Faut-il couper les banques françaises en deux ?

Publié le 11 septembre 2013 par Edelit @TransacEDHEC

Un certain consensus sur une séparation

Si la crise financière de 2008 a suffi à convaincre les Etats-Unis d’adopter une loi séparant la banque de détail de la banque d’investissement, il aura fallu attendre 2012 et le scandale du Libor pour obtenir une véritable réaction des Européens, Royaume-Uni en tête. Mais désormais tout le monde semble être d’accord sur la nécessité de rendre les banques moins grosses et moins risquées pour l’économie mondiale, comme cela avait été fait en 1933 suite à la crise boursière d’octobre 1929. Cette dernière avait montré les effets désastreux de l’utilisation de l’épargne des déposants à des fins spéculatives, puisqu’à la suite de pertes historiques sur le marché boursier de la part des banques, une crise de confiance s’est installée et les épargnants ont souhaité récupérer leur argent. Ceci a provoqué une crise de liquidité et la plus grande crise économique de l’histoire. Aujourd’hui la réglementation des accords de Bâle limite ce genre de risque systémique mais pour beaucoup ce n’est pas suffisant. En effet le concept de banque universelle soulève de nombreux problèmes.

Les avantages d’un divorce entre les deux activités

Selon la Fédération bancaire française, le modèle de banque universelle est plus protecteur car diversifié. Mais en réalité, ce type de banque mélange une activité de nature très volatile, la banque d’investissement, et une autre plutôt stable, la banque de détail. La volatilité de la première devient inévitablement contagieuse, surtout en cas de grave crise comme en 2008. Les pertes les plus impressionnantes dans ce secteur en Europe concernent d’ailleurs les « banques à tout faire » comme Fortis et la Royal Bank of Scotland avec respectivement 28 et 27 milliards d’euros de pertes pour 2008. Les pertes boursières provoquées par les activités spéculatives se sont aussi répercutés (ées ?) sur la banque commerciale et une séparation pourrait rétablir la vraie valeur boursière de chacun. Quant aux clients des banques, ils verraient leurs dépôts plus sûrs et ne pourraient plus être victimes d’éventuels conflits, par exemple lorsque la banque de détail fait la promotion de produits financiers dont la banque d’investissement cherche à se débarrasser.

Quelle séparation mettre en œuvre ?

Si le projet du président devait voir le jour, trois possibilités s’offrent à lui. Il peut tout d’abord s’inspirer de la voie suivie par les Etats-Unis, à savoir la règle Volcker. Celle-ci consiste en une interdiction du trading pour compte propre. Les banques n’ont plus la possibilité d’être actionnaires ou sponsors de hedge funds. Une autre alternative est celle choisie par le Royaume-Uni à travers le plan Vickers. Il s’agit d’un simple cloisonnement des activités de détail qui restent dans le même groupe que les autres activités. En contrepartie ces activités de détail font l’objet d’exigences accrues en termes de solidité financière. Le dernier choix correspond au Glass Steagal Act original, à savoir la pure et entière séparation entre les dépôts et la spéculation. Autrement dit les banques doivent choisir entre la banque d’investissement et banque de détail, sans même avoir la possibilité de filialiser.

Quelle que soit la solution adoptée par le gouvernement, il faudra qu’il trouve un équilibre entre d’une part limiter le risque systémique et d’autre part conserver la capacité des banques à contribuer efficacement au financement de l’économie. Ce dernier dépendra d’ailleurs bien plus d’une réorientation de l’épargne et d’une ouverture de la bourse aux entreprises moyennes que d’une quelconque réforme bancaire.

FA