Juliette Has a Gun », on peut s’attendre à l’inattendu. Avec raison.

Mardi 3 septembre, le créateur des parfums « Juliette Has a Gun » reçoit une quinzaine de blogueurs dans les salons de l’Éléphant Paname, à un jet de parfum de la place Vendôme.

Arrivés à l’heure (une habitude tellement peu parisienne), nous sommes accueillis par l’aréopage de jolies filles qui constitue la garde prétorienne de Romano et s’occupe de nous avec gentillesse et professionnalisme. Romano Ricci nous invite à le suivre dans une des pièces où une jeune femme grave sur le désormais fameux « bullet spray » rechargeable les mots que nous voudrons bien lui confier.

Devant nous sont alignées huit chaussures à talon-aiguille dans lesquelles il nous est proposé de humer toutes les fragrances de « Juliette Has a Gun » depuis sa création en 2007. Toutes ? Presque. Il manque « Oil Fiction » et « Anyway », le nouveau parfum de la Marque dont la primeur aura été réservée à la presse. Huit parfums, huit histoires d’amour ? Romano élude avec élégance. On lui en devine beaucoup plus…

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Chemise blanche, cravate noire et arborant le fameux chapeau qui lui donne un faux air d’Al Pacino, Romano Ricci est à la fois fidèle à son image et très loin de l’idée qu’on pourrait s’en faire. Il parle avec décontraction, main sur le cœur ou dans les poches de son jean. L’invitation de ce soir est bien sûr une opération de communication mais il paraît être le dernier à le savoir, racontant ses parfums comme il le ferait à des amis perdus de vue : Calamity J ? « un parfum de mec pour les femmes ». Citizen Queen ? « Un chypre assassin, animal… » Midnight Oud ? «  Personne ne l’a utilisé comme ça ». Miss Charming ? « Une fausse ingénue, une rose avec toutes ses épines ». Not a perfume ? « Du cétalox pur : un coup de folie ». Lady Vengeance ? « Une séductrice très sûre d’elle ». Romantina ? « Insouciante, mais avec un fichu caractère ». Mad Madame ? « Fusant, explosif ! ».

Mais l’assemblée de blogueurs est finalement peu bavarde et nous nous retrouvons à discuter avec lui, puis à aller prendre l’air (et boire une autre coupe) sur le balcon. Le tutoiement vient naturellement, Romano Ricci s’exprime sans détour. On s’attendait à un marketeur quelque peu roué, on découvre un homme qui fonctionne à l’instinct, à l’envie. Un mélange complexe d’énergie et de questionnement.

On lui pose des questions mais il en pose presque autant, curieux de savoir comment on perçoit sa « Juliette ». Il parle de ses deux premiers parfums créés avec Francis Kurkdjian puis du moment où il a compris qu’il pouvait orchestrer lui-même ses fragrances et donner libre cours à sa passion des chyprés. Il explique son incapacité revendiquée à créer « sur commande », son côté rock’n roll dont nous aurons quelques illustrations cocasses pendant la conversation.

En découvrant l’homme on comprend petit à petit à quel point Juliette Has a Gun lui ressemble, dans son côté impulsif, entier, séducteur. De son aventure parfumée on glisse petit à petit vers son histoire personnelle. Il évoque son histoire familiale et son besoin vital de s’en affranchir, puis bien d’autres choses encore… nous en garderons le secret. Sa sœur Antina nous a rejoints, Paris sous nos pieds est entre chien et loup. La compagnie est charmante et c’est bien là l’important.

Cette rencontre avec Romano Ricci nous a en effet rappelé ce qui nous touche dans les marques dites « de niche » : la rencontre avec la personnalité d’un créateur, ce lien intime dont les grandes marques nous ont petit à petit privés depuis la transformation de la parfumerie fine en un phénomène de masse. Les parfums de ces jeunes Maisons recèlent une part de sincérité désormais disparue des produits maintes fois pré-testés des grands groupes internationaux. Des créations parfois imparfaites ou excessives, mais qu’à l’instar des êtres humains on aime (aussi) pour leurs défauts !

Mais trêve de réflexions… Le temps a filé, la nuit est tombée et l’air s’est rafraîchi sur le balcon. Il est temps de remercier nos hôtes pour leur délicieux accueil et d’aller dîner sans craindre les mauvaises rencontres : avec dans la paume notre balle en argent emplie de parfum, les loups-garous se tiendront à bonne distance !

Hervé Mathieu – Fragrance Forward

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Romano Ricci, itinéraire d’un enfant parfumé
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