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SNCF : à nous de vous faire détester le train

Publié le 11 septembre 2013 par Copeau @Contrepoints

Les CFF suisses sont à bien des égards un excellent modèle pour la SNCF française.
Par Xavier Chambolle.

SNCF : à nous de vous faire détester le train

Le train étant mon moyen de transport préféré, je dédie cet article à la SNCF qui a fait tout son possible pour me faire détester ses trains.

SNCF vs CFF

Les billets et tarifs

Avant d’entrer dans le train, il vous faut un billet. L’achat du billet. Voilà une étape qui permet à elle seule de comprendre comment fonctionne la compagnie ferroviaire.

Avec la SNCF, c’est complexe. Il y a plein de cartes et d’abonnements possibles. Pour vous en convaincre, allez devant un guichet automatique et vous constaterez vite que ces offres sont listées sur plusieurs pages ! Et après avoir choisi celle qui correspond à votre situation/carte/abonnement, on risque de vous demander… zone bleue ou zone blanche ? Oui car selon l’heure à laquelle vous voyagez, c’est plus ou moins cher. Et dans certains cas (TGV), votre réduction peut ne pas s’appliquer ou bien être moins intéressante. Et ce n’est pas fini, vous l’achetez en avance ou dernière minute ?

Toujours avec la SNCF, faites l’essai sur leur usine à gaz, sur une même destination, avec le même train ayant les mêmes arrêts, le tarif est extrêmement variable ! Prix du kérosène ? Places limitées sur un réseau surexploité et un matériel roulant trop rare ? Quoiqu’il en soit, vous ne saurez pas à quelle sauce vous serez mangé.

Passons maintenant aux CFF. Nous sommes au guichet, nous avons deux possibilités : plein tarif, demi-tarif. Hop là c’est réglé. En fait non, il y a une troisième option, si vous avez le bon abonnement : ne pas passer au guichet. Quant aux tarifs, sur une même destination, peu importe que vous achetiez votre billet 6 mois à l’avance ou une minute avant le départ, peu importe l’heure de la journée, si ce sont les vacances ou pas : ce sera le même prix !

CFF 2 ; SNCF 0.

Fréquence et horaires

Vous avez votre billet, maintenant vous attendez votre train. Avec la SNCF, vous risquez d’attendre… longtemps. C’est courant d’avoir un train toutes les 2h sur une destination. En Suisse, ça ne sera jamais plus de 30 minutes. Vous avez bien lu : jamais plus de trente minutes. Certes sauf la nuit…

Vous allez dans une petite ville desservie, tard le soir en fin de semaine ? Si vous êtes en Suisse, les CFF seront là. Si vous êtes en France…

Ce point est essentiel. On s’étonne que les gens utilisent encore leur voiture, alors qu’il y a le train. Mais justement, le train, il est là à l’aller, le matin, mais pas au retour, le soir ! Alors comme vous savez que vous n’aurez pas de train pour votre retour, vous prenez votre auto.

Exemple, Strasbourg-Saverne. 25min en train. Beaucoup de Savernois travaillent à Strasbourg. Alors le lundi matin, vous avez 3 trains au départ entre 7 et 8h. Correct. En fin d’après-midi vous en avez également régulièrement… Après 19h47… le prochain est à 22h25 ! Et après ? Après, c’est le lendemain matin. Ah et le samedi… Une bonne journée de magasinage, et puis un resto pour finir. Le resto ? Non, pas de resto, le dernier train est à 20h39 ! Pourquoi la SNCF propose-t-elle des horaires de train aussi minables ? Nous y reviendrons.

CFF 1 ; SNCF 0

Les retards

Vous n’êtes pas encore dans le train, car il y a du retard. Là, on pourrait vous sortir de belles statistiques : la SNCF est plus à l’heure que les CFF. Or c’est faux, archi-faux ! Car leur définition du retard n’est pas la même. Il faut plus de minutes de retard en France qu’en Suisse pour être comptabilisé comme train en retard.

D’ailleurs, j’en profite pour vous faire remarquer l’insupportable astuce de la SNCF pour vous convaincre que leurs trains sont à l’heure : les panneaux d’affichage des horaires ! À l’heure du train, ça clignote : heure de départ/«à l’heure». Oui c’est hyper pratique pour regarder les horaires des prochaines destinations.

Dans le train

Vous voilà dans le train ! Globalement il n’y a pas vraiment de quoi se plaindre. Cela étant dit, je préfère les vieux trains SNCF que les nouveaux TER (niveau confort). Enfin, notons que le design intérieur des TGV n’arrête pas de changer et, pour ma part, c’est à chaque fois une déception. Esthétique douteuse, couleurs également, on se cogne, ce n’est pas confortable, c’est mal pensé. Cherchez donc la poubelle ! Je préfère de loin le ICE de la DB. Classique, sobre, classe et fonctionnel. Et un design d’une constance remarquable.

Ah mais j’oubliais, si vous êtes dans un train SNCF et que vous avez oublié de composter… vous aurez une amende ! À moins d’apostropher le contrôleur quand il passe, d’expliquer que vous avez failli louper le train qui ne part que toutes les 2h et qu’il n’y a pas de petite borne jaune SUR le quai. Aussi, dans les TGV, il faut réserver sa place. Oui oui, la SNCF a réussi le tour de force à faire du voyage en train une expérience presque aussi compliquée que le voyage en avion ! Alors que cela devrait être aussi simple que le bus. Avec les iDTGV, vous êtes même filtré sur le quai ! Des idées d’avance à la SNCF, on vous le dit !

Pourquoi ?

Pourquoi cette variabilité des prix, cette fréquence minable le soir et en fin de semaine, la réservation obligatoire, la multiplication des cartes et abonnement ? Pourquoi la SNCF ne fait-elle pas comme les CFF : prix fixe, grille tarifaire simple, horaire fixe, haute fréquence.

C’est très simple. La SNCF veut faire plier le consommateur pour qu’il s’adapte à ses contraintes à elle ! L’objectif de la SNCF est limpide : lisser le trafic. Aux heures de pointes, ils augmentent le prix du billet. La SNCF bénéficie également énormément de son avantage monopolistique (transport aérien anémique sur les destinations régionales, accord de la SNCF requis pour des lignes de bus). Pour pallier son offre désastreuse et son manque de fiabilité, la SNCF a cependant trouvé la parade : elle communique avec des slogans creux. «Des idées d’avance» (ah ah), «à nous de vous faire aimer le train» (ah oui ?)…

À l’inverse, les CFF visent l’excellence, laissent la communication de côté et se concentrent sur les services offerts à sa clientèle exigeante. Les CFF s’adaptent aux contraintes des voyageurs et n’exigent pas l’inverse. Bien sûr cela pourrait être mieux. Tout comme il y a pire que la SNCF…

Bien entendu, on me rétorquera que la Suisse est un petit pays, densément peuplé… Certes, mais alors pourquoi la SNCF n’est-elle pas capable de fournir un service aussi bon dans les régions plus densément peuplées ? En réalité il n’y a pas de contre-argument réellement valable pour justifier une telle différence de qualité, bien qu’elle s’explique. La culture des deux entreprises est radicalement différente, elles optent pour deux stratégies totalement divergentes et l’expérience proposée au client est donc diamétralement opposée. On le sent, la SNCF est pensée par des hauts-fonctionnaires qui ne sont pas aux prises avec la réalité (s’ils voyagent en train, c’est sans passer par le guichet…).

La Suisse est à bien des égards un excellent modèle pour la France et l’Union européenne.

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